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sortir de son monde – #bookcamp3

Ce qui fait que j’aime venir au Bookcamp, c’est aussi ce pour quoi j’aime la littérature. Ce que j’aime, c’est sortir de mon monde. Ce qui me plaît au Bookcamp, par exemple, c’est que l’assistance de l’atelier intitulé «  et on donne à manger quoi ?  » animé par François Bon, Xavier Cazin et Julien Boulnois est composée d’un grand nombre de bibliothécaires, et que leurs questions, leurs réactions, me montrent des facettes d’un métier que je ne connaissais pas. C’est qu’en écoutant Hadrien expliquer OPDS, je comprends (un peu) mieux de quoi il retourne, suffisamment pour avoir envie d’essayer d’aller plus loin, et de creuser l’affaire une fois rentrée chez moi.

C’est ça, le Bookcamp. C’est aussi retrouver ceux avec qui s’est tissée une amitié, au fil des événements de ce type et des commentaires croisés sur les blogs.

C’est prendre des notes directement sur Twitter – avec le hashtag #bookcamp3 – jusqu’à ce que la batterie de l’iPhone déclare forfait.

C’est l’horrible obligation de devoir choisir parmi les ateliers qui se déroulent en même temps, et de devoir rater trois fois de suite les trois autres.

Sortir de son monde pour en inventer un, vaste, commun, multiple, ouvert. Un monde de circulation des œuvres numériques qui peine et qui tarde à se stabiliser. Un monde suffisamment complexe pour qu’on doive s’attarder encore à ce qui devrait dans quelque temps en constituer le soubassement,  avant de pouvoir  l’habiter tout simplement, avec nos lectures-écritures, nos idées-images, nos phrases-flux, nos solitudes-rencontres.

Merci à Hubert, Silvère, Lionel, Clément qui organisaient.

Changer nos façons de travailler (2)

Tout semble indiquer aujourd’hui que la lecture de livres numériques est progressivement en train de gagner en popularité, de sortir du cercle des early adopters et de se développer. Cela s’observe principalement aux USA, (bien qu’il semble que la Chine ne soit pas en reste), mais concernera également l’Europe rapidement. Un exemple parmi d’autres, assez frappant, cité par Mediabistro / Galleycat

«  La romancière Laura Lippman a vendu 4 973 livres numériques et 4 000 livres en version imprimée grand format de «  I’d Know You Anywhere  » depuis que ce nouveau thriller a été mis en vente le 17 août.

Le Wall Street Journal a parlé au vice-présiedent d’HarperCollins Frank Albanesa de cet événement. Il explique : «  C’est le premier de nos livres importants qui se vend plus en version numérique qu’en grand format imprimé la première semaine… Ce que nous observons aujourd’hui c’est que si un livre obtient de bonnes critiques, l’accélération est plus rapide du côté des achats en numérique que du côté des achats de livres physiques, parce que les gens qui possèdent une liseuse ou une tablette peuvent acheter et se mettre à lire immédiatement.  » «  

Les choses s’accélèrent bel et bien, et il est loin le temps où l’édition électronique semblait ne concerner que certains types de livres, et où l’on pouvait affirmer que jamais rien ne rivaliserait, pour la lecture immersive, avec le livre imprimé.

Les choses s’accélèrent, et la nécessité de changer nos façons de travailler devient une nécessité urgente : il faut non seulement changer, mais il faut changer vite. Pas simplement gérer une évolution progressive, faire évoluer doucement les modes de production, introduire ça et là des modifications, commencer timidement à imaginer de nouveaux modèles économiques, encourager des tests sporadiques. Non. Il y a, il va y avoir, très vite, disruption. C’est peut-être une bonne nouvelle : il est plus difficile de convaincre des professionnels d’intégrer de nouvelles pratiques lorsque la perspective est floue. Comment être bien accueilli en disant : «  Il va falloir que chacun fasse l’effort de particpier à la mise en place d’une filière supplémentaire de production, afin de rendre disponibles chacun des livres que nous produisons à la fois en version imprimée et en version papier. Ce sera difficile, chronophage, cela coûtera cher, et cela ne rapportera pratiquement rien.  »
Si  on vend seulement quelques dizaines de livres numériques, il est évident que quel que soit ce qui se raconte un peu partout sur le coût du livre numérique, le fait d’alimenter, parallèlement à la filière livre imprimée, une filière numérique, ne peut que venir plomber les résultats, chaque livre numérique vendu étant un facteur de coût et non l’inverse. Difficile de susciter l’enthousiasme général dans pareil contexte.

Nous n’en sommes pas, cependant, en France, au même stade que les Américians. Il y a plusieurs raisons à cela, qui devraient devenir caduques assez rapidement :

- Le parc de terminaux de lecture demeure faible.
Même si le PC est très répandu, et que c’est un terminal de lecture privilégié pour quantité de lectures, ce n’est pas sur Pc que nous lirons des romans ou des essais. On ne connaît pas exactement le nombre de liseuses et d’iPad en circulation, mais en croisant des chiffres concernant les ventes de liseuses et les ventes d’iPad, on arrive à quelques dizaines de milliers, ce qui est largement insuffisant pour constituer un marché.

