Adobe annonce Adobe Reader Mobile

Traduction de larges  extraits du communiqué de presse :

« Barcelone – 16 février 2009 – Au congrès mondial GSMA Mobile, Adobe System Incorporated a annoncé aujourd’hui la disponibilié du nouvel  » Adobe® Reader® Mobile SDK, » un kit de développement (Software Development Kit) qui  permet aux sociétés de produire des téléphones mobiles et des terminaux portables supportant sa technologie PDF recomposable, ainsi que la technologie de protection d’Adobe, tout autant que le format EPUB (standard basé sur XML), avec un large support pour les industries de l’édition.

Autour de ce nouveau SDK Adobe Reader Mobile, un certain nombre de sociétés ont annoncé des projets pour produire en 2009 des terminaux ou des applications intégrant cette nouvelle technologie Adobe, parmi lesquelles Bookeen, iREX Technologies, Lexcycle, Plastic Logic, PolymerVision Ltd et Spring Design.  Le moteur Adobe Reader Mobile est déjà intégré dans la toute nouvelle liseuse Sony.

Adobe Reader Mobile SDK propose une technologie qui rend le format PDF recomposable, permettant au texte de s’adapter automatiquement à la taille de l’écran, offrant aux lecteurs la possibilité de lire des contenus numériques sur une grande variété de terminaux en préservant la mise en page et en améliorant la qualité de l’expérience de lecture. Le support du format EPUB devrait accélérer la disponibilité de contenus numériques sur les terminaux mobiles du monde entier. Les consommateurs peuvent acquérir du contenu grâce à  Adobe Reader Mobile, qui permet aussi bien l’accès sans fil (OTA – Over The Air) que l’accès via PC et Macintosh via les dernières versions d’Adobe Digital Editions, l’application d’Adobe permettant la lecture et la gestion de sa bibliothèque numérique sur PC.

« Avec le SDK Adobe Reader Mobile, Adobe augmente la porté des contenus PDF, autorisant l’accès des usagers ds mobilesà des contenus éditoriaux riches, en mobilité », a déclaré Kevin M. Lynch, vice présendent et directeur général de la famille de produits Acribat chez Adobe? « Les consommateurs veulent du contenu qui s’affiche parfaitement sur de petits écrnas, et les éditeurs veulent s’assurer que l’expérience de lecture serz digne de leur marque et, lorsque il le faut, veulent pouvoir protéger leurs contenus. Cette nouvelle application répond à ces deux exigences.

(…)

« La puissance et la sophistication du SDK Adobe Reader Mobile va grandement améliorer Stanza, en offrant la possibilité d’une gestion flexible des droits numériques, à la fois pour le PDF et l’EPUB, ainsi que la possibilité de gérer les emprunts en bibliothèque » a déclaré Marc Prudh’hommeaux, CEO de Lexcycle. « Les 1,3 millions d’utilisateurs de Stanza, situés dans 60 pays, prouvent que la révolution de la lecture numérique est vraiment un phénomène global et que la prochaine génération de terminaux mobiles comme le iPhone et l’iPod Touch joueront un rôle majeur dans l’avenir de la lecture. »

(Question aux visiteurs : c’est quoi, « Spring Design » ? Beaucoup de « Spring Design » en réponse à ma requête sur Google, et aucun candidat évident dans le contexte de ce communiqué de presse…)

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18 réponses à Adobe annonce Adobe Reader Mobile

  1. Hadrien dit :

    C’est une société américaine avec des ressources en Asie et qui compte en son sein des anciens de chez e-ink.

  2. Bruno Rives dit :

    Ganaxa fait également partie des développeurs sur le SDK d’Adobe. La distinction PDF reflowable d’avec ePub est intéressante à noter.

  3. Renaud dit :

    Évolution intéressante.

    Cela dit pourra-t-on changer la taille, la graisse,… de la police et la police elle-même. L’utilisateur pourra-t-il appliquer sa propre feuille de style à son document PDF ou EPUB ? Tout cela en vue d’une meilleure accessibilité.

    Autrement dit, y aura-t-il une vraie séparation, un vrai découplage entre le texte et sa mise en forme (on voit là tout l’intérêt de réutiliser les langages inventé pour le web, XHTML, XML, XSLT… et la faiblesse du conteneur pour le EPUB) cette dernière étant à la discrétion de l’utilisateur en dernier ressort. (Bien entendu, l’éditeur propose toujours une mise en forme par défaut.)

    Le niveau d’accessibilité cible devrait être à terme celui des navigateurs web où l’on peut jouer sur la mise en forme des pages affichées, càd surcharger les feuilles de style de l’auteur/éditeur avec ses propres feuilles de style. Dans ce cas, une tablette électronique prendrait tout son sens, avec le text-to-speech en plus, notamment pour les mal voyants.

