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Comment on enlève ce truc ?

Ça m’est arrivé. Ça vous est arrivé. On achète un objet, bien présenté dans un emballage transparent. Au moment de l’ouvrir : cauchemar. On cherche la languette, les pointillés, on gratte le carton, on essaye de soulever le plastique. Rien n’y fait. L’objet semble nous narguer derrière sa paroi plastifiée. On cherche longtemps une paire de ciseaux, on en trouve une, on découpe, on n’a pas découpé assez près, on recommence. On maudit le type qui a inventé ce truc. On inventerait bien une nouvelle peine, spéciale, très cruelle, pour le designer responsable de l’enfermement de la lampe de poche, du jouet, de la clé USB, du machin qu’on vient d’acheter et qu’on n’arrive pas à sortir de son emballage. On est très énervé. Et saviez-vous que cet énervement avait un nom ?

Je l’apprends sur la page d’accueil de la version américaine du site Amazon. (Oui, c’est un billet spécial USA à cause des élections, vous l’aviez deviné ?)
Cet état nerveux spécifique, et très désagréable, c’est la «  Wrap rage  ». Et pour combattre la «  Wrap rage  », Amazon nous annonce une initiative pluri-annuelle baptisée : Amazon «  Frustration-Free Pacakaging  », même pas besoin de traduire…

Amazon ne veut pas que ses clients s’énervent sur les emballages. Amazon dit stop. Et annonce que la société va travailler avec des entreprises (Fisher Price, Mattel, Microsoft, Transcend) pour livrer des produits emballés dans des dispositifs moins encombrants, plus faciles à ouvrir, recyclables, exempts de plastiques indéchirables et de fixations métalliques.

Pour illustrer son projet, Amazon présente une vidéo montrant le déballage d’un même jouet : à gauche, un emballage plein de pièges et générateur de wrap rage, à droite un emballage «  frustration free  ». Et, parce qu’Amazon sait ce que c’est que l’UGC, ses clients sont invités à envoyer eux aussi sur sa Gallery of wrap rage des photos et des vidéos montrant des exemples d’emballages super énervants…

Ils sont super énervants chez Amazon. Ils ont de bonnes idées. Ils nous donnent la Amazon rage.

The Pynchon test

Kirk Biglione, sur Medialoper :

«  Comment évaluer l’expérience de lecture de longs textes de fiction sur le Kindle et sur l’iPhone ? J’ai concocté pour ceci quelque chose que j’ai appelé le «  test Pynchon  ». Les romans de Thomas Pynchon ont tendance à être plutôt longs, et à ce titre m’ont semblé parfaits pour mener à bien ce test.  »

Longs, les romans de Pynchon ? Voir à ce propos Claro, traducteur de Contre-jour, sur le Clavier Cannibale. On peut aussi… lire Pynchon, et, pour affiner un peu son approche de l’auteur et de l’œuvre («  il écrit des livres longs  » semble un peu…court ? ) , se procurer Face à Pynchon (éditions le Cherche Midi, collection Lot 49).

Kirk Biglione est probablement un lecteur de Pynchon : si pour son test il voulait choisir simplement un gros livre, le choix était vaste. Mais on comprendra en lisant la suite pourquoi il n’a pas choisi plutôt un best-seller… Résultats du test ? iPhone et Kindle renvoyés dos à dos. Mais attention, pas pour les mêmes raisons.

«  Je devrais tout d’abord indiquer que ce «  test Pynchon  » est complètement hypothétique parce qu’il y n’y a pour l’instant aucun moyen (légal) de télécharger un roman de Thomas Pynchon pour le lire sur un iPhone. Peu importe, je suis absolument certain que je ne lirais jamais Contre-jour ou l’arc en ciel de la gravité sur un iPhone. Le iPhone n’est tout simplement pas fait pour lire de longs textes de fiction. Sans aucun doute, l’ergonomie du iPhone empêcherait une immersion dans le texte suffisante pour aller bien loin dans ma lecture. L’écran du iPhone est juste un peu trop petit, et la génération actuelle des logiciels de lecture sur iPhone est bizarre («  quirky  »).

Je suis bien sûr au courant du fait qu’il y a des gens qui lisent des romans sur mobile ou sur PDA. Simplement, je ne suis pas l’un d’eux. Mais je n’exclus pas pour autant l’iPhone de la famille des terminaux de lecture pour livres numériques. Avec le logiciel adéquat, ce pourrait être un bon terminal de lecture pour des nouvelles et d’autres types de livres. En d’autres temres, l’iPhone a échoué au test Pynchon, mais il pourrait réussir le test George Saunders.  »

Quid du Kindle ?

