Je ne sais plus comment m’y prendre pour redonner vie à ce blog. Je ne l’oublie pas, non, simplement je le délaisse, et il me manque, tout comme les conversations avec ses lecteurs. Alors je décide de le reprendre avec simplicité, comme « en passant », pour retrouver cette dose de désinvolture dont j’ai besoin pour bloguer.
Ce ne sont pas les sujets qui manquent. Ni le temps, parce que du temps on réussit toujours à en trouver pour les choses qui nous importent. La conversation, simplement, est retombée, dans mon petit salon virtuel, et il convient de la relancer doucement, en parlant de choses et d’autres, de manière agréable, pour vous donner envie de revenir boire une tasse de thé, et manger quelques gâteaux.
Alors je vous emmène à Séville, aux rencontres franco-espagnoles autour du livre numérique organisées par l’Institut Français, et réunissant des professionnels français et espagnols du secteur de l’édition et du web, des enseignants et des chercheurs, et des représentants du ministère de la culture de chacun des deux pays.
Comme ici, les discussions sur « ce qu’est un livre » vont bon train, et on fait grand cas des promesses du livre numérique – livre augmenté, livre qui tire parti du code, livre multimédia, livre partagé ( à propos j’ai raté Bob Stein au labo de l’édition, c’était bien ?) alors même que la première de ses promesses, rendre accessibles les livres à la fois sous forme imprimée et sous forme numérique, pour que les lecteurs lisent de la manière qui leur convient, est encore en phase de mise en œuvre pour l’ensemble des acteurs.
Le bref exposé que j’ai fait en introduction de la table ronde à laquelle j’ai participé portait sur les métadonnées et l’interopérabilité, (j’ai le chic pour choisir des sujets sexy en diable, je sais), mais je trouve que ces deux aspects du livre numérique, lorsqu’ils sont correctement compris, permettent d’entrer de plain pied dans sa réalité, et dans ce qui distingue en profondeur cette réalité de celle du livre imprimé.
Il y a une grande difficulté à mener une transition. Cela nécessite de savoir regarder loin devant, pour comprendre ce qui advient, et qui est étranger à ce que l’on a pratiqué depuis parfois des années. Cela implique aussi de regarder en arrière, afin de ne pas priver ceux qui viendront après nous de ce dont nous avons bénéficié. Et, regardant à la fois loin devant tout en jetant un coup d’œil en arrière, il faut aussi aller vite, très vite, parce que ceux qui regardent seulement devant sans regarder jamais derrière vont très vite. Pas trop vite, non plus, si on ne veut pas aller seul, et si on veut aller loin, comme le dit souvent Clément Laberge, qui poursuit à Québec une action dans l’édition qui respecte cette idée.
A propos de ceux qui vont vite, sans regarder en arrière, quelques nouvelles relevées cette semaine :
- Amazon va vendre de l’espace publicitaire sur l’écran d’accueil de sa tablette Fire.
- Amazon va permettre aux auteurs américains auto-édités de vendre des livres en POD en Europe.
- Les ventes à l’étranger de livres numériques publiés par des des éditeurs américains ont augmenté de 333% (et représentent 6% des ventes à l’export de livres américains).
Pour tous les livres et les auteurs qui jamais n’auront les honneurs payants de l’écran d’accueil de la Fire, il est indispensable de continuer de travailler à des solutions alternatives, à des solutions locales, les plus nombreuses, les plus variées, les plus diverses, sans se laisser décourager. Parce que nous savons lire.