Des DJ’s du texte ?

L’arrivée de systèmes d’intelligence artificielle générative peut-elle avoir sur la production de textes des effets similaires à celle des outils électroniques sur la production musicale ?

La numérisation du son le rend manipulable à l’infini, d’une manière qui ne nécessite plus les gestes infiniment précis d’instrumentistes dédiant leur vie à jouer le plus parfaitement possible d’un seul instrument. Certains musiciens développent aujourd’hui d’autres  capacités, leur permettant de manipuler des interfaces à l’oreille, à la recherche du bon son, du bon mélange de sonorités, du bon tempo, du bon rythme.  Les emprunts sont légion, tout comme l’usage des boucles, les mélanges de traditions musicales. De nouvelles expertises et de nouveaux virtuoses sont apparus, qui ne se mesurent ni ne se comparent aux virtuoses de la musique classique, qui évoluent dans un autre monde.

Pensez-vous que surviendront, parce que l’intelligence artificielle le permet, des auteurs d’écrits qui n’auront pas appris l’écriture comme elle a été apprise par leurs aînés, qui ne seront pas nécessairement à l’aise avec l’expression écrite s’il faut qu’elle se fasse avec un crayon et un papier ou même un traitement de texte ? Des auteurs qui chercheront le « bon texte » comme les DJ’s cherchent le « bon son », en utilisant des outils d’IA, puisant dans les milliards de textes écrits par d’autres et pulvérisés sous forme de tokens, en recomposant les fragments habilement, apprivoisant l’art du prompt pour arriver à faire dire au générateur ce qu’ils ont à dire, et pour que cela sonne comme ils désirent que cela sonne ?

 

 

 

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