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Présent de l’indicatif

Ce qui m’a le plus frappée à Francfort, aussi bien au TOC que dans les allées de la foire, c’est une basculement très net dans les thématiques abordées par tous ceux qui s’intéressent au numérique. L’an dernier encore pas mal de conférences, ateliers, présentations se conjuguaient au futur : Le futur du livre, le futur de l’édition, la lecture demain … Cette année, c’est bien différent. On parle de numérique au présent. Finies les envolées lyriques qui commençaient à Gutenberg et se terminaient «  in the Cloud.  » Cela ne signifie pas du tout qu’une mutation complète s’est accomplie en l’espace d’un an. Cela signifie que cette mutation est désormais en œuvre, de manière très concrète, et les professionnels du monde de l’édition ont aujourd’hui le souhait d’échanger non plus sur ce qu’il faudrait faire, ou sur ce qu’ils vont devoir faire, mais bien sur ce qu’ils sont en train de faire. Cela ne signifie pas non plus que le marché du livre numérique, et les usages autour desquels ce marché se construit, est déjà significatif dans toutes les parties du monde. En Europe, qu’il s’agisse de la France, du Royaume Uni, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne, le marché demeure embryonnaire, et c’est seulement aux États-Unis, et selon des modalités différentes au  Japon et en Chine, qu’il atteint aujourd’hui une taille qui commence à être significative. Dans d’autres parties du monde, comme en Amérique Latine, comme l’a souligné Pablo Arrieta lors de son intervention au TOC, l’offre en langue locale est encore totalement inexistante.

C’est ce qui a pu faire penser à certains que le TOC était un peu décevant, et qu’on n’y avait pas réellement trouvé d’idées nouvelles. Certes. Mais justement, c’est ce qui fait que le TOC ne m’a pas déçue : on n’y a pas beaucoup parlé d’idées nouvelles, on y a parlé de pratiques nouvelles, on y a abordé des expériences, des échecs comme des succès, on a pu confronter des témoignages, et découvrir comment ces idées nouvelles, lorsque l’on commence à vouloir les appliquer, les introduire dans la pratique, les incarner dans de vrais projets, suscitaient de nombreuses questions, très concrètes, très quotidiennes, auxquelles chaque éditeur qui passe du discours sur le numérique à la mise en œuvre de pratiques numériques se confronte nécessairement.

Ma propre intervention, dont je vais prochainement mettre en ligne le verbatim, (le temps de mettre à jour sa version française, car j’ai modifié comme toujours pas mal de choses directement dans la version anglaise)  je l’avais préparée tout à fait dans cet état d’esprit : témoigner, modestement, de la manière dont se mettait en place ce passage au numérique dans les maisons d’édition, sous différents aspects, de façon à rendre visible ce qui demeure caché, alimentant les innombrables tirades sur l’attitude timorée et archaïque des éditeurs. J’ai été particulièrement contente, peu après avoir terminé mon intervention, d’assister à celle de Dominique Raccah, des éditions Sourcebooks, qui présentait les expériences de sa maison et a répondu à une question de la salle de manière très catégorique. La question ? «  Vaut-il mieux confier le numérique à une nouvelle équipe, distincte des équipes traditionnelles chargées des livres imprimées ?  » La réponse : un «  non  » sonore de Dominique, qui m’a fait plaisir, car c’est aussi l’un des points sur lesquels j’ai été très affirmative dans mon intervention. Non, il ne faut pas confier le numérique à une équipe dédiée, et laisser le reste de l’entreprise à l’écart des mutations. Surtout pas. Je ne vais pas reprendre ici l’argumentation, je voulais juste souligner cette convergence de vues, qui m’a fait plaisir venant d’une femme dont j’admire le dynamisme et la clairvoyance, et dont je suis depuis longtemps les expériences. Toute son intervention était d’autant plus intéressante qu’elle était ancrée dans ces expériences, qu’elle s’appuyait sur des faits, sur du vécu. À ceux qui disent «  le livre numérique ne coûte rien  », Dominique répond, non pas sur un plan idéologique, mais très concrètement, en indiquant le nombre de formats distincts dans lesquels elle doit livrer ses fichiers, si elle veut pouvoir être distribuée sur l’ensemble des canaux actuels, et le nombre de nouvelles interventions que cela implique à chaque fois. A ceux qui s’impatientent de voir les éditeurs tirer réellement partie du numérique avec des œuvres nouvelles, multimédias, interactives etc. elle présente différents projets, annonce leur coût, et le petit nombre de ventes réalisées, et montre que ce modèle est loin d’être facile à construire. Mais elle ne se décourage pas pour autant, convaincue qu’elle est que chaque fois qu’elle attend d’être sûre, elle rate une occasion d’apprendre. Elle est partisan des tests, des projets légers et rapides, des prises de risque à petite échelle, mais nombreuses et permanentes, et elle associe l’ensemble de sa maison à l’aventure.