- Aucune liseuse disponible actuellement sur le marché ne dispose d’un accès direct en 3G ou Wifi à des librairies en ligne.
Et on a bien vu, aux Etats-Unis, que c’est cette disponibilité qui a permis le décollage des usages. Le fait de devoir passer par son PC pour alimenter sa liseuse est fastidieux, et supprime l’achat d’impulsion.

- Le catalogue de livres disponibles en numérique demeure restreint
Même s’il s’enrichit chaque jour de nouveaux titres, même si de nombreux éditeurs se sont mis à publier simultannément leurs nouveautés en version imprimée et numérique, même si d’autres ont opté pour une publication nativement numérique, le choix est encore beaucoup trop limité, et il est absolument impératif que ce choix s’accroisse considérablement, pour satisfaire la diversité des lecteurs : que des éditeurs de plus en plus nombreux s’y mettent, tant en ce qui concerne les nouveautés que le fonds qui reste encore largement à numériser.

- Une diversité de canaux de diffusion est nécessaire, qui se met en place progressivement.
Les libraires ont un rôle actif à jouer dans le numérique, certains le font déjà ( Aldus tient une liste à jour ici ), apportant leur savoir-faire, leur talent de prescripteurs, pour faire en sorte que les livres ne soient pas de simples produits d’appel, mais bel et bien soutenus et défendus par des professionnels pour lesquels ils représentent le cœur de leur activité. On attend aussi l’ouverture prochaine du site des libraires, 1001libraires.com, qui offrira la possibilité aux librairies adhérents d’ouvrir un site vitrine ou un site de e-commerce, et intégrera la vente de livres numériques

Avec des liseuses connectées, des appareils (liseuses et tablettes type iPad) vendus en plus grand nombre, la multiplication des points de vente, une offre plus riche, devrait pouvoir être levé à très court terme l’un des principaux freins au changement : l’absence de toute perspective économique, qui rend difficile la motivation.  Et c’est tant mieux, car le tournant 2010 – 2011 s’annonce assez sportif, non ?

Tout sur le « jisui »

Alors que j’emploie l’un de mes derniers jours de vacances à essayer de faire un peu de place dans ma cave, je cherche sur le web pendant combien de temps il est obligatoire de conserver certains papiers, et je m’aperçois que je vais pouvoir en  jeter pas mal, la plupart des papiers que j’hésitais à jeter peuvent l’être au bout de 5 ans, et beaucoup d’autres au bout de 2 ou 3 ans. J’ai conservé par flemme un tas de vieux papiers administratifs, dont certains sont encore en francs… Allez ouste !
Mais les livres ? Les livres que j’ai mis en punition dans ma cave, non  parce que je ne les aimais plus, ni voulais m’en séparer, mais parce que d’autres livres arrivaient, et que je n’ai pas la chance de disposer de linéaires de bibliothèque extensibles à l’infini… Je me résouds à me séparer de quelques uns, des mauvais romans (erreurs vite regrettées, reliures intactes ), des livres obsolètes (sur les technologies de l’information, l’obsolescence vient vite…). Mais les autres ? Je me contente de les feuilleter, de chercher un instant sur quel petit pan de mur oublié de mon appartement je pourrais installer des étagères, puis de de refermer les cartons, allégés de «  introduciton à HTML4″ et «  maîtriser photoshop 2″. Un instant, l’idée m’effleure que j’aimerais pouvoir numériser d’un coup tous ces cartons, avant de m’en débarasser. Garder ces livres, sans leur matérialité pour laquelle je n’ai pas de place.

Et je tombe ce soir sur un twitt de Peter Brantley, repris par Tim O’Reilly :

J’apprends en lisant cet article du Mainichi Daily News que «  jisui  », ça veut dire à peu près «  nourriture cuisiné par soi-même  ». C’est ainsi que l’on désigne une pratique qui se développe actuellement au Japon et qui consiste à numériser chacun ses propres livres. Pas aussi aisée à première vue que celle qui consiste à «  ripper  » ses CD pour pouvoir les écouter sur son iPod… Mais le fait est là : les ventes de scanners ont augmenté sensiblement, et ceux-ci permettent aujourd’hui de numériser en un seul passage le recto et le verso d’une page. Le livre doit être coupé au préalable, et les ventes de massicots augmentent également, pour faire ce que l’on nomme de la «  numérisation destructvie  » – qui détruit l’original. Mais vaut-il mieux un original intact enfoui dans un carton dans une cave qu’un original détruit qui demeure accessible à la lecture ?

L’une des raisons du «  jisui  », c’est que beaucoup de livres au Japon (comme ici) ne disposent pas encore d’une version numérique, et que ceux qui ont adopté la lecture électronique veulent pouvoir lire leurs livres de cette manière. Le manque de place pour stocker les livres peut également être une explication.

