Toi aussi, tu peux écrire une nouvelle fin pour le dernier épisode de Gossip Girl

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Non seulement tu peux écrire une fin alternative au dernier épisode de la saison 3 de ta série préférée, ça, tu pouvais déjà le faire depuis longtemps, et la publier par exemple sur le site fanfiction.net, mais bientôt, tu vas pouvoir la vendre sur Kindle Worlds, annoncé aujourd’hui par Amazon.  Attention, il ne s’agit pas d’un nouveau canal d’auto-édition, mais bien d’un appel aux amateurs de fan fiction afin qu’ils adressent leurs écrits à Amazon. Afin d’éviter tous les ennuis juridiques pouvant découler de la réutilisation de matériel protégé par le droit d’auteur, Amazon a conclu un accord avec les ayants droit de ce qui est désigné par le terme « World », et que l’on traduira par Univers. Pour l’instant, Amazon a signé avec Alloy Entertainment, la société qui détient les droits des séries Gossip Girl, Pretty Little Liars, Vampire Diaries, un accord selon lequel les amateurs de fan fiction peuvent utiliser sans crainte d’être attaqués en justice chacun des univers de ces séries pour inventer de nouvelles aventures, des suites, des fins alternatives etc. Les histoires ainsi produites sont vendues, et auteurs comme ayants droit sont rémunérés. La part de revenu versée à Alloy Entertainment n’est pas indiquée, l’auteur quant à lui touche 35% du prix de vente au public pour les titres qui dépassent 10 000 mots, et 20% pour ceux inférieurs à cette longueur. Et aussi, il faut le noter, les auteurs de ces fan fictions cèdent tous leurs droits à Amazon, pour la durée du copyright, et pour le monde entier.

Amazon ne publiera pas systématiquement tous les titres qui lui seront adressés, se réservant le droit d’écarter ceux qui ne correspondent pas aux « Content Guidelines », qui sont les suivantes :

  • Pornographie : nous n’acceptons pas de pornographie ou de descriptions visuelles choquantes  d’actes sexuels.
  • Contenu choquant : nous n’acceptons pas de contenu choquant, ce qui inclut mais ne se limite pas aux injures racistes, aux éléments excessivement violents, ou au langage excessivement grossier.
  • Contenu illégal : nous prenons les violations de la loi et de la propriété intellectuelle très au sérieux. Il en va de la responsabilité des auteurs de s’assurer que leur contenu ne contrevient pas aux lois du copyright, des marques déposées, à la protection de la vie privée, et à d’autres droits.
  • Mauvaise expérience utilisateur : nous n’acceptons pas les livres qui fournissent aux utilisateurs une piètre expérience. Cela inclut pas exemple les livres mal formatés, les livres disposant de titres, couvertures ou description de produit trompeurs.
  • Usage excessif des marques : nous n’acceptons pas l’usage excessif de noms de marques ou l’inclusion de nom de marques en tant que publicité payante ou promotion.
  • Recouvrement : aucun recouvrement entre différents Univers n’est permis, ce qui signifie que votre œuvre ne peut inclure aucun élément issu d’un livre, fim ou autre,  protégé par le copyright venant d’un autre Univers que celui que vous avez initialement choisi.

Encore une fois, Amazon avance à grand pas. On sera attentif à l’accueil qui va être fait à cette offre par les amateurs de fan fiction, et on est assez bluffé de la manière dont Amazon prend les usages réels des auteurs de fan fiction au sérieux, pour bien sûr, on ne se refait pas, imaginer aussitôt des moyens de  monétiser ces usages. Seul un acteur de la taille d’Amazon était probablement en mesure de conclure de tels accords avec les ayants droit d’univers transmedia de renommée mondiale.

Amazon propose aux auteurs de fan fiction,  qui n’avaient rien demandé  et semblaient assez heureux sur leur petit coin de web, une rémunération, perspective à laquelle beaucoup d’entre eux auront probablement du mal à résister. Même si,  pour la plupart, les ventes seront très faibles et les revenus minces. Mais contrairement aux auteurs auto-édités, qui conservent tous leurs droits et à qui il faut, en cas de succès, si l’on souhaite signer un contrat avec eux, verser des à valoir qui peuvent très vite monter si plusieurs éditeurs s’intéressent au même auteur, les utilisateurs de Kindle Worlds se transformeront immédiatement en « machines à cash » en cas de très gros succès, directement au profit d’Amazon, qui n’aura absolument pas besoin de proposer le moindre à valoir, ni d’enchérir sur des propositions tierces – les droits auront été cédés dès le départ, droits mondiaux pour la durée du copyright : il fallait y penser.