Ainsi, le basculement se fait. Lorsque une maison d’édition passe des rèveries numériques à la mise en place d’une véritable filière numérique, chaque jour qui passe soulève de nouvelles questions, dans tous les domaines, juridique, éditorial,  technique, commercial. Tous les niveaux sont touchés : les procédures, les systèmes d’information, les usages. Très peu de cela est encore  visible, ce qui alimente évidemment l’impatience et la raillerie de beaucoup. Parfois, j’aimerais galoper en avant avec les éclaireurs. Le plus souvent, je me réjouis de côtoyer au quotidien, ne cessant d’apprendre d’eux bien plus que je ne puis leur apporter,  ceux qui se retrouvent nombreux chaque année, pour une semaine pleine de rituels que je continue de découvrir un à un, à Francfort.

sortir de son monde – #bookcamp3

Ce qui fait que j’aime venir au Bookcamp, c’est aussi ce pour quoi j’aime la littérature. Ce que j’aime, c’est sortir de mon monde. Ce qui me plaît au Bookcamp, par exemple, c’est que l’assistance de l’atelier intitulé «  et on donne à manger quoi ?  » animé par François Bon, Xavier Cazin et Julien Boulnois est composée d’un grand nombre de bibliothécaires, et que leurs questions, leurs réactions, me montrent des facettes d’un métier que je ne connaissais pas. C’est qu’en écoutant Hadrien expliquer OPDS, je comprends (un peu) mieux de quoi il retourne, suffisamment pour avoir envie d’essayer d’aller plus loin, et de creuser l’affaire une fois rentrée chez moi.

C’est ça, le Bookcamp. C’est aussi retrouver ceux avec qui s’est tissée une amitié, au fil des événements de ce type et des commentaires croisés sur les blogs.

C’est prendre des notes directement sur Twitter – avec le hashtag #bookcamp3 – jusqu’à ce que la batterie de l’iPhone déclare forfait.

C’est l’horrible obligation de devoir choisir parmi les ateliers qui se déroulent en même temps, et de devoir rater trois fois de suite les trois autres.

Sortir de son monde pour en inventer un, vaste, commun, multiple, ouvert. Un monde de circulation des œuvres numériques qui peine et qui tarde à se stabiliser. Un monde suffisamment complexe pour qu’on doive s’attarder encore à ce qui devrait dans quelque temps en constituer le soubassement,  avant de pouvoir  l’habiter tout simplement, avec nos lectures-écritures, nos idées-images, nos phrases-flux, nos solitudes-rencontres.

Merci à Hubert, Silvère, Lionel, Clément qui organisaient.

Changer nos façons de travailler (3)

Clément Laberge signale sur son blog le billet de Hugh Mc Guire sur O’Reilly Radar : The line between book and Internet will disappear. La dernière partie de ce billet me rappelle une question que j’avais posée à Christian Fauré il y a déjà deux ans : «  Comment expliquer ce qu’est une API à un patron d’édition ?  » et à laquelle il avait répondu dans ce billet. Que dit Hugh Mc Guire ? Que ce qui se passe aujourd’hui dans le monde de l’édition est une étape transitoire. Une étape que j’avais désignée un jour comme le «  moment ebook  » : une transposition, la plus littérale possible, des livres sur des supports numériques. Et cette étape, déjà, nécessite des changements importants dans les maisons d’édition.

Ce qu’évoque Hugh Mc Guire dans son billet, c’est l’étape suivante. C’est en pensant à cette étape suivante que j’avais eu envie de poser ma question à Christian. À ce moment, le monde de l’édition entrera de plain pied dans l’écosystème d’Internet. Les livres numériques que nous fabriquons aujourd’hui sont, du point de vue de la logique web, des objets assez paradoxaux, comme suspendus entre l’objet livre dont il sont le simulacre, et le destin numérique qui les attend :

«  Une API (Application Programming Interface) est une interface de programmation. C’est ce que les sympathiques entreprises du web construisent, pour faire en sorte que d’autres entreprises innovantes et développeurs puissent construire des outils et des services s’appuyant sur leurs propres bases de données et services.

Par exemple :

Google Maps a une  (et même plusieurs…) API(s), de sorte que les services de géolocalisation (par exemple Yelp) peuvent utiliser Google Maps et les informations business qu’il contient pour mieux servir ses clients de niche.

Twitter possède une API, ainsi des services tiers peuvent construire des clients Twitter, rechercher sur Twitter, fournir des statistiques sur Twitter etc…

Amazon a une API, qui permet aux développeurs de trouver des produits et de pointer sur l’information qui leur est associée.

Wikipedia a une API, ainsi on peut faire quelque chose comme de fabriquer des livres à partir de l’ensemble des versions successives de l’article de Wikipedia concernant la guerre d’Irak.

