Accord Amazon/OverDrive pour le prêt de livres numériques en bibliothèque

OverDrive n’a pas attendu Amazon pour proposer à des bibliothèques une offre de prêt de livres numériques. Cet e-distributeur américain, créé en 1986, a suivi pas à pas toutes les innovations liées au numérique, commençant par la distribution physique, avec les disquettes et les CD-Roms, pour passer dès 2000 à la distribution 100% numérique.

Alors, qu’apporte cet accord avec Amazon ? Il va permettre aux clients d’Amazon, possesseurs de Kindle ou utilisateurs d’applications Kindle sur différents terminaux, qui fréquentent des bibliothèques, d’emprunter des livres numériques compatibles avec leur terminal de lecture. Amazon et OverDrive indiquent également que les annotations, qui sont proscrites sur les exemplaires imprimés empruntés en bibliothèque, seront autorisées sur les livres numériques en version Kindle, ces annotations n’étant pas visibles pour l’emprunteur suivant, mais demeurant sauvegardées pour leur auteur, qui les retrouvera s’il réemprunte le même titre ou s’il décide de l’acheter. D’autres fonctionnalités autorisées par la technologie Whispernet, comme la mémorisation de la dernière page lue, qui permet de continuer facilement sa lecture en changeant de terminal, ou le surlignage de passages seront également disponibles pour ceux qui emprunteront ces livres numériques.

Selon les informations fournies par OverDrive, la conséquence de l’accord est que les livres numériques achetés par les bibliothèques seront disponibles dans le format AZW (format propriétaire utilisé par Amazon), sans que la bibliothèque soit obligée de payer à nouveau pour disposer de ce nouveau format. Aucune précision n’est apportée : est-ce que les fichiers seront convertis à la volée ? Il semble que ce soit le cas avec Overdrive pour les audiobooks, disponibles en WMA et convertis à la volée en AAC pour les emprunteurs équipés d’iPod. En ce cas, le point le plus important de l’accord est la possibilité d’accès pour Overdrive  à la technologie Whispernet.

Certains éditeurs comme Simon & Schuster et Macmillan refusent encore d’intégrer leurs catalogues dans des offres destinées aux bibliothèques : interrogé au moment du Digital Book World, Brian Napack, Président de Macmillan, avait justifié son refus de mettre ses titres en circulation en bibliothèque par le fait qu’il n’avait pas encore trouvé le « bon business model » pour ce faire. La décision récente d’Harper Collins de limiter à 26 le nombre de prêts d’un même titre a suscité un tollé dans le monde des bibliothèques, et si Harper Collins est revenu un peu sur son annonce en indiquant que ce nombre de 26 n’était pas gravé dans le marbre, on voit qu’il existe de nombreuses interrogations du côté des éditeurs sur le prêt numérique en bibliothèque. On sait aussi que le modèle proposé par OverDrive, qui transpose le plus fidèlement possible le monde physique (achat d’un certain nombre d’exemplaires virtuels d’un titre, c’est à dire d’un nombre de prêts simultanés possible, et obligation d’attendre qu’un utilisateur ait « rendu » son livre numérique pour le prêter à nouveau), est critiqué par de nombreux bibliothécaires.

Répondant aux premières questions qui lui sont immédiatement parvenues de la part des bibliothécaires suite à l’annonce de l’accord, OverDrive a publié les informations suivantes sur son blog :

Votre actuelle collection de livres numériques téléchargeables sera disponible pour les clients Kindle. A chaque fois que vous ajouterez un nouveau livre à cette collection, celui ci sera disponible au format Kindle et pour les applications de lecture Kindle. Votre bibliothèque n’aura pas à acquérir de nouveaux exemplaires pour bénéficier de la compatibilité Kindle.  (…)

Un utilisateur sera en mesure de rechercher des titres sur n’importe quel ordinateur ou terminal mobile, muni de n’importe quel OS, de réserver un titre avec sa carte de bibliothèque, et de sélectionner ensuite le Kindle comme terminal de destination. Le titre emprunté pourra ensuite être lu sur n’importe quel terminal Kindle et avec toutes les applications de lecture Kindle.

Les livres numériques Kindle empruntés en bibliothèque seront soumis aux mêmes règles que tous les autres livres numériques.

Le programme de prêt Kindle en bibliothèque se conformera aux modèles de prêts des éditeurs.

Les informations de vos utilisateurs seront protégées.

– Quelques unes des  questions que cet accord suscite chez les bibliothécaires :
Questions we should be asking about Kindle Library Lending
Kindle Library Lending (Jason Griffey)
Amazon to Launch Library Lending for Kindle Books (Stephen Abram)

– Un point de vue d’éditeur (Joseph Esposito) sur la question du prêt de livres numériques en bibliothèque :
The Vexed Problem of Libraries, Publishers, and E-books

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3 réponses à Accord Amazon/OverDrive pour le prêt de livres numériques en bibliothèque

  1. Hubert Guillaud dit :

    Ce billet fait écho à celui sur le Spotify du livre – http://www.archicampus.net/wordpress/?p=1035 – auquel je répondais pendant que tu publiais celui-ci. Il montre bien à mon avis qu’on a encore du mal à réfléchir à la question de l’accès, à ce que c’est, à ce qu’elle transforme. La proposition d’Amazon et Overdrive est encore bien floue… Grosso-modo, Overdrive promet que les livres numériques que les bibliothèques ont acheté via son service seront aussi accessibles pour les Kindle… Chouette ;-). Overdrive travaille à ce que son offre soit accessible à plus de support, mais sans vraiment toucher au modèle économique qu’il a mis en place et qui est de plus en plus critiqué.

    Un modèle économique fragilisé par le développement de plateformes par abonnement qui s’adressent directement aux particuliers et par les plateformes de prêts de livres électroniques (entre particuliers)… Overdrive continue de s’adresser aux bibliothèques comme par le passé, en leur permettant plus de supports et non pas vraiment plus de fonctions (hormis la récupération des notes et surlignements)… Ce n’est pas la révolution attendue ;-).

  2. Alain Pierrot dit :

    Le communiqué promet que les « Kindle books » seront prêtables et synchronisables par les lecteurs des bibliothèques.

    Nul besoin de conversion e-Pub ou pdf à la volée, il s’agit d’emblée de produits en azw

    L’achat par une bibliothèque d’un exemplaire imprimé d’une œuvre proposée également en numérique pour Kindle entraînera-il automatiquement la mise à disposition de jetons de consultation en Kindle ?

    Peu probable, vu justement le maintien du système de limitation du nombre de lecteurs simultanés proposé par Overdrive aux éditeurs.

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