Si le livre est une base de données alors…

persobook.jpgSi ce livre est une base de données, alors on peut proposer à son acheteur d’ajouter sur la page de garde la photo de son fils, et une dédicace, qui seront imprimés comme s’ils avaient d’emblée été parfaitement intégrés au livre.
On peut bien sûr imaginer aller beaucoup plus loin dans la personnalisation des livres. (Ici, petit clin d’oeil virtuel aux MMC Girls, si elles me lisent encore…)

Mais la mise en place de la chaîne nécessaire à ces deux fonctionnalités simples – ajout d’une image, ajout d’une dédicace – n’est pas à négliger : préparation du fichier numérique du livre, conception de l’interface utilisateur, développement de la mini-application permettant l’upload de l’image et du texte, design de la page web, insertion correcte de la page modifiée dans le fichier du livre, inscription des utilisateurs et mise en place d’un système de paiement, envoi de ce fichier à un service d’impression à la demande, impression du livre, acheminement du livre chez le client, et j’en oublie probablement.

Cette offre, qui porte pour l’instant sur un seul livre, est d’ailleurs le résultat d’un partenariat :

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« SharedBook Inc., un site de publication qui permet aux utilisateurs de créer un livre à partir de contenu issu du web, a annoncé aujourd’hui un partenariat ave Random House pour permettre aux utilisateurs de créer des versions personnalisées de leurs livres en utilisant leur site web. Le classique album intitulé « The Poky Little Puppy » sera le premier livre disponible pour la personnalisation. » (via Publisher’s Weekly)

Nombreux sont ceux qui se désolent que le livre électronique ne soit le plus souvent que la version électronique du livre papier, une simple déclinaison sur un autre support d’un texte, un pauvre malheureux texte qui n’utilise même pas les ressources du multimédia, un texte dans lequel on ne peut même pas cliquer pour faire surgir une image, faire jouer un son, convoquer un autre texte. ( Ils sont vraiment bêtes alors ces éditeurs ! ) C’est ignorer que le fait d’afficher correctement un texte, avec une mise en page convenable, sur une liseuse, est déjà une petite aventure technique non négligeable. ( Et ce ne sont pas François, Hadrien, Hervé qui devraient me contredire… )

Choisir de faire en sorte que le texte ne soit plus quelque chose que l’on offre à la lecture, mais un objet qui interagit avec son lecteur utilisateur (autrement que par le truchement de son imagination), c’est changer le statut du texte même, quitter l’univers du livre, et entrer dans l’univers des applications.

Et on voit, avec cet exemple archi-simple de Random House, que cette opération n’est pas un mince affaire. Tous ceux qui ont traversé la brève histoire du cédérom s’en souviennent : un écran n’est pas une page, et produire une application multimédia conjuguant de façon pertinente textes/sons/images/animations/vidéo, maîtriser l’ergonomie des interfaces, c’est difficile, c’est long et ça coûte très cher. Ceux qui sont aujourd’hui passés maîtres dans cet art s’appellent Electronic Arts ou Ubisoft et sont bien loin de l’univers du livre. Il y a par ailleurs des inventions merveilleuses du côté de l’art numérique. Mais la numérisation dans le domaine du livre (qui semble s’accélerer ces temps-ci, non sans quelque fracas), ne signifie pas le surgissement systématique et quasi magique de nouvelles formes de récit, même si certains explorent déjà de nouvelles formes, formes liées à des développements d’applications aussi bien que formes originales d’échanges, possibilités de création publique ou collective, liées aux types de sociabilité engendrés par le web.

Il y a une migration à effectuer, qui ne passera pas massivement par une réinvention « multimédia » des œuvres littéraires au prétexte que « avec l’informatique, on peut… on peut… ». Et si déjà on pouvait offrir aux prochains acheteurs de liseuses un catalogue de titres électroniques qui leur donne un autre choix que celui de lire en anglais ?

