Livres d’occasion plus chers que livres neufs

Oh la la, est-ce que Joe Wikert est tombé sur la tête ? Parmi tous les traquenards que le décollage anoncé du livre électronique semble tendre au monde de l’édition, il en ajoute un nouveau, qui a le mérite de faire réfléchir, sur le thème « pourquoi essayer de vouloir faire fonctionner les anciens modèles dans l’enivronnement numérique ? ». (Oui, hein, pourquoi ?)

Il écrit :

Dans le modèle actuel, les livres scolaires d’occasion sont vendus à un prix inférieur à celui des livres neufs. Cela me semble plein de bon sens, mais pourquoi les livres scolaires d’occasion devraient-ils disparaître dans l’environnement électronique ? Je peux démontrer que non seulement ils peuvent exister, mais qu’ils pourraient même être vendus plus cher que les livres scolaires « neufs ».

Imaginons que vous commencez votre année scolaire et que vous venez d’acheter votre livre scolaire au format électronique X €.  Au fur et à mesure de votre utilisation, vous allez l’enrichir d’annotations prises en classe,  de conseils  et d’astuces que vous apprendrez en cours de route, et vous y adjoindrez peut-être des extraits audio des cours donnés par votre prof. Bref, vous aurez fabriqué votre mashup du e-manuel  original. (La version 1.0 du Kindle ne l’autorise pas, mais j’espère qu’une prochaîne version le permettra.)

Et hop, voilà Joe parti pour décrire le modèle économique : le livrel scolaire « usagé » ou plutôt « enrichi par l’usager » revendu plus cher que le pauvre livrel tout nu proposé par l’éditeur…

Bon, on s’inquiétait déjà du « pire tout pire ». Voilà maintenant que les livres tout gribouillés et écrits dessus par les étudiants vont valoir plus cher que les neufs…

Vous savez quoi ? Je suis d’accord avec Joe. Il faut repenser les modèles, sortir du cadre, « think different »,  et c’est en allant  hardiment au bout de ce type de description comme il le fait dans cet article, que je vous engage à lire en entier dans le texte, que l’on peut avancer vraiment.

Si ce ne sont pas des éditeurs qui le font, d’autres s’en chargeront à leur place. Non ?

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10 réponses à Livres d’occasion plus chers que livres neufs

  1. Aldus dit :

    excellent virginie,
    à voir l’état des livres dans les écoles, ils renferment des véritables fortunes ! seul bémol, si l’élève est un as, c’est du tout bon, mais si c’est un cancre… sur les bancs de la fac, les notes de cours des élèves studieux circulent en copie déjà largement dans les rangs, cela doit déjà se monnayer par des petits malins, non ?

  2. Antoine dit :

    Je suis complétement d’accord avec cette analyse.

    Je lance ce mois-ci Wodooo.com, un site de petites annonces classées par Campus pour Etudiants. Wodooo permet notamment aux étudiants d’acheter et revendre leurs manuels scolaires directement entre eux.
    Un clic sur son campus et on visualise toutes les annonces mises en ligne par les autres étudiants de l’établissement.

    Actuellement les étudiants revendent des livres physiques mais il n’y bien évidemment aucune limite à la revente de livres au format éléctronique enrichi de notes et analyses personnelles dans un avenir proche ;)

    Ce sera peut-être çà le livre 2.0…

  3. vivikéa dit :

    Est-ce que Joe Wikert ne serait pas le Joe Wickert qui a écrit l’essai « Merci pour les assiettes »… ???!!!

  4. Antoine dit :

    @ Virginie: Merci! L’idée initiale doit effectivement dater de 99 lorsque j’étais encore lycéen. Notes qu’avec 3 o, le nom du site ne passe pas inaperçu ;)

  5. L’idée est délicieusement farfelue, mais j’aime ce qu’elle véhicule : dire que les ajouts que les lecteurs peuvent faire à un livre l’augmentent en qualité comme en prix. J’adore.