«  PFU, qui appartient au groupe Fijitsu, a indiqué que ses ventes de scanners en Juin représentaient le double de celles enregistrées les mois préédents. Et le principal revendeur en ligne Amazon a également vu les commandes de scanners et de massicots doubler d’avril à juin. Entre-temps, le revendeur Yodobashi Camera a installé dans son magasin de Shinjuku Nishiguchi un stand permettant de montrer à ses clients comment procéder à la «  numérisation maison  ».  »

Il est fort probable qu’une fois numérisés, de manière légale – il s’agit de copie privée – nombre de ces livres sont aussi partagés en ligne. Mais ce n’est pas apparemment l’objectif premier des adeptes du «  jisui  » : il s’agit bien de convenance personnelle. Ces gens sont passés à la lecture sur teminal électronique, et veulent pouvoir accéder aussi bien aux livres qu’ils possédaient déjà qu’à ceux qu’ils vont acquérir directement au format numérique.

Il y a là aussi une sorte de paradoxe : ces livres gardés dans des cartons, auxquels je n’accède pas facilement, je suis cependant en mesure de les retrouver. J’ouvre le carton, je prends le livre, je les feuillette, je peux décider d’en relire quelques uns. Mais les livres que j’achète aujourd’hui en version numérique, qu’en sera-t-il dans 10 ou 20 ans ? Est-ce que j’aurai toujours accès à ces fichiers ? Est-ce que les machines qui existeront alors me permettront de les lire ?

Les amoureux du livre, ceux qui parlent de l’odeur de l’encre et du papier ( pour qui j’ai le plus grand respect ) frémiront : certains lecteurs aiment tellement leurs livres, qu’ils sacrifient sans hésiter leurs exemplaires papier pour pouvoir les lire de la manière qui leur plaît. Times they are a changin’ !

The Mongoliad : un monde fictif virtuel partagé massivement multi-lecteurs

mongoliad_w150Mardi 25 mai était dévoilée à San Francisco la version alpha du premier projet de  Subutaï Corporation, une équipe qui regroupe des écrivains, des développeurs, des game-designers et des directeurs artistiques.

Il y a longtemps, depuis la lointaine époque du cédérom, que j’ai l’intuition que c’est via un rapprochement entre les auteurs de l’écrit et le monde du jeu (développeurs, game designers, directeurs artistiques, réalisateurs ) que s’inventeront probablement de nouvelles formes narratives sachant tirer parti des hybridations que les technologies informatiques autorisent, ce que l’on appelait dans les années 90 le multimédia interactif.

La composition de l’équipe de Subutaï Corporation en est l’illustration : les auteurs, issus de l’univers de la SF, de la mouvance post-cyberpunk,  s’entourent de professionnels qui pourraient figurer dans un roman de Douglas Coupland,  l’un architecte de plateformes de jeux massivement multijoueurs, l’autre spécialiste des textures, tous familiers de la 3D et de l’univers du jeu.

Voici comment Subutaï présente son projet, dans un mail adressé à ceux qui se sont inscrits pour la version alpha sur son site :

«  Au centre du dispositif, une aventure médiévale contée par Neal Stephenson, Greg Bear, Nicole Gallan, Mark Teppo et d’autres auteurs renommés, qui se situe à une époque où l’Europe pensait que les hordes mongoles étaient sur le point de détruire son monde, et où une petite bande de mystiques et de combattants essaient de détourner le cours de l’histoire.

Nous avons travaillé de manière avec des artistes, des chorégraphes de combats et d’autres spécialistes des arts martiaux, des programmeurs, des réalisateurs, des game designers, et pas mal d’autres gens pour produire un flux constant de contenu non textuel, para et extra narratif, dont nous pensons qu’il donnera vie à l’histoire d’une manière inédite, et qui ne pourrait pas être envisagée sur un média unique.

Très prochainement, lorsque The Mongoliad contiendra une une masse suffisante de récits et de contenu, nous demanderons aux fans de nous rejoindre pour créer le reste du monde et créer de nouvelles histoires dans celui-ci. C’est là que débutera la partie réellement expérimentale du projet. Nous sommes en train de développer des technologies vraiment «  cool  » pour rendre cela facile et amusant, et nous espérons qu’un grand nombre d’entre vous les utiliseront.

Les gens pourront accéder à The Mongoliad sur le web et via des applcations pour mobile. Nous allons commencer avec l’iPad, l’iPhone, les terminaux sous Androïd, des applis Kindle, et nous ferons probablement plus encore dans un futur proche.  »

Cory Doctorow signale le projet sur boing-boing en ces termes :

«  Il  y a déjà eu quelques expériences notables de mondes partagés en ligne, du vénérable alt.cyberpunk.chatsubo à l’actuel Shadow Unit. Mais on dirait vraiment que ces types de the Mongoliad sont sur le point de charger encore la barque, et de pousser le concept plus loin que personne d’autre auparavant, et qu’ils le font d’une manière que seul le web autorise, impossible à traduire sur le papier.

J’ai vu une démo de The Mongoliad l’autre soir et c’était vraiment très excitant. Il n’y a pas encore grand chose d’accessible au public pour le moment, mais je vous tiendrai au courant.  »

Moi aussi, j’essaierai de vous tenir au courant.