Nous sommes encore très très loin du moment où les éditeurs se considèreront eux mêmes comme des fournisseurs d’API, des Interfaces de Programmation des livres qu’ils publient. Mais nous avons observé à de nombreuses reprises que la valeur augmente lorsque les données s’ouvrent (parfois de manière sélective) au monde. C’est vraiment pour cela qu’Internet est fait ; et c’est là où l’édition de livres va aller. Finalement.

Je ne sais pas exactement ce à quoi une API pour les livres  pourrait bien ressembler.

Je ne sais pas quelles choses géniales les gens vont commencer à faire lorsque les livres seront réellement sur Internet.

Mais je sais que cela va arriver, et que l’avenir de l’édition a quelque chose à voir avec cela. Le monde actuel des livres numériques n’est qu’une transistion vers un écosystème de l’édition de livres numériques connectés qui ne ressemblera en rien au monde des livres dans lequel nous vivons aujourd’hui.  »

Aujourd’hui, déjà, nous changeons nos manières de travailler, pour créer et diffuser des livres en version numérique. Mais ne croyons pas qu’une fois cette transition effectuée, une fois que ces changements auront été parfaitement intégrés, nous pourrons nous asseoir et souffler. Il est fort probable, au contraire, que des changements bien plus importants nous attendent. Et c’est maintenant qu’il faut y penser, c’est aujourd’hui qu’il faut s’y préparer, en demeurant curieux et ouverts, attentifs à ce qui se passe sur le web, actifs sur les réseaux, curieux des avancées et des innovations. Pas plus que Hugh Mc Guire je n’ai une idée bien précise de ce à quoi ressembleront ces «  API des livres  ». Mais je partage cette intuition que c’est ce qui nous attend.

On ne s’étonnera pas de trouver Hugh Mc Guire parmi les intervenants d’un événements organisé par Internet Archive à San Francisco les 21 et 22 octobre prochain, intitulé «  Books in Browsers  ».

Changer nos façons de travailler (2)

Tout semble indiquer aujourd’hui que la lecture de livres numériques est progressivement en train de gagner en popularité, de sortir du cercle des early adopters et de se développer. Cela s’observe principalement aux USA, (bien qu’il semble que la Chine ne soit pas en reste), mais concernera également l’Europe rapidement. Un exemple parmi d’autres, assez frappant, cité par Mediabistro / Galleycat

«  La romancière Laura Lippman a vendu 4 973 livres numériques et 4 000 livres en version imprimée grand format de «  I’d Know You Anywhere  » depuis que ce nouveau thriller a été mis en vente le 17 août.

Le Wall Street Journal a parlé au vice-présiedent d’HarperCollins Frank Albanesa de cet événement. Il explique : «  C’est le premier de nos livres importants qui se vend plus en version numérique qu’en grand format imprimé la première semaine… Ce que nous observons aujourd’hui c’est que si un livre obtient de bonnes critiques, l’accélération est plus rapide du côté des achats en numérique que du côté des achats de livres physiques, parce que les gens qui possèdent une liseuse ou une tablette peuvent acheter et se mettre à lire immédiatement.  » «  

Les choses s’accélèrent bel et bien, et il est loin le temps où l’édition électronique semblait ne concerner que certains types de livres, et où l’on pouvait affirmer que jamais rien ne rivaliserait, pour la lecture immersive, avec le livre imprimé.

Les choses s’accélèrent, et la nécessité de changer nos façons de travailler devient une nécessité urgente : il faut non seulement changer, mais il faut changer vite. Pas simplement gérer une évolution progressive, faire évoluer doucement les modes de production, introduire ça et là des modifications, commencer timidement à imaginer de nouveaux modèles économiques, encourager des tests sporadiques. Non. Il y a, il va y avoir, très vite, disruption. C’est peut-être une bonne nouvelle : il est plus difficile de convaincre des professionnels d’intégrer de nouvelles pratiques lorsque la perspective est floue. Comment être bien accueilli en disant : «  Il va falloir que chacun fasse l’effort de particpier à la mise en place d’une filière supplémentaire de production, afin de rendre disponibles chacun des livres que nous produisons à la fois en version imprimée et en version papier. Ce sera difficile, chronophage, cela coûtera cher, et cela ne rapportera pratiquement rien.  »
Si  on vend seulement quelques dizaines de livres numériques, il est évident que quel que soit ce qui se raconte un peu partout sur le coût du livre numérique, le fait d’alimenter, parallèlement à la filière livre imprimée, une filière numérique, ne peut que venir plomber les résultats, chaque livre numérique vendu étant un facteur de coût et non l’inverse. Difficile de susciter l’enthousiasme général dans pareil contexte.