    (cf. commentaire http://blog.feedbooks.com/?p=158 )

  4. Alain Pierrot dit :

    @Renaud

    Voir du côté de Calibre, qui autorise pas mal de choix à l’utilisateur pour interpréter à sa guise les choix « génériques » proposés par l’éditeur (le document) : par exemple sérif, sans sérif, etc. mais suit les décisions prises (polices « embedded »).

    Pour le « reflowable PDF », option qui existe depuis le Reader 5.0 (vers 2003 ?), menu Zoom, option « Redistribuer », cela fonctionne bien, mais uniquement au fer à gauche.
    Mode d’emploi et exemple pour tester :
    http://www.adobe.com/uk/epaper/tips/acr5reflow/pdfs/acr5reflow.pdf

    Question plus générale, faut-il limiter ces choix utilisateurs à quelques paramètres « de confort » ou laisser éditer complètement les CSS ? Quelques choix sont sans doute plus réalistes du point de vue des compétences et du temps acceptables à consacrer à cette tâche, mais avec de grands risques que ces choix détruisent l’ensemble de la construction du sens du document, sans que le lecteur se rende compte à temps des conséquences…
    L’édition complète est difficile à envisager sans formation art graphiques + CSS — et incompatible avec les ressources des liseuses actuelles.

    PS:
    La notion de découplage texte/mise en forme ne tient pas compte du problème réel qui est celui du sens du document, pas simplement des histoires de rendu de chaînes de caractères.
    XML, XSLT n’ont pas été « inventés pour le web ». Il faudrait cesser de faire débuter le monde vers 1998 et, même s’il y a des opportunités de carrière avec Internet, de croire que tout s’y joue.

  5. Alain Pierrot dit :

    Plaidoyer pour l’utilisation d’XML afin d’augmenter la liberté de lecture et d’appropriation d’un « contenu » sur PersonaNonData :
    http://personanondata.blogspot.com/2009/02/presuming-no-book.html [en]

  6. Renaud dit :

    @Alain. Merci pour la réponse.

    « Voir du côté de Calibre, qui autorise pas mal de choix à l’utilisateur pour interpréter à sa guise les choix “génériques” proposés par l’éditeur (le document) : par exemple sérif, sans sérif, etc. mais suit les décisions prises (polices “embedded”). »
    -> C’est une solution, mais je ne vois pas les lecteurs modifier la police par défaut dans Calibre.

    « Pour le “reflowable PDF”, option qui existe depuis le Reader 5.0 (vers 2003 ?), menu Zoom, option “Redistribuer”, cela fonctionne bien, mais uniquement au fer à gauche.
    Mode d’emploi et exemple pour tester :
    http://www.adobe.com/uk/epaper/tips/acr5reflow/pdfs/acr5reflow.pdf »
    -> Dans le billet, j’ai lu : « Adobe Reader Mobile SDK propose une technologie qui rend le format PDF recomposable, permettant au texte de s’adapter automatiquement à la taille de l’écran. »
    Mais la question n’était pas là. Je parlais feuille de style (taille, graisse, couleurs, marges, fond, espacement,…)… pas « Zoom »/ »Reditribuer ».

    « Question plus générale, faut-il limiter ces choix utilisateurs à quelques paramètres “de confort” ou laisser éditer complètement les CSS ? »
    -> Sans forcément éditer la feuille de style ce qui demande des compétences techniques, simplement télécharger des feuilles de styles 1. optimisées pour son périphérique, 2. optimisées pour soi-même (accessibilité), 3. selon ses goûts. (Il existe en photo la notion de « presets », fichiers à télécharger et à appliquer sur des fichiers au format .RAW pour avoir différents rendus.)

    « Quelques choix sont sans doute plus réalistes du point de vue des compétences et du temps acceptables à consacrer à cette tâche (…) »
    -> Cf. Point précédent sur le téléchargement de feuilles de style.

    « (…) mais avec de grands risques que ces choix détruisent l’ensemble de la construction du sens du document, sans que le lecteur se rende compte à temps des conséquences… »
    -> Je ne suis pas sûr de comprendre le sens de cette phrase. Je me place du point de vue de la l’accessibilité et de la présentation, de l’affichage du document (pas du sens ou de la sémantique, quasi inexistante dans le fichier au niveau du périphérique, car ce n’est plus du XML).
    Si la question est de savoir si la mise en forme du document a un sens et que l’utilisateur risque de l’altérer en utilisant sa propre feuille de style, cela ne devrait pas être un problème. En effet, étant donné la variété de tailles des écrans, l’éditeur ne maîtrise déjà plus l’affichage, la présentation de son texte au format numérique.
    D’autre part, c’est une façon de penser impression papier : je fais un livre papier avec des caractères de taille normal et un autre grand format avec des gros caractères, et je maîtrise la mise en page pour les deux. L’apport des fichiers électroniques, c’est justement que la forme, la présentation n’est pas figée (paradigme immatériel) et que l’utilisateur peut jouer dessus pour plus de confort, d’accessibilité. C’est dynamique.

    Conclusions :
    1. Étant donné la diversité des écrans, vouloir préserver « l’ensemble de la construction du sens du document » n’est déjà plus possible du fait de la diversité des périphériques électroniques. (Voir les “reflowable PDF” d’ailleurs.)
    2. Dans le paradigme immatériel, ce n’est pas souhaitable pour des raisons d’accessibilité. L’utilisateur doit pouvoir passer outre la mise en page par défaut.

    « L’édition complète est difficile à envisager sans formation art graphiques + CSS (…) »
    -> Cf. Téléchargement de feuille de styles gratuites ou payantes adaptées (ou non) à son périphérique.

     » — et incompatible avec les ressources des liseuses actuelles. »
    -> Je suis bien d’accord, mais là n’est pas la question.

    « PS :
    La notion de découplage texte/mise en forme ne tient pas compte du problème réel qui est celui du sens du document, pas simplement des histoires de rendu de chaînes de caractères. »
    -> Vous pensez que le « sens du document » n’importe pas sur le web ? Bien sûr que si et pourtant il y a bien le découplage texte/mise en forme, et l’internaute peut changer la mise en page par défaut et appliquer d’autres feuille de styles. On ne va pas s’en priver puisque l’immatérialité du texte l’autorise. (D’ailleurs, qui pourrait l’empêcher ?) L’éditeur/le webmaster donne un sens par défaut, le lecteur peut passer outre. S’il me prend l’envie de surligner mes livres papiers, de les découper,… pour que se soit plus pratique ou pour en changer le « sens », c’est moi que cela regarde, non ?

    « XML, XSLT n’ont pas été “inventés pour le web”. »
    *** L’objectif initial de XML est expliqué au début de la spécification du 10 février 1998, la phrase est toujours d’actualité : « Its goal is to enable generic SGML to be served, received, and processed on the web in the way that is now possible with HTML. »(en), « Son but est de permettre à du SGML générique d’être transmis, reçu et traité sur le web de la même manière que l’est HTML aujourd’hui. » *** (Ne pas confondre SGML et XML.)
    Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Xml

    « Il faudrait cesser de faire débuter le monde vers 1998… »
    -> Le propos n’est pas d’être polémique, mais du point de vue de l’affichage/présentation des livres numériques sur les tablettes électroniques, en l’espèce il vaudrait mieux dire : « Il faudrait cesser de faire arrêter le monde vers 1998 » et tirer les enseignements de la publication sur le web du point de vue de l’accessibilité depuis plus de 10 ans. Le découplage fond/forme justement ((X)HTML/CSS).

    « et, même s’il y a des opportunités de carrière avec Internet, de croire que tout s’y joue. »
    -> Bien d’accord.

    C’est incroyable quand même, j’ai l’impression d’œuvrer pour le livre électronique ! :-)

  7. JM Destabeaux dit :

    Dans le texte du lien d’Alain vers PersonaNonData: « [With the delivery of XML content] the publisher can make content available to consumers during what historically may have been considered the production process ».

    D’après les ergonomes, la conception se continue dans l’usage. Une notion de « superpublication » (comme on parle de « superdistribution ») pour conserver l’essence, le sens…?

  8. Renaud dit :

    Je viens tout juste de découvrir et lire l’article qui suit, « L’epub pour de vrai »
    http://leo.hypotheses.org/1131

    Coïncidence étonnante… mais pas tant que ça.

  9. Alain Pierrot dit :

    @Renaud

    Votre idée de proposer un choix de feuilles de style (CSS) indépendamment des titres me paraît une très bonne idée, à explorer tant du point de vue des éditeurs/diffuseurs de livrels que des communautés de lecteurs ou des éditeurs de logiciels et fabricants.
    Le fonctionnement pourrait être assez analogue au choix de « skin » ou « template » désormais ancré dans les mœurs des blogueu/ses/rs.
    La possibilité de tester en ligne le choix de la feuille de style à appliquer à chaque titre, d’en changer suivant la situation de lecture prévue serait bien intéressante.

    Feedbooks, immateriel.fr, …, vous montez une expérience ?

    Pour le découplage texte/mise en forme, je persiste à penser qu’il est aujourd’hui implémenté techniquement sur la facilité du traitement des chaînes de caractères, avec la conception naïve que la construction du sens se laisse linéariser dans l’écriture, avec l’arsenal des caractères (alphabets et ponctuation). Il est pour moi encore nécessaire de réfléchir à ce que l’on va inscrire