(Via Peter Brantley )

Un ciel normand

Dan Clancy, directeur de l’ingénierie chez Google, nous donne la vision de Google du futur du livre,  dans cette intervention donnée au Musée de l’histoire des ordinateurs à Mountain View. À  ceux qui s’inquiètent du rôle que pourront jouer les libraires dans un monde où va se développer progressivement le «  cloud publishing  », Dan Clancy envoie un signal qui se veut rassurant :

«  Mais aujourd’hui, les librairies physiques sont une part essentielle de l’écosystème du livre. Et en fait un nombre important de livres sont achetés parce que des gens vont dans des librairies physiques et disent «  hé, je veux celui-ci, je veux celui-là.  »

Et je pense que c’est une erreur de penser qu’à l’avenir, numérique signifiera «  en ligne  » et «  physique  » voudra dire «  off line  ». Parce que s’il advenait que 10% des livres passent au numérique, ce serait vraiment dur pour tous les libraires de maintenir leur modèle économique.

Une partie de notre modèle consiste à imaginer comment nous allons syndiquer à nos partenaires tous les livres récents que nous vendons,  de sorte que chaque libraire puisse vendre une édition Google et trouve un moyen pour que les gens puissent les acheter dans leur librairie «  brick and mortar  ».

Et en définitive, notre projet c’est que vous soyez en mesure de lire sur n’importe quel terminal. Notre projet c’est : quelques uns liront leurs livres sur un ordinateur portable, quelques uns les liront sur un netbook, et d’autres liront sur leur liseuse. Et nous allons travailler avec tout fabricant de liseuse qui veut faire en sorte de pouvoir recevoir ses livres du nuage de Google.

Ainsi, avec ces principes concernant un monde futur, nous sommes en train de construire un monde où il y aura de nombreux acteurs qui revendront des livres, lus sur toutes sortes de terminaux, mais cela sera encore hébergé dans le nuage. Et lorsque nous discutons avec des éditeurs et des libraires, je pense que c’est le bon modèle, parce que nous essayons de faire ce qui devrait être un modèle ouverrt qui encourage la concurence.

Autant de pierres jetées dans les jardins d’Apple et d’Amazon, qui mènent une stratégie bien différente, cherchant chacun à capturer des clients et à les retenir en leur proposant des solutions intégrées et propriétaires. Côté Amazon, une librairie numérique qui compte aujourd’hui plus de 300 000 titres, et une gamme de Kindle, seules liseuses capables de lire ces fichiers.  Côté Apple,  pas encore pour le livre de modèle équivalent à celui du couplage «  iTunes – iPod  » pour la musique. Il y a bien quelques livres dans l’App Store, mais le gros des catalogues est accessible via des applications comme Stanza, (créée par Lexcycle, racheté par Amazon…), qui proposent un accès direct aux livres numériques sans passer par l’App Store. Cependant les supputations vont bon train concernant la tablette Apple, qui devrait sortir à l’automne, et les projets d’Apple autour du livre numérique qui pourraient lui être associés. Et, pendant qu’Amazon nous fait prendre conscience à chacun, à travers un lamentable épisode orwellien, de la fragilité de ce que nous considèrions à tort comme nos «  possessions  » numériques, Google fait ami – ami avec les libraires, et tente de banaliser l’idée d’une forme de cloud-publishing respectant l’écosystème du livre, et en particulier ses acteurs probablement les plus vulnérables, les libraires.

Dan Clancy décrit un univers du livre numérique servi par un seul nuage,  celui de Google. De nombreux revendeurs, et des terminaux variés, certes, mais qui tous s’approvisionnent auprès du gros nuage de Google. Et si les éditeurs souhaitaient héberger eux-mêmes leurs contenus ? Et s’ils voulaient bien du «  cloud publishing  », mais à condition que la concurrence ne se limite pas aux revendeurs, mais qu’elle s’applique aussi à l’hébergement et à la distribution des livres numériques ?  Non pas un seul gros nuage, mais plein de petits nuages, comme ceux d’un ciel normand.

Barnes & Nobles : une offre numérique « device agnostic » ? Il faut le dire vite.

barnesBarnes & Noble vient d’ouvrir sa librairie numérique en ligne. La principale chaîne de librairie américaine (770 librairies dans 50 états…) vient rivaliser ainsi avec Amazon pour la vente des livres numériques.

Son offre est proche de celle d’Amazon sur plusieurs points  : le prix auquel sont proposés les titres les plus demandés  – 9,99 $. Par ailleurs, le modèle intégré  format propiétaire / e-librairie.  La home pourrait nous induire en erreur, qui met en avant, via une série de photos qui défiilent, différents terminaux associés à des contextes de lecture distincts. Sur 4 photos, 3 représentent des personnes de sexe féminin : une jeune femme avec sa fille, qui utilisent un iPhone, une étudiante avec un Mac,  une dame âgée un PC sur les genoux, et une seule représente un jeune homme, qui utilise, lui,  un Blackberry (un truc pro, un truc de mec le Blackberry… Les femmes, elles, elles  vont à la fac avec leur Mac pour essayer de rencontrer un futur possesseur de Blackberry, l’épouser, avoir une petite fille et lui raconter des histoires qu’elles liront sur leur iPhone. Plus tard, quand la petite fille sera partie chercher un mari à la fac, elles iront se reposer au bord de la mer, leur PC sur les genoux. #quartdheurefeministe )

barnesdetail1Les livres numériques de chez Barnes & Noble fonctionnent «  avec le eReader que vous possédez déjà…  » (enfin, sauf si vous possédez une liseuse Kindle, Sony ou Bookeen…)  Ce terminal de lecture, ce doit être en réalité soit un iPhone, soit un Blackberry, soit un ordinateur Windows ou Mac.  Mais l’annonce a été faite que très prochainement, Barnes & Noble allait devenir le revendeur exclusif de la liseuse annoncée par Plastic Logic pour la fin de l’année.