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6 réponses à Si le livre est une base de données alors…

  1. Alain Pierrot dit :

    L’offre de titres français sur liseuses se négocie en direct sur NouvoLivreActu, quasiment comme si vous êtiez dans les couloirs de la Foire du Livre de Francfort! ;-)

  2. Aldus dit :

    Oui Virginie, quel format choisir ? en restant indépendant… Sur Abicia, nous choisissons pour l’instant le format PDF au format de l’Iliad, dans le programme de numérisation que nous entreprenons en ce moment avec les éditions Arléa, nous optons aussi pour ce format ouvert avec une DRM très légère (tiens cela fait écho aux propos de Milad Doueidhi dans son livre « La Grande Conversion numérique) en attendant résolument l’e-pub quand il sortira de la confidentialité. Cette histoire de format est d’abord une histoire de machines, la contrainte étant de rentrer les textes dans les machines existantes, petites, mais qui sont aussi confidentielles. Et si l’arrivée d’un livrel au format 10 pouces était l’avenir qui nous affranchirait de toutes ces histoires de format et qui nous redonnerais l’accès à des mises en pages de qualité !
    En un Readius téléphone portable et un livrel 10 pouces, j’avoue que je disposerais de tout ce que j’ai besoin !

  3. Petite coquille Virginie sur le lien accompagnant mon prénom mais c’est pas bien grave ;-)

    Oui pour les formats, c’est une question assez délicate, qu’on a réglé dans notre cas sur Feedbooks en développant notre propre technologie, capable de créer des fichiers dans plusieurs formats et le tout à la volée:
    – du PDF, mais pas forcément A4, dans la dimension souhaitée
    – epub, qui est donc le nouveau standard, et qui va s’imposer dans les prochaines années
    – Mobipocket, très présent sur PDA/Smartphone et aussi sur certaines tablettes e-paper comme le Cybook ou l’iLiad
    Le problème est souvent dans la représentation de l’information, avec très peu de gens qui marquent l’information sémantique du livre, et s’en tiennent uniquement à sa présentation, alors qu’il faut combiner les 2 aspects.

    Après outre cette dimension des formats, il y a bien sur un ensemble de service et la question de la distribution des fichiers.
    On offre déjà pour notre part la possibilité de mettre une dédicace dans l’ensemble des livres du domaine public, une fonctionnalité que je vais reprendre un peu pour l’étendre aux 3 formats qu’on supporte (actuellement c’est que sur PDF) et pour l’améliorer.
    Je pense qu’il faut créer toute une dimension sociale autour du livre électronique, et que les réseaux sociaux, les blogs, les sites comme last.fm ou pandora, tracent la voie en la matière.

    Quand à la distribution de ces fichiers, c’est primordial aussi. On l’a vu en particulier avec le Kindle, que cet aspect peut prendre une forme tout à fait différente. Mis à part le site normal on a déjà implémenté:
    – un site mobile (http://feedbooks.mobi) qui fonctionne sur PDA/Smartphone/Kindle et permet de facilement naviguer et télécharger des livres via une interface revue spécialement pour ces appareils
    – des applications de synchronisation: on test par exemple sur l’iLiad une application permettant de télécharger des livres et de synchroniser ses flux RSS
    – un guide Kindle: pour le cas particulier du Kindle, étant donné qu’il a un moteur d’indexation permettant de faire des recherches facilement, ainsi qu’une connection EVDO, on a fait un guide qui rend l’accès à Feedbooks aussi simple que l’accès au magasin d’Amazon sur son Kindle: http://www.feedbooks.com/help/kindle

    Comme tu le soulignes judicieusement, il y a donc tout un lot de questions à aborder. Je ne pense pas que c’est en s’attaquant à un domaine précis, ou en innovant uniquement sur un aspect précis (collaboratif, multimédia, peu importe) qu’on pourra chambouler tout cela. Il faut tenter d’avoir une vision assez globale du sujet, et mettre en place des solutions, peut être un peu trop génériques dans un premier temps, mais permettant de pérenniser tout cela.

  4. Alain Pierrot dit :

    @Hadrien
    il faut combiner les 2 aspects

    Bravo pour la remarque, encore trop souvent incomprise par les auteurs de schémas à qui on a trop répété qu’il fallait séparer «forme» et «fond» : le sens est parfois constitué par la mise en forme, et il faut pouvoir la consigner dans le balisage quand c’est pertinent (et uniquement dans ce cas).

    Par ailleurs, sur le maquis des formats, vous pouvez faire un tour sur le site eBookMall ou simplement regarder cette capture d’écran.

    Voir aussi le billet d’Adam Hodgkin.

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