Le Kindle a échoué au test Pynchon : Malheureusement, le test Pynchon est tout aussi hypothétique sur le Kindle. À l’heure où j’écris ces lignes, aucun roman de Thomas Pynchon n’est disponible dans le Kindle store. (…)

Amazon propose actuellement 170 000 titres dans le Kindle store. Cela peut sembler beaucoup, mais c’est une petite part du nombre de livres imprimés disponibles sur Amazon. Si vous pensez sérieusement à acheter un Kindle, vous devriez passer un peu de temps à parcourir le catalogue Kindle , pour déterminer si oui ou non les titres disponibles correspondent à vos besoins de lecteur. Soyons justes avec Amazon : les éditeurs semblent décidés à prendre le train du Kindle, on peut donc espérer trouver dans l’année qui vient de plus en plus de titres.   »

Cela dit, je dois indiquer que le Kindle est parfaitement adapté à la lecture de longs romans – il a été conçu pour cela. L’affichage e-Ink est confortable pour les yeux, la durée de vie de la batterie est plus que suffisante, et la taille du terminal semble un bon compromis entre portabilité et lisibilité.  »

Les deux terminaux ont tous deux «  échoué  » à un test auquel aucun d’eux n’a pu, en définitive, participer, et cet article est un peu biaisé : l’auteur a déjà son opinion sur la capacité de chacun des terminaux à accueillir la lecture de longs ouvrages de fiction, et son «  test Pynchon  » est une manière de souligner la pauvreté actuelle des catalogues de livres numériques, limitation dont se plaignent depuis longtemps les adeptes précoces des liseuses : ce qui ne les empêche pas, même en France où l’offre commence à peine à se constituer, de développer des usages de lecture, qui mixent les titres tombés dans le domaine public, les fils RSS, les documents professionnels qu’ils auraient autrefois imprimé.

La suite de l’article est intéressante aussi : il y est question de la focalisation qui est faite, dans les discussions concernant livre papier/livre numérique, sur la littérature, qui ne représente qu’une fraction de la production éditoriale. A ceux qui évoquent inévitablement les qualités du livre imprimé en parlant de ‘la bonne odeur des livres  », Kirk Biglione dit :

«  Ce que ces amoureux du livre veulent dire en réalité, c’est qu’il aiment l’odeur de certains livres. Ils aiment l’odeur de l’idée platonicienne du roman parfait. Croyez-moi, ces gens n’aiment pas l’odeur de «  Principes de la microéconomie  ».  »

Cela dit, la librairie du MK2 près de chez moi est ouverte le dimanche, et je vais m’en aller quérir le dernier Pynchon, et humer sa bonne odeur au soleil sur mon balcon…

 

First Ladies, on Kindle first

Globe Pequot Press, l’éditeur des biographies de Cindy McCain et Michelle Obama, a conclu un accord d’exclusivité avec Amazon, pour diffuser les deux ouvrages au format numérique sur le Kindle. Celle de Michelle Obama paraîtra également sous forme imprimée, dans quelques semaines, quoi qu’il arrive. Celle de Cindy Mac Cain ne sera imprimée que si Monsieur gagne les élections.

Dans les nombreux débats qui accompagnent l’émergence d’une offre de livres au format numérique, l’aspect «  temps  » avait jusqu’ici été peu abordé. Les avantages de la dématérialisation du livre le plus souvent mis en avant sont plutôt liés à l’espace, à la mobilité. Posséder une liseuse, c’est pouvoir transporter sans se charger une grande quantité de livres et de documents textuels divers. C’est disposer en toutes circonstances d’un vaste choix de lectures. Cette annonce met en avant une autre caractéristique du livre numérique : la rapidité de sa mise en vente et de sa livraison : pas d’impression, pas de transport… Nombre d’éditeurs ont acquis des méthodes qui leur permettent de sortir des livres imprimés liés à un événement qu’ils ont pu anticiper à peine quelques jours après l’événement concerné. Désormais, ces livres qui sont souvent des «  coups  » seront accessibles encore plus rapidement, sous forme numérique.

Ian Freed, vice président d’Amazon Kindle a déclaré :

«  Nous sommes heureux d’offrir aux clients «  Kindle  » d’Amazon la chance de lire les biographies de Cindy McCains et Michelle Obama des mois avant que leur version imprimée ne paraisse cette année. (..) Grâce à la connexion sans fil de leur Kindle, les clients qui achèteront ces livres d’actualité pourront commencer à les lire en moins de 60 secondes  ».

Mais pourquoi, demande Katia Krozser sur Boosquare, s’il est si urgent que ces livres soient vendus, tellement urgent qu’on n’a même pas le temps de les imprimer, en réserver la lecture aux seuls possesseurs du Kindle ?