Annonçant 700 000 titres numérisés (parmi lesquels il faut compter
500 000 livres issus du domaine public, et mis à disposition par Google), Barnes & Noble peut revendiquer l’offre numérique la plus vaste jamais rassemblée sur un seul site.

La plupart des titres que Barnes & Noble a trouvés dans le panier de la mariée FictionWise sont au format eReader. Ce format est bien connu des adeptes précoces de la lecture électronique : développé initialement sous le nom de PeanutPress, il a été acheté par Palm et renommé Palm Digital Media, avant de l’être par eReader, absorbé ensuite par FictionWise.  Le logiciel de lecture eReader, qualifié de «  device agnostic  », permet un accès avec ou sans fil à la boutique en ligne de Barnes & Noble. Cette application est compatible avec un très grand nombre de terminaux incluant les smartphones leaders du marché (iPhone et Blackberry), ainsi que les ordinateurs Windows et Mac. «  Device agnostic  » ? Hum…   Cela veut dire simplement que le logiciel  eReader de FictionWise a été porté sur un grand nombre de plateformes. Mais il n’est nulle part mention d’une quelconque liseuse (possesseurs de Kindle, de Sony ou de Bookeen passez votre chemin. ) «  interopérable  » ? Non, vraiment pas. Et pas mal sexiste, leur promo, quand même…

Attention, prospective

C’est en anglais. Ça parle uniquement du contexte de l’édition au États-Unis, différent du contexte européen. À lire quand même : attention, prospective : ça secoue.  Ce sont les slides de la présentation de Mike Shatzkin à la «  Book Expo America  ».  Vidéo et script de l’intervention sur son site.


Stay Ahead Of The Shift

«  Lundi, nous avertit Mike, la vidéo sera remplacée par un lien (que j’ajouterai alors ) vers le texte de l’intervention sur la nouvelle plateorme d’annotation de nos clients, SharedBook. La plateforme permettra de saisir des commentaires par section, et ceci constituera une expérimentation pour Sharedbook et pour nous. Nous espérons que vous serez nombreux à commenter.  »

Scribd, le « YouTube du livre », ouvre une partie payante

Sur Twitter ce matin :

@adamhodgkin «  RT @naypinya : scribd launches ecommerce platform for publishing ;  : – http://bit.ly/wB7tE publishers get 80% of revenue  »

A bloguer en urgence !

Le site de partage de documents en ligne Scribd va commencer aujourd’hui à tester une plateforme de commerce électronique (Scribd Store). Sur Scribd,  les utilisateurs ont la possibilité de charger et de partager tout type de document écrit. Tout comme cela arrive fréquemment sur YouTube pour la vidéo, certains utilisateurs déposent parfois sur Scribd des livres protégés par le droit d’auteur, ce contre quoi Scribd s’efforce de lutter, mais qui lui vaut parmi les éditeurs la réputation de site favorisant le piratage, comme cela a été évoqué récemment dans cet article du New York Time. Scribd a déjà en vue la déclinaison de son service sur iPhone.

le site PaidContent a été hier le premier a annoncer l’ouverture de Scribd Store, qui devrait publier seulement aujourd’hui son communiqué de presse. Voici ce qu’ils écrivent : (traduction maison)

«  Les prix seront fixés par les éditeurs. Contrairement au modèle de partage de revenus en usage chez Amazon, qui peut aller jusqu’à une part de 70% de revenus prélevés pour certains fournisseurs de contenu, la nouvelle boutique Scribd permettra aux ayants droits de conserver 80%  des revenus provenant de l’achat de leurs œuvres, a déclaré Tammy Nam, Vice Présidente de Scribd chargé du contenu et du marketing, dans une interview avec paidContent. Les auteurs et les éditeurs, dans la boutique Scribd pourront fixer eux-mêmes leurs prix et choisir leurs options de DRM. Actuellement, les prix vont de 1$ pour un « graphic novel panel » à 5000$ pour un rapport de recherche détaillé sur le marché chinois. »

« Beaucoup d’œuvres vont êtres mises en ligne, alors nous souhaitons abaisser les barrières » ajoute Nam à propos du raisonnement qui a présidé à cette politique de prix et de DRM. « Notre objectif principal est d’ajouter du contenu au site. Nous pensons que cela sera un peu comme eBay, sous de nombreux aspects, où vous trouvez un mélange de contenu fourni par des vendeurs amateurs et par des professionnels. Mais surtout, en tant que site fréquenté chaque mois par 60 millions de lecteurs, nous croyons qu’il y a une superbe « longue traîne » de contenu non professionnel. »

