Les Pingouins parlent aux Pingouins

penguin.jpgChez Penguin (Royaume-Uni), les salariés se désignent eux-mêmes comme des « Pingouins », bien sûr. Ainsi commence un billet de Jeremy Ettinghausen, éditeur numérique et Pingouin lui même (à qui nous devons le projet « We tell stories« ) sur le Penguin blog (traduction maison) :

« Vendredi dernier quelques Pingouins ont présenté à d’autres Pingouins notre stratégie pour la mise en ligne de nos livres numériques, qui va avoir lieu plus tard dans l’année. Nous, comme les autres éditeurs, sommes en train de numériser nos livres parce, comme vous le savez tous, le livre numérique arrive !!! C’est bien sûr un moment tout à fait excitant – nous pourrions être au seuil d’une révolution dans la façon dont nous distribuons les livres et dans la manière dont les gens y accèdent. Mais le mot clé est « nous pourrions » – ce qui est vraiment excitant c’est que personne ne sait vraiment comment les choses vont tourner. Le livre numérique pourrait changer notre monde, mais il pourrait aussi ne pas le changer… Nous en saurons un peu plus dans un an »

Suit un article signé de l’écrivain Nick Hornby, qui lui prend plutôt le parti du « pourrait ne pas », mettant en avant le coût trop élevé des liseuses, la disparition progressive du désir de lire, et l’idée que les gros lecteurs (espèce en voie de disparition) ne sont pas des « early adopters ». L’article a déclenché une salve de commentaires, ou à côté des sempiternelles considérations sur l’odeur du papier et le bruit des pages qui se tournent, quelques utilisateurs de liseuses protestent et témoignent de l’usage qu’ils ont adopté et qui les satisfait.

Prendra ? Prendra pas ? Voir le billet de François Bon, qui expérimente actuellement la dernière liseuse Sony, et se fend d’une description détaillée et passionnante : celle d’un lecteur qui est aussi auteur et éditeur, préoccupé de la manière dont l’outil affiche ses textes et ceux des auteurs qu’il publie, tout comme de la qualité de l’expérience qui lui est proposée, pour lire, gérer sa bibliothèque numérique, acquérir de nouveaux titres.

Prendra ? Prendra pas ? Le rapport Patino dit la même chose que Jeremy : « On ne sait pas ». Il le dit des les premières lignes du résumé qui figure en tête du rapport :

« Mais qu’en serait-il si une accélération, voire un basculement dans le numérique se produisait ? Une telle hypothèse, si elle ne peut être prédite avec certitude, mérite toutefois que les acteurs du secteur s’y préparent, compte tenu des effets très importants qu’elle pourrait entraîner sur une économie du livre aux équilibres précaires. »

Et il développe dans son rapport cette question du « basculement » :

 » Dans l’édition comme dans les autres secteurs soumis à la numérisation, le marché ne dictera pas les usages. Les secteurs des dictionnaires, des livres de référence, de l’édition professionnelle affichent certes des tendances claires, mais sans que l’on puisse trancher un point décisif : la lecture/plaisir sur écran va-t-elle se développer massivement? « 

Et, tandis que les « Pingouins » de chez Penguin  numérisent à tour de bras, simplement « au cas où » un basculement des usages venait à se produire, il incite les éditeurs à se préparer :

 » La question centrale n’est en réalité pas de savoir s’il existe une forte probabilité de développement d’un usage massif de la lecture numérique ; mais, à partir du moment où cette probabilité existe, les acteurs du livre doivent s’y préparer sous peine de subir un impact qui modifie le marché de façon irréversible. »

Pour éviter que la banquise sur laquelle vivent les Pingouins et quelques volatiles d’autres espèces, ne se mette à fondre brutalement…

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