Nous n’en sommes pas, cependant, en France, au même stade que les Américians. Il y a plusieurs raisons à cela, qui devraient devenir caduques assez rapidement :

- Le parc de terminaux de lecture demeure faible.
Même si le PC est très répandu, et que c’est un terminal de lecture privilégié pour quantité de lectures, ce n’est pas sur Pc que nous lirons des romans ou des essais. On ne connaît pas exactement le nombre de liseuses et d’iPad en circulation, mais en croisant des chiffres concernant les ventes de liseuses et les ventes d’iPad, on arrive à quelques dizaines de milliers, ce qui est largement insuffisant pour constituer un marché.

- Aucune liseuse disponible actuellement sur le marché ne dispose d’un accès direct en 3G ou Wifi à des librairies en ligne.
Et on a bien vu, aux Etats-Unis, que c’est cette disponibilité qui a permis le décollage des usages. Le fait de devoir passer par son PC pour alimenter sa liseuse est fastidieux, et supprime l’achat d’impulsion.

- Le catalogue de livres disponibles en numérique demeure restreint
Même s’il s’enrichit chaque jour de nouveaux titres, même si de nombreux éditeurs se sont mis à publier simultannément leurs nouveautés en version imprimée et numérique, même si d’autres ont opté pour une publication nativement numérique, le choix est encore beaucoup trop limité, et il est absolument impératif que ce choix s’accroisse considérablement, pour satisfaire la diversité des lecteurs : que des éditeurs de plus en plus nombreux s’y mettent, tant en ce qui concerne les nouveautés que le fonds qui reste encore largement à numériser.

- Une diversité de canaux de diffusion est nécessaire, qui se met en place progressivement.
Les libraires ont un rôle actif à jouer dans le numérique, certains le font déjà ( Aldus tient une liste à jour ici ), apportant leur savoir-faire, leur talent de prescripteurs, pour faire en sorte que les livres ne soient pas de simples produits d’appel, mais bel et bien soutenus et défendus par des professionnels pour lesquels ils représentent le cœur de leur activité. On attend aussi l’ouverture prochaine du site des libraires, 1001libraires.com, qui offrira la possibilité aux librairies adhérents d’ouvrir un site vitrine ou un site de e-commerce, et intégrera la vente de livres numériques

Avec des liseuses connectées, des appareils (liseuses et tablettes type iPad) vendus en plus grand nombre, la multiplication des points de vente, une offre plus riche, devrait pouvoir être levé à très court terme l’un des principaux freins au changement : l’absence de toute perspective économique, qui rend difficile la motivation.  Et c’est tant mieux, car le tournant 2010 – 2011 s’annonce assez sportif, non ?

Tout sur le « jisui »

Alors que j’emploie l’un de mes derniers jours de vacances à essayer de faire un peu de place dans ma cave, je cherche sur le web pendant combien de temps il est obligatoire de conserver certains papiers, et je m’aperçois que je vais pouvoir en  jeter pas mal, la plupart des papiers que j’hésitais à jeter peuvent l’être au bout de 5 ans, et beaucoup d’autres au bout de 2 ou 3 ans. J’ai conservé par flemme un tas de vieux papiers administratifs, dont certains sont encore en francs… Allez ouste !
Mais les livres ? Les livres que j’ai mis en punition dans ma cave, non  parce que je ne les aimais plus, ni voulais m’en séparer, mais parce que d’autres livres arrivaient, et que je n’ai pas la chance de disposer de linéaires de bibliothèque extensibles à l’infini… Je me résouds à me séparer de quelques uns, des mauvais romans (erreurs vite regrettées, reliures intactes ), des livres obsolètes (sur les technologies de l’information, l’obsolescence vient vite…). Mais les autres ? Je me contente de les feuilleter, de chercher un instant sur quel petit pan de mur oublié de mon appartement je pourrais installer des étagères, puis de de refermer les cartons, allégés de «  introduciton à HTML4″ et «  maîtriser photoshop 2″. Un instant, l’idée m’effleure que j’aimerais pouvoir numériser d’un coup tous ces cartons, avant de m’en débarasser. Garder ces livres, sans leur matérialité pour laquelle je n’ai pas de place.

Et je tombe ce soir sur un twitt de Peter Brantley, repris par Tim O’Reilly :

J’apprends en lisant cet article du Mainichi Daily News que «  jisui  », ça veut dire à peu près «  nourriture cuisiné par soi-même  ». C’est ainsi que l’on désigne une pratique qui se développe actuellement au Japon et qui consiste à numériser chacun ses propres livres. Pas aussi aisée à première vue que celle qui consiste à «  ripper  » ses CD pour pouvoir les écouter sur son iPod… Mais le fait est là : les ventes de scanners ont augmenté sensiblement, et ceux-ci permettent aujourd’hui de numériser en un seul passage le recto et le verso d’une page. Le livre doit être coupé au préalable, et les ventes de massicots augmentent également, pour faire ce que l’on nomme de la «  numérisation destructvie  » – qui détruit l’original. Mais vaut-il mieux un original intact enfoui dans un carton dans une cave qu’un original détruit qui demeure accessible à la lecture ?