  6. Bruno Rives dit :

    J’ai quelque part la video d’une conférence passionnante de Frédéric Kaplan (alors chez Sony Lab). Il y défendait l’idée que dans sa version électronique, l’historique du livre (ce que vous décrivez, plus les commentaires et compléments éventuels d’autres lecteurs) pourrait constituer progressivement l’essentiel de la valeur du livre. Le temps manque toujours de mettre ces contenus en ligne, ce sera l’occasion.

  7. Jean-Claude Moissinac dit :

    L’idée est surement bonne, mais surement assez délicate à mettre en oeuvre. Trouver le modèle économique aussi.
    Quand je prend des notes sur un livre (je le fais régulièrement), ces notes seraient bien inutiles à quiconque: elles sont éliptiques et évocatrices pour moi et surement pour moi seul. Je crois qu’il en est souvent ainsi des notes prises en complément d’un autre support.
    Il faudra donc des mécanismes pour distinguer les notes utiles de celles qui sont inutilisables… Un travail d’édition?

  8. Alain Pierrot dit :

    Avec un nom comme Wikert, on peut avoir des affinités électives pour les wiki, non ?

    Un peu d’édition et de qualification des éléments me paraissent plutôt utiles, comme le suggère J.-C. Moissinac. Je ne suis pas sûr que je mettrais beaucoup d’argent pour acheter de enregistrements de performances de karaoké…

  9. Alain Pierrot dit :

    Il n’y avait pas de polémique, mais un rapprochement induit par l’idée de collage multimédia…
    Reste que le statut du document produit peut aller du document d’expression personnelle (les adeptes du karaoke comme les vidéastes amateurs évoqués par A. Gunthert) qui n’a de valeur que pour son auteur (et ne prétend généralement pas à une valorisation), au témoignage d’une rencontre entre une œuvre et un (ou des) commentateur(s) qualifié(s), intéressant(s) ou intriguant(s) (à la manière de Bouvard et Pécuchet), qui prend valeur en fonction de la qualité du commentateur telle que perçue par le (ou utile au) nouveau lecteur, jusqu’à l’ouvrage composite, entre travail collaboratif et création collective, qui bénéficie des espaces read/write (wiki, mais aussi commentaires et suivi des corrections sur un traitement de texte, ou blog).
    A noter que ces espaces, quand ils sont publics, dessinent clairement une organisation des responsabilités d’édition et de publication, ce qui permet peut-être de distinguer le résultat d’un « dossier documentaire » cumulatif.

  10. Dominique Hasselmann dit :

    L’idée est intéressante : le livre enrichi, pour enrichir celui qui l’a utilisé. Evidemment, cela créerait des distorsions sur le marché du « prix unique » (mais il s’agit d’occasion), dans la courte période où il existera encore…

    Mais ce que j’ajoute plaira-t-il forcément à celui qui achètera mon exemplaire déjà utilisé (il lui suffit bien sûr d’effacer ce qui est inutile, redondant, à côté de la plaque) ?

    En fait, l’exemplaire d’occasion serait toujours plus intéressant que l’original : pauvre auteur qui n’aurait pas pensé à tous ces liens, ces vidéos mises en ligne juste après que son livre électronique soit vendu !

    Une solution : la mise à jour automatique (comme pour les logiciels de mon MacBook), par un Google malin (comme pour le projet de petites annonces publicitaires de certains blogs…), du livre original avec tous les documents multimédias qui peuvent s’y rapporter.

    Mais ce serait fait par un serveur et on perdrait la patte du lecteur précédent, qui n’a pourtant pas forcément le grand filet qui permettrait de multiplier l’épaisseur du livre électronique original par 10 ou 20, et de concurrencer définitivement le livre d’occasion du simple amateur.

    Pourtant, le programmateur du système est toujours un être humain (à quand la programmation automatique ?) et cela nous rassure quelque peu !

    Gibert Jeune a donc encore quelques mois ou années de tranquillité boulevard Saint-Michel et Saint-Denis : il est d’ailleurs sous la haute protection religieuse voulue par notre bien-aimé Président.

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