‘L’introduction de la boutique Scribd et son système de DRM à la demande ne va pas nécessairement faire cesser le plagiat et les violations du copyright. Mais en donnant aux auteurs et aux éditeurs une chance de gagner de l’argent sur son site, Scribd espère que les critiques vont s’atténuer. Séparément, Scribd maintient une « base de données de copyrights » des œuvres protégées, et fait son possible pour lutter contre les usages non autorisés. Chaque œuvre chargée sur la boutique Scribd sera automatiquement ajoutée à cette base de données, qui couvre aussi la partie gratuite du site. Par exemple, le site communautaire et éditeur de guide de voyages Lonely Planet  va commencer à vendre des chapitres à partir de 2,50$  et 12,50$. «  

C’est une annonce très importante : Scribd est un site particulièrement bien fait, qui touche une audience très large. Savoir dans quelle mesure et dans quelles proportions ses utilisateurs vont accepter de passer, pour accéder à des œuvres protégées, à un modèle payant sera tout à fait crucial pour la détermination de modèles économiques dans l’édition numérique. Le modèle de Scribd qui permet à la fois la consultation en ligne et le téléchargement en fait un concurrent aussi bien d’Amazon que du futur Google Recherche de Livres (si le règlement est approuvé). On peut se réjouir de l’arrivée d’un acteur significatif alors que la rivalité Google / Amazon risque de s’accentuer pour la domination de l’accès aux contenus et celle du commerce du livre numérique.

Qu’en pensez-vous ? ( Les commentaires de plus de 140 caractères sont acceptés, allez, lâchez un peu Twitter et revenez sur les blogs ! )

Bloomsbury : une offre en ligne à destination des bibliothèques

Je l’apprends sur le fil twitter d’Adam Hodgkin, et le premier à publier un billet à ce sujet  est The Bookseller.com : L’éditeur britannique Bloomsbury va ouvrir le 4 mai une offre en ligne à destination des bibliothèques, par l’intermédiaire de la plateforme Exact Editions.  The Bookseller.com détaille : (traduction maison)

Bloomsbury est sur le point de proposer un accès à une sélection de ses titres aux usagers des bibliothèques via la plateforme Exact Editions. Bloomsbury déclare que cette initiative unique, abordable et user-friendly répond aux besoin des bibliothèques qui sont aujourd’hui dans la nécessité d’atteindre une audience plus large avec des budgets plus minces.

La Bibliothèqe en ligne Bloomsbury va ouvrir le 4 mai avec 10 à 12 titres constituant un « bouquet » parmi lesquels The Suspicions of Mr Whicher, de Kate Summerscale (Galaxy Book of the Year), Burnt Shadows, de Kamila Shamsie (sélectionné pour le Orange Prize), The Guernsey Literary et Potato Peel Pie Society, (deux succès dus au bouche-à-oreille) de Mary Ann Shaffer, et le bestseller international The Death of Vishnu par Manil Suri.

Les bibliothèques pourront s’abonner à des « étagères individuelles » incluant ce bouquet, une étagère jeunesse, une étagère sports, une étagère dédiée à Shakespeare, et une étagère de référence. Les bibliothèques paieront un abonnement de 100£ pour 100 000 utilisateursn avec un abonnement minimum de 250 £. Les livres seront consultables depuis le site web de the Exact Editions.

Richard Charkin, directeur éxécutif de Bloomsbury déclare : « Les bibliothèques sont extrêmements importantes pour les lecteurs, les communautés et les auteurs, et sont soumises à des contraintes financières très dures. Sans jamais oublier l’importance des livres eux-mêmes, elles doivent impérativement s’adapter aux demandes du 21ème siècle : combattre la fracture numérique, apporter un service à des communautés multiculturelles, attirer de nouveaux utilisateurs et atteindre les foyers. La Bibliothèque en ligne Bloomsbury a pour vocation de combler un vide, et, nous l’espérons, de montrer la voie à développements similaires dans le monde des bibliothèques.

Jusqu’à présent les offres numériques de consultation en ligne destinées aux bibliothèques étaient plutôt le fait d’éditeurs universitaires, scientifiques, techniques, juridiques, à l’exception notable de l’éditeur 100% numérique français publie.net, qui propose aux bibliothèques des abonnements à ses collections de littérature contemporaine

En France, plusieurs offres de livres numériques en accès en ligne comme en téléchargement existent pour les bibliothèques. Numilog a une offre qui en quelque sorte reconstitue pour le livre numérique les conditions de prêt du livre papier (avec une notion de «  réservation  »). (Voir  le fonctionnement «  côté usagers  », détaillé sur le site de la bibliothèque de Reims.) Publie.net propose également une offre aux bibliothèques, pour la littérature contemporaine, offre détaillée ici.

S’il en existe d’autres, qu’elle se signalent en commentaire, et merci à Guillaume pour ses précisions en commentaire, qui m’ont permis de modifier la fin de ce billet.

Détournement de tags

Comment s’y retrouver parmi un grand nombre d’informations, trouver celles que l’on cherche, correctement  ranger et classer celles que l’on produit ?

(Ceux qui savent ce qu’est un tag, vous pouvez sauter les quatre paragraphes suivant.)