Le fallait-il vraiment, à votre avis ?

 

 

 

 

 

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4 réponses à Toi aussi, tu peux écrire une nouvelle fin pour le dernier épisode de Gossip Girl

  1. Merci pour le détail des contrats, très intéressants, la façon dont Amazon envisage le droit d’auteur et les limites avec lequel il le borne. ;-). On verra à l’usage si le auteurs de fanfiction se détournent de leurs espaces. A mon avis, les « content guidelines » seront difficile à respecter et à faire respecter (même par des algos). Si beaucoup de fan fiction sont souvent un peu mièvres et très plagiaires (et cela fait effectivement parfois des suites, prequel ou remake intéressants pour celui qui est plongé dans l’univers), les meilleures sont celles qui détournent les codes… Mais visiblement, ce n’est pas celles-ci qui intéresse Amazon. Décidément, la chasse à l’auto-édité est ouverte. Et Amazon allonge des armes plus acérées que les autres. (encore moi, aujourd’hui, je troll chez Virgine).

  2. virginie dit :

    Ça va comme troll, s’ils étaient tous comme toi !
    Oui, Amazon y va très fort, dans la désintermédiation, ou plutôt dans la recherche d’une hégémonie complète : ce qui est dit c’est qu’il n’y a plus besoin d’intermédiaires entre auteurs et lecteurs, la réalité c’est que l’intermédiaire, THE intermédiaire, unique et omnipotent, surdoué, qui va pouvoir dicter sa loi, c’est Amazon. Amazon éditeur qui remplace les éditeurs, Amazon libraire qui remplace à lui seul tous les libraires, sans oublier Amazon hébergeur, Amazon fournisseur de services etc.
    Cela ne se fait pas tout seul, il y a une incroyable détermination à aller le plus loin possible dans la logique de plateforme, et les efforts décrits dans les lettres de Bezos à ses actionaires pour transformer un site de vente en ligne en plateforme de services sont impressionnants.
    D’autres ont déjà essayé d’utiliser le travail des fans, ou de se servir des communautés de fans comme de viviers de talents. Cela a existé dans le monde du jeu vidéo et des mangas. Amazon agit à une échelle différente, beaucoup plus loin du contenu et des thématiques, simplement vigilant à verrouiller les questions juridiques et à s’assurer le maximum de captation de valeur, tout en interdisant à ceux avec qui il se met en concurrence de jouer un rôle quelconque.

  3. Alain Pierrot dit :

    Glissements progressifs du plaisir (de l’accaparement)

    Du copyright sur une manifestation, à la propriété sur une œuvre, sur les personnages d’une œuvre, sur un ‘monde’ définissable en compréhension, on en arriverait donc bientôt à un ‘univers’, où la seule référence à quelques éléments reconnaissables induirait un droit de propriété sur tout autre élément de l’univers.

    En voilà une belle idée, qui devrait intéresser l’auteur des Particules élémentaires et ses avocats! :-D

  4. Alixe dit :

    La cession totale des droits du fan-auteur à Amazon n’est pas là uniquement pour s’assurer de l’exclusivité du copyright. Je pense qu’elle a avant tout pour but de protéger l’auteur d’origine qui ne peut ainsi pas être attaqué par un fan-auteur, au cas où il utiliserait une idée similaire dans une œuvre future.

    En effet, la crainte d’être accuser de plagier les fanfictions faites sur leur œuvre est très présente chez les auteurs (l’affaire M.Z.Bradley est régulièrement invoquée pour mettre en garde contre cette possibilité). Quant à ceux qui sont favorables à la fanfiction, ils se voient conseiller par leurs avocats de ne jamais aller lire ce qui s’écrit sur leurs créations.

    Je suppose donc qu’Amazon s’est engagé à ne jamais attaquer les auteurs et veille, en échange, avec son contrat, à ce que les fan-auteurs ne puissent pas le faire non plus.

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