L’une des raisons du «  jisui  », c’est que beaucoup de livres au Japon (comme ici) ne disposent pas encore d’une version numérique, et que ceux qui ont adopté la lecture électronique veulent pouvoir lire leurs livres de cette manière. Le manque de place pour stocker les livres peut également être une explication.

«  PFU, qui appartient au groupe Fijitsu, a indiqué que ses ventes de scanners en Juin représentaient le double de celles enregistrées les mois préédents. Et le principal revendeur en ligne Amazon a également vu les commandes de scanners et de massicots doubler d’avril à juin. Entre-temps, le revendeur Yodobashi Camera a installé dans son magasin de Shinjuku Nishiguchi un stand permettant de montrer à ses clients comment procéder à la «  numérisation maison  ».  »

Il est fort probable qu’une fois numérisés, de manière légale – il s’agit de copie privée – nombre de ces livres sont aussi partagés en ligne. Mais ce n’est pas apparemment l’objectif premier des adeptes du «  jisui  » : il s’agit bien de convenance personnelle. Ces gens sont passés à la lecture sur teminal électronique, et veulent pouvoir accéder aussi bien aux livres qu’ils possédaient déjà qu’à ceux qu’ils vont acquérir directement au format numérique.

Il y a là aussi une sorte de paradoxe : ces livres gardés dans des cartons, auxquels je n’accède pas facilement, je suis cependant en mesure de les retrouver. J’ouvre le carton, je prends le livre, je les feuillette, je peux décider d’en relire quelques uns. Mais les livres que j’achète aujourd’hui en version numérique, qu’en sera-t-il dans 10 ou 20 ans ? Est-ce que j’aurai toujours accès à ces fichiers ? Est-ce que les machines qui existeront alors me permettront de les lire ?

Les amoureux du livre, ceux qui parlent de l’odeur de l’encre et du papier ( pour qui j’ai le plus grand respect ) frémiront : certains lecteurs aiment tellement leurs livres, qu’ils sacrifient sans hésiter leurs exemplaires papier pour pouvoir les lire de la manière qui leur plaît. Times they are a changin’ !

The Mongoliad : un monde fictif virtuel partagé massivement multi-lecteurs

mongoliad_w150Mardi 25 mai était dévoilée à San Francisco la version alpha du premier projet de  Subutaï Corporation, une équipe qui regroupe des écrivains, des développeurs, des game-designers et des directeurs artistiques.

Il y a longtemps, depuis la lointaine époque du cédérom, que j’ai l’intuition que c’est via un rapprochement entre les auteurs de l’écrit et le monde du jeu (développeurs, game designers, directeurs artistiques, réalisateurs ) que s’inventeront probablement de nouvelles formes narratives sachant tirer parti des hybridations que les technologies informatiques autorisent, ce que l’on appelait dans les années 90 le multimédia interactif.

La composition de l’équipe de Subutaï Corporation en est l’illustration : les auteurs, issus de l’univers de la SF, de la mouvance post-cyberpunk,  s’entourent de professionnels qui pourraient figurer dans un roman de Douglas Coupland,  l’un architecte de plateformes de jeux massivement multijoueurs, l’autre spécialiste des textures, tous familiers de la 3D et de l’univers du jeu.

Voici comment Subutaï présente son projet, dans un mail adressé à ceux qui se sont inscrits pour la version alpha sur son site :

«  Au centre du dispositif, une aventure médiévale contée par Neal Stephenson, Greg Bear, Nicole Gallan, Mark Teppo et d’autres auteurs renommés, qui se situe à une époque où l’Europe pensait que les hordes mongoles étaient sur le point de détruire son monde, et où une petite bande de mystiques et de combattants essaient de détourner le cours de l’histoire.

Nous avons travaillé de manière avec des artistes, des chorégraphes de combats et d’autres spécialistes des arts martiaux, des programmeurs, des réalisateurs, des game designers, et pas mal d’autres gens pour produire un flux constant de contenu non textuel, para et extra narratif, dont nous pensons qu’il donnera vie à l’histoire d’une manière inédite, et qui ne pourrait pas être envisagée sur un média unique.

Très prochainement, lorsque The Mongoliad contiendra une une masse suffisante de récits et de contenu, nous demanderons aux fans de nous rejoindre pour créer le reste du monde et créer de nouvelles histoires dans celui-ci. C’est là que débutera la partie réellement expérimentale du projet. Nous sommes en train de développer des technologies vraiment «  cool  » pour rendre cela facile et amusant, et nous espérons qu’un grand nombre d’entre vous les utiliseront.