La question n’a pas attendu internet pour se poser. Elle se pose assez rapidement dès que l’on dispose d’une quantité de choses qui dépasse un nombre finalement assez réduit. Prenez simplement le disque dur de votre ordinateur. Un utilisateur novice stocke volontiers dans un premier temps ses fichiers sur le bureau. Il a le sentiment que c’est là qu’ils seront le plus accessibles, le plus «  à portée de main  ». Et il a raison. Tant qu’il règne sur une vingtaine de fichiers. Il peut les retrouver ainsi. Il les a à portée de la main. Mais très vite, l’écran du bureau est entièrement saturé d’icônes, et il faut bien trouver un autre moyen. Alors se pose la question du classement. On apprend qu’on peut mettre les fichiers dans un dossier. On est dans une  analogie avec le monde des atomes : mettre un document dans une chemise, la chemise dans un dossier, le dossier sur une étagère. Et décider du nom du dossier, de sa place sur l’étagère. Et traiter le cas atroce des documents qui pourraient aussi bien être classés dans ce dossier que dans celui-ci. Se donner des règles. Créer un affreux dossier «  divers  », un épouvantable dossier «  à trier  ». Pire, dupliquer un document pour qu’il figure dans deux dossiers différents, et ne plus jamais penser, si on en modifie une occurrence, à modifier aussi l’autre, et avoir deux documents qui devraient être identiques et qui ne le sont plus.

Je me fais beaucoup moins de souci concernant le rangement de mon disque dur depuis que j’ai accès à un moteur de recherche qui parcourt non seulement les mots du titre de mes fichiers, mais les mots contenus dans ceux-ci. J’ai adopté un système de classement qui en vaut un autre, et, au moindre doute, j’utilise plutôt le moteur. Je n’ai pas besoin de savoir très précisément «  où  » j’ai rangé chaque document, j’ai juste besoin de savoir quels termes je dois taper dans le champ de saisie pour fournir au moteur le meilleur indice pour retrouver le fichier que je cherche.

Faute d’autres informations, un moteur de recherche utilise toutes celles que le document lui offre : son titre, le plein texte contenu dans le document, sa date de création, sa nature. Mais on peut ajouter, pour un document, de façon intentionnelle, des éléments qui ne seront destinés qu’à favoriser sa «  trouvabilité  ». On peut aussi ajouter à chaque document des étiquettes contenant de l’information sur le document lui même, sur la nature de son contenu. Ce geste de qualifier un document, de donner de l’information à son sujet dans le but d’améliorer sa capacité à être trouvé, c’est ce que l’on appelle l’indexation, lorsque le geste est réalisé dans un monde de termes plus ou moins contrôlés, et on parlera de «  tags  » (que l’on traduit par étiquette, label ou mot-clé) lorsque les termes employés pour renseigner un contenu seront librement choisis par celui qui  pose le tag. On comptera sur le fait qu’un grand nombre de personnes déposeront un tag sur un contenu pour que se dégage une hiérarchie des termes choisis pour décrire un même contenu, en fonction du nombre de fois que le terme aura été choisi par une personne pour ce faire.

Bon, pourquoi je me lance dans cette longue explication ? Elle est tout à fait  inutile pour tous ceux d’entre vous qui savent déjà tout cela – mais j’aime bien penser aussi à tous ceux qui ne le savent pas, éviter l’entre soi, et permettre à ceux qui viennent de commencer à s’intéresser à ces questions de trouver quelques repères.

Alors, pourquoi parler des tags aujourd’hui ?

Parce qu’il existe aussi des usages des tags qui vont au delà d’une simple description de contenu. Ou plutôt, un tag, cela permet d’associer à un ensemble d’informations un mot clé, rien de plus.  L’usage principal du tag, qui nous fait penser qu’il s’agit là de sa définition, a été de considérer que le mot clé donne de l’information sur l’information, de la manière la plus objective possible. Mais cette idée que le tag informe, et qu’un «  bon tag  » est celui qui va faciliter la recherche, qui va informer précisément sur le contenu d’une information, est une idée pieuse. En réalité, on peut utiliser les tags de bien des manières. La décision de la nature de la relation que le tag entretient avec l  »ensemble d’informations à laquelle on l’associe est prise par celui qui «  pose  » le tag, et il n’existe aucune «  haute autorité  » du tag. Le risque que vous prenez en taggant un ensemble  d’information de façon fantaisiste, est, si cette information est taggée par un grand nombre de gens, que votre tag passe inaperçu dans le nuage de tags, où les tags les plus utilisés apparaissent en plus grand que les autres. Si vous êtes le seul à tagger, vous induirez simplement la personne qui utilisera votre tag inadapté en erreur, et elle pourra être (mais pas forcément, car la sérendipité emprunte parfois de drôes de chemins…)  mécontente de trouver le document ainsi taggé en réponse à sa requête.

Maintenant, il est possible d’utiliser le tag de façon différente : non pour faciliter l’apparition de la portion d’information taguée en réponse à une requête portant sur le sens, mais pour créer de manière conventionnelle un lien entre des contenus divers, qui permettra de les regrouper dans un but particulier. L’exemple des hashtags dans twitter correspond à ce cas : lorsque l’on souhaite faire en sorte de créer un fil thématique dans twitter, il suffit d’ajouter un hashtag et de communiqur la signification de ce hashtag à la communauté de gens susceptibles d’être intéressés, et le tour est joué. C’est le cas de tous les hashtags concernant un événement, conférence ou autre, qui permettent de suivre tous les tweets de ceux qui publient des micro-billets en direct depuis l’événement concerné.