«  Bien sûr, il n’est pas indiqué (dans le communiqué ) que cet accord exclusif laisse de côté les lecteurs qui possèdent une liseuse Sony, un iPhone, un Palm, un ordinateur portable, ou tout autre terminal susceptible de lire un livre numérique. Il devrait être précisé que la population de lecteurs de livres numériques non utilisatrice de Kindle excède de beaucoup celle qui en possède un.

De fait, Globe Pequot a décidé qu’il était si important que ces livres soient mis à temps à la disposition des électeurs… qu’ils se sont coupé de la majorité de leur marché potentiel. Vive le progrès !  »

Et, pour que l  »édition de livres «  juste-à-temps  » soit disponible pour tous les lecteurs, Kassia s’emporte contre l’éditeur Globe Pequot :

«  Votre client n’a que faire de vos vantardises corporate concernant vos accords. Votre client veut son livre maintenant, ou le pus tôt possible. Non seulement les lecteurs de livres numériques souhaitent la disponibilité de lire leur livre dans leur format préféré, mais les lecteurs de livres imprimés ne devraient pas avoir à attendre aussi longtemps pour pouvoir lire un livre qui aura perdu de sa pertinence en quelques semaines. Les choses évoluent trop vite pour continuer de jouer avec de vieilles règles.  »

eBabel, ou la mutliplication inconsidérée des formats de livres numériques, va-t-elle disparaître avec une adoption de plus en plus massive du format ePub ? C’est une façon de considérer le problème. Une autre est de se demander : est-il beaucoup de livres que nous désirons à ce point lire maintenant, tout de suite, à l’instant, que nous ne pouvons supporter de les attendre un peu ? Nos achats de livres sont-ils si impulsifs ?

Amazon encore

Vous êtes dans une boutique, décidé à acheter un appareil photo, un lecteur mp3, un DVD ou un livre. Vous êtes malin, ou bien radin, ou bien fauché, ou peut-être les trois, et vous vous dites soudain :  » tiens, et si c’était moins cher sur Amazon ?  » Vous sortez votre portable, composez le 262966, tapez le nom de l’article désiré, ou l’ISBN du livre, une liste apparaît, vous saisissez le numéro de l’item qui vous intéresse. Amazon vous rappelle pour vous fournir des informations supplémentaires. Vous confirmez votre commande, et vous sortez du magasin, les mains vides, sans passer à la caisse. Demain, l’objet arrivera chez vous. Vous serez passé à la caisse, bien sûr, mais chez Amazon.
Ça s’appelle TextBuyIt, et c’est disponible aux Etats-Unis. Pour l’instant.

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Via Joe Wikerts

(deux heures du mat’, au lieu de dormir, je farfouille sur le web et dans mon agrégateur et oh, zut, Christian a publié un post sur pile-poil la même info, avec la même illustration…  Comme ça, vous pourrez comparer, j’vous jure j’ai pas copié, on parle tous les deux de tiroir caisse, je détaille plus la procédure d’achat, lui insiste plus sur la catastrophe pour les vendeurs de produits culturels,  que je me contente de suggérer… )

Potins

Est-ce que ça va marcher ? Est-ce que ça va prendre ? Pas de statistiques disponibles depuis le lancement du Kindle. En attendant, on se console avec des on-dit, comme celui-ci trouvé sur silicon alley insider :

«  En attendant de véritables statistiques, encore des anecdotes qui montrent que le Kindle d’Amazon a ses fans : Evan Schnittman, directeur du développement des édtiions Oxford University Press (35 000 ouvrages universitaires) a dit qu’un ami de l’un des plus gros éditeurs «  trade  » du monde l’avait appelé cette semaine, surpris des bonnes ventes de livres au format Kindle en décembre, juste après la sortie du Kindle.

Aussitôt Schnittman a consulté l’état de ses propres statistiques de vente, qui, a-t-il dit, l’ont étonné : il avait escompté vendre 100 à 200 titres pour le Kindle en décembre, mais dit que le vrai chiffre était de l’ordre «  d’une magnitude au-dessus  » de ses prévisions.

(…) Il dit que ces ventes l’ont fait passer de la catégorie des «  sceptiques du numérique  » à celle des «  adeptes du numérique  » et qu’il va se dépêcher de finaliser un accord avec Sony pour rendre ses ouvrages disponibles également dans le format de leur lecteur.  »

En commentaire plusieurs témoignages d’utilisateurs de Kindle, qui font part d’un usage déjà intégré, de la facilité de commande (consultation gratuite d’un extrait souvent suivie d’un achat impulsif).

Vous avez dans vos amis un «  gros éditeur américain  » ? Celui-ci vous a fait des confidences sur ses chiffres de vente d’ouvrages destinés au Kindle en décembre ? Parfait : ajoutez-les en commentaire, promis, ça restera entre nous.