Les gens pourront accéder à The Mongoliad sur le web et via des applcations pour mobile. Nous allons commencer avec l’iPad, l’iPhone, les terminaux sous Androïd, des applis Kindle, et nous ferons probablement plus encore dans un futur proche.  »

Cory Doctorow signale le projet sur boing-boing en ces termes :

«  Il  y a déjà eu quelques expériences notables de mondes partagés en ligne, du vénérable alt.cyberpunk.chatsubo à l’actuel Shadow Unit. Mais on dirait vraiment que ces types de the Mongoliad sont sur le point de charger encore la barque, et de pousser le concept plus loin que personne d’autre auparavant, et qu’ils le font d’une manière que seul le web autorise, impossible à traduire sur le papier.

J’ai vu une démo de The Mongoliad l’autre soir et c’était vraiment très excitant. Il n’y a pas encore grand chose d’accessible au public pour le moment, mais je vous tiendrai au courant.  »

Moi aussi, j’essaierai de vous tenir au courant.

(Via Peter Brantley )

Cliquer ? Non : toucher.

John Makinson, CEO de Penguin Books, présentait mardi à  Londres une série d’exemples d’utilisation de l’iPad :

Pour ce qui concerne l’édition jeunesse et le documentaire, cela donne une forte impression  de déjà vu : l’illustration très fouillée de la cathédrale façon Dorling Kindersley, la planche anatomique dans laquelle on peut zoomer, l’animal qui pousse son cri lorsque l’on clique sur touche son image. Cela donne l’impression d’être revenus au temps du CD-Rom, à l’interface tactile près, et probablement cela fait-il une différence importante pour l’utilisateur. Ce geste de toucher l’écran compte, de le toucher directement et non virtuellement grâce au curseur dirigé par la souris. Ça fait aussi une grosse différence, cette tablette qu’on tient, qu’on porte, qu’on emporte, qui nous suit alors qu’il fallait aller se poster devant l’écran de son PC pour manipuler les CD-Rom que l’on produisait dans les années 90.

Alors, livres augmentés, applications Mike Shatzkin met en garde les éditeurs : ne recommencez pas les erreurs faites à l’époque des CD-Rom, si amusants à concevoir et à réaliser, faisant appel aux compétences de multiples créateurs, si coûteux, mais dont les ventes couvraient bien rarement les frais…

Que dit M. Makinson ?

«  L’iPad représente la première véritable opportunité de créer un modèle de distribution payant qui sera attractif pour le consommateurs  »

«  La psychologie du paiement sur une tablette est différente de celle du paiement sur un PC  »

«  Et la plupart des contenus que nous allons créer à partir de maintenant seront des applications, qui seront vendus sur l’app Store et en HTML, plutôt que sous la forme d’ebooks. La définition même du livre est à réinventer.

«  Nous allons encapsuler de l’audio, de la vidéo, du streaming dans tout ce que nous ferons. Le format .epub, qui est à présent le standard pour les ebooks, est conçu pour  s’adapter au texte narratif traditionnel, mais pas le genre de contenu dont nous sommes en train de parler.  »

«  Nous ne savons pas encore si oui ou non une introduction vidéo sera valable pour les utilisateurs. Nous trouverons la réponse à nos questions uniquement en procédant par essais-erreurs.  »

Alors, pour le patron de Penguin,  le ePub, ce serait déjà «  So 2009″ ?

On le voit, beaucoup d’excitation autour du iPad, mais aussi des supputations et de l’anticipation,  c’est du moins ce qu’on peut en conclure en lisant  ce post de  Clément Laberge, qui nous mijote visiblement quelque chose…

3/03 : et lire aussi ce billet de Jeremy Ettinghausen sur le blog de Penguin, avec la même vidéo. Je me disais bien que Jeremy devait être dans la boucle…
Il précise bien que ce qui est montré dans cette vidéo, ce ne sont pas des maquettes ou des prototypes (rien de tout ceci n’a réellement été encore développé) mais uniquement une simulation qui illustre différentes pistes de réflexion.

Nuages, nuages…

Il n’est pas question de l’édition, ni, à aucun moment, du livre, dans cet article de the Economist, qui commence par nous parler de Windows 7, dont, je dois dire, je me soucie  fort peu, pas plus que je ne me suis intéressée à Vista dont la seule chose que je peux dire à son sujet est que,  depuis qu’il l’utilise, l’homme de ma vie semble avoir enrichi son vocabulaire de jurons.

Mais le lancement de Windows 7 est présenté, dans cet article, non comme le commencement de quelque chose, mais bien comme la fin d’une époque pour les systèmes d’exploitation, et dans les rivalités qui existent entre les géants de l’informatique. Le centre de gravité, avec le Cloud Computing, s’est déplacé.