Un autre exemple aujourd’hui, assez spectaculaire :

Amazon permet aux visiteurs de son site de tagger les livres mis en vente sur son site. Sur la version française d’Amazon, on ne parle pas de «  tags  » mais de mots-clé. Les visiteurs peuvent ajouter des mots clés à un livre, en choisissant de voter pour des mots-clés déjà présents ou d’ajouter des mots-clés de leur choix si ceux-ci ne figurent pas déjà dans la liste existante.

Le corolaire est bien sîr qu’il est possible d’effectuer une recherche via ces mots-clé. Faites-donc une recherche sur amazon US avec le tag  «  9 99boycott  », et essayez de deviner ce que peuvent bien avoir de commun les livres qui apparaissent en réponse.

Allez, je vous aide je vous donne le lien. Et puis je vous traduis l’information sur la signification de ce tag, disponible dans une discussion, toujours sur le site amazon, associée au tag en question :

«    Le prix des livres pour le Kindle ont augmenté.
Juste aujourd’hui, j’ai trouvé un roman pour 10 $ dans la boutique Kindle – alors que la version grand format est disponible pour 9 $.
Adressons un message aux éditeurs :
Faire payer 11$ un roman en livre de poche – sans livre de poche – est ridicule.
Faire payer 18$ pour une version numérique pour un livre contenant essentiellement des photographies, qui font piètre figure sur le Kindle, est ridicule.
Faire payer 12 $ un livre sur le monde des affaires alors que nous pouvons l’obtenir chez Costco  (soldeur américain) en 2 semaines pour 9,99 $ est ridicule.
Passons à l’action !
Déposons le tag  « 9.99boycott » sur tous les livres numériques dont le prix dépasse 9,99 $ !
Il suffit d’utiliser le formulaire sotué en bas de l’écran d’une fiche ouvrage et de saisir le  tag   « 9.99boycott » (sans les guillemets) , puis de cliquer sur le bouton.
C’est facile.
J’ai déjà commencé.

Pourquoi ?

Les livres pour le Kindle sont un peu comme des tickets de cinéma. Alors que vous pouvez relire le livre, vous ne pouvez pas :
-    le donner à une bibliothèque
-    le vendre dans une librairie d’occasions
-    le vendre sur la place de marché occasion d’Amazon
-    le revendre à un ami

Et, bien sûr, le livre n’a pas de papier donc il n’a pas de coûts de production. L’éditeur ne paie pas pour le papier, la colle, l’impression, l’assurance, l’encre, l’emballage ni le transport.
Amazon n’a pas besoin de stocker dans son entrepôt,  ni de payer des équipes pour préparer les expéditions, ni de payer les envois.
Le prix doit refléter ces faits très importants.
Nous n’avons pas acheté nos Kindle,  avec la promesse d’une utilité pratique et des prix bas des livres numériques, pour être ainsi baladés avec des tactiques basées sur une offre-appât bientôt suivie de changements brutaux.  »

On pourrait s’étonner qu’Amazon laisse s’insaller sur son site une campagne de boycott de ses produits. Sauf si l’on pense qu’Amazon, comme de nombreux autres acteurs du secteur du livre numérique, ne sera pas mécontent de faire pression sur les éditeurs,  car il s’agit bien d’une adresse aux éditeurs. Des prix bas pour Amazon, c’est plus de livres numériques vendus, plus de Kindle vendus, des consommateurs satisfaits. C’est la possibilité d’un décollage plus rapide d’un marché sur lequel Amazon s’est positionné très tôt aux USA, et qu’il pourrait étendre très rapidement en Europe. C’est une l’opportunité de consolider sa position de leader ayant adopté un modèle vertical : «  je lis un livre numérique acheté sur Amazon avec mon Kindle acheté sur Amazon. Je ne lis que des livres achetés sur Amazon avec mon Kindle, , (sauf si je suis rusé) je ne lis qu’avec mon Kindle les livres achetés sur Amazon (sauf si j’ai un iPhone)  »

J’ai trouvé cette information sur le blog de Kassia Krozser, et elle est très incisive dans le commentaire qu’elle adresse aussi aux éditeurs :

«  La voix des consommateurs va devenir de plus en plus forte. Peut être qu’autrefois, vous pouviez prétendre que vous saviez mieux que nous ce qui était mieux pour nous, mais ces temps sont révolus. Réfléchissez à ceci ; il y a un tag Amazon qui explique aux clients non initiés que vos livres sont en train d’être boycottés. Parallèlement, ceux qui s’engagent dans ce boycott font quelque chose d’encore plus vilain ; ils achètent les livres de vos concurrents et laissent les vôtres dans leur caddie virtuel.  »

Lire aussi à ce sujet :

Martyn Daniels sur Brave New World : PriyWorld : ebook princing
Priya Ganapati dans Wired : Kindle Readers Ignite Protest Over E-Book Prices