«  L’avènement du cloud computing ne se contente pas de déplacer le centre de gravité de Microsoft. Cela modifie la nature de la concurrence au sein de l’industrie informatique. Les développements technologiques ont poussé la puissance de calcul en dehors des hubs centraux : d’abord des  ordinateurs centraux  vers les minis, ensuite vers les PC. Maintenant, la combinaison de processeurs de plus en plus puissants  et de moins en moins chers, et de réseaux toujours plus rapides et doués d’ubiquité, renvoie la puissance vers le  centre en quelque sorte, et même bien au delà, peut-être. Les «  données dans le nuage  » sont, en effet, comme hébergées dans un gros ordinateur  central, sauf que cet ordinateur est public et mutualisé. Et au même moment, le PC est bousculé par une série de terminaux plus petits, comme les smartphones, les netbooks, et peut-être bientôt, les tablettes (des ordinateurs à écran tactile de la taille d’un livre). «  

Il pourrait être tentant de considérer «  l’informatique à la demande  » telle qu’elle est proposée avec le Cloud Computing comme un retour vers  l’informatique dite «  mainframe  », avec ses ordinateurs centraux et ses terminaux. Mais les choses sont cependant bien différentes et la comparaison ne tient pas vraiment la route.

On est bien loin du livre, apparemment. Loin ? Pas si sûr. Car parmi les géants du Cloud Computing, deux ont fait récemment des annonces qui confirment leur intérêt pour le livre :
- Google avec son programme Google Editions, dont le démarrage est prévu courant 2010, j’évoque la chose dans mon précédent billet.
- Amazon, avec l’annonce de son Kindle international, qui vient déjouer les prévisions : il avait été question d’une arrivée du Kindle au Royaume-Uni, suivie d’une ouverture en France et en Allemagne. Cela se fera peut-être aussi, mais Amazon, avec cette annonce, empêche Google d’occuper seul l’espace des médias, qui, ces dernières semaines, font une place considérable à tout ce qui concerne le livre numérique.

Le troisième, Apple, laisse se développer un gros buzz  au sujet de la tablette tactile qui pourrait voir le jour en janvier, et occupe déjà le terrain de la lecture numérique avec le couple iPhone/iPod. Il prend pied aussi dans le Cloud Computing, investissant dans la construction d’un énorme datacenter.

Ces géants de l’informatique et des réseaux s’intéressent à nous. Intéressons-nous à eux, essayons de suivre leurs mouvements, de comprendre ce qui les rassemble et les oppose, les buts qu’ils poursuivent, ce qui les fait courir, toujours plus vite, toujours plus loin.

Un ciel normand

Dan Clancy, directeur de l’ingénierie chez Google, nous donne la vision de Google du futur du livre,  dans cette intervention donnée au Musée de l’histoire des ordinateurs à Mountain View. À  ceux qui s’inquiètent du rôle que pourront jouer les libraires dans un monde où va se développer progressivement le «  cloud publishing  », Dan Clancy envoie un signal qui se veut rassurant :

«  Mais aujourd’hui, les librairies physiques sont une part essentielle de l’écosystème du livre. Et en fait un nombre important de livres sont achetés parce que des gens vont dans des librairies physiques et disent «  hé, je veux celui-ci, je veux celui-là.  »

Et je pense que c’est une erreur de penser qu’à l’avenir, numérique signifiera «  en ligne  » et «  physique  » voudra dire «  off line  ». Parce que s’il advenait que 10% des livres passent au numérique, ce serait vraiment dur pour tous les libraires de maintenir leur modèle économique.

Une partie de notre modèle consiste à imaginer comment nous allons syndiquer à nos partenaires tous les livres récents que nous vendons,  de sorte que chaque libraire puisse vendre une édition Google et trouve un moyen pour que les gens puissent les acheter dans leur librairie «  brick and mortar  ».

Et en définitive, notre projet c’est que vous soyez en mesure de lire sur n’importe quel terminal. Notre projet c’est : quelques uns liront leurs livres sur un ordinateur portable, quelques uns les liront sur un netbook, et d’autres liront sur leur liseuse. Et nous allons travailler avec tout fabricant de liseuse qui veut faire en sorte de pouvoir recevoir ses livres du nuage de Google.

Ainsi, avec ces principes concernant un monde futur, nous sommes en train de construire un monde où il y aura de nombreux acteurs qui revendront des livres, lus sur toutes sortes de terminaux, mais cela sera encore hébergé dans le nuage. Et lorsque nous discutons avec des éditeurs et des libraires, je pense que c’est le bon modèle, parce que nous essayons de faire ce qui devrait être un modèle ouverrt qui encourage la concurence.

Autant de pierres jetées dans les jardins d’Apple et d’Amazon, qui mènent une stratégie bien différente, cherchant chacun à capturer des clients et à les retenir en leur proposant des solutions intégrées et propriétaires. Côté Amazon, une librairie numérique qui compte aujourd’hui plus de 300 000 titres, et une gamme de Kindle, seules liseuses capables de lire ces fichiers.  Côté Apple,  pas encore pour le livre de modèle équivalent à celui du couplage «  iTunes – iPod  » pour la musique. Il y a bien quelques livres dans l’App Store, mais le gros des catalogues est accessible via des applications comme Stanza, (créée par Lexcycle, racheté par Amazon…), qui proposent un accès direct aux livres numériques sans passer par l’App Store. Cependant les supputations vont bon train concernant la tablette Apple, qui devrait sortir à l’automne, et les projets d’Apple autour du livre numérique qui pourraient lui être associés. Et, pendant qu’Amazon nous fait prendre conscience à chacun, à travers un lamentable épisode orwellien, de la fragilité de ce que nous considèrions à tort comme nos «  possessions  » numériques, Google fait ami – ami avec les libraires, et tente de banaliser l’idée d’une forme de cloud-publishing respectant l’écosystème du livre, et en particulier ses acteurs probablement les plus vulnérables, les libraires.

Dan Clancy décrit un univers du livre numérique servi par un seul nuage,  celui de Google. De nombreux revendeurs, et des terminaux variés, certes, mais qui tous s’approvisionnent auprès du gros nuage de Google. Et si les éditeurs souhaitaient héberger eux-mêmes leurs contenus ? Et s’ils voulaient bien du «  cloud publishing  », mais à condition que la concurrence ne se limite pas aux revendeurs, mais qu’elle s’applique aussi à l’hébergement et à la distribution des livres numériques ?  Non pas un seul gros nuage, mais plein de petits nuages, comme ceux d’un ciel normand.

Barnes & Nobles : une offre numérique « device agnostic » ? Il faut le dire vite.

barnesBarnes & Noble vient d’ouvrir sa librairie numérique en ligne. La principale chaîne de librairie américaine (770 librairies dans 50 états…) vient rivaliser ainsi avec Amazon pour la vente des livres numériques.

Son offre est proche de celle d’Amazon sur plusieurs points  : le prix auquel sont proposés les titres les plus demandés  – 9,99 $. Par ailleurs, le modèle intégré  format propiétaire / e-librairie.  La home pourrait nous induire en erreur, qui met en avant, via une série de photos qui défiilent, différents terminaux associés à des contextes de lecture distincts. Sur 4 photos, 3 représentent des personnes de sexe féminin : une jeune femme avec sa fille, qui utilisent un iPhone, une étudiante avec un Mac,  une dame âgée un PC sur les genoux, et une seule représente un jeune homme, qui utilise, lui,  un Blackberry (un truc pro, un truc de mec le Blackberry… Les femmes, elles, elles  vont à la fac avec leur Mac pour essayer de rencontrer un futur possesseur de Blackberry, l’épouser, avoir une petite fille et lui raconter des histoires qu’elles liront sur leur iPhone. Plus tard, quand la petite fille sera partie chercher un mari à la fac, elles iront se reposer au bord de la mer, leur PC sur les genoux. #quartdheurefeministe )

barnesdetail1Les livres numériques de chez Barnes & Noble fonctionnent «  avec le eReader que vous possédez déjà…  » (enfin, sauf si vous possédez une liseuse Kindle, Sony ou Bookeen…)  Ce terminal de lecture, ce doit être en réalité soit un iPhone, soit un Blackberry, soit un ordinateur Windows ou Mac.  Mais l’annonce a été faite que très prochainement, Barnes & Noble allait devenir le revendeur exclusif de la liseuse annoncée par Plastic Logic pour la fin de l’année.

Annonçant 700 000 titres numérisés (parmi lesquels il faut compter
500 000 livres issus du domaine public, et mis à disposition par Google), Barnes & Noble peut revendiquer l’offre numérique la plus vaste jamais rassemblée sur un seul site.

La plupart des titres que Barnes & Noble a trouvés dans le panier de la mariée FictionWise sont au format eReader. Ce format est bien connu des adeptes précoces de la lecture électronique : développé initialement sous le nom de PeanutPress, il a été acheté par Palm et renommé Palm Digital Media, avant de l’être par eReader, absorbé ensuite par FictionWise.  Le logiciel de lecture eReader, qualifié de «  device agnostic  », permet un accès avec ou sans fil à la boutique en ligne de Barnes & Noble. Cette application est compatible avec un très grand nombre de terminaux incluant les smartphones leaders du marché (iPhone et Blackberry), ainsi que les ordinateurs Windows et Mac. «  Device agnostic  » ? Hum…   Cela veut dire simplement que le logiciel  eReader de FictionWise a été porté sur un grand nombre de plateformes. Mais il n’est nulle part mention d’une quelconque liseuse (possesseurs de Kindle, de Sony ou de Bookeen passez votre chemin. ) «  interopérable  » ? Non, vraiment pas. Et pas mal sexiste, leur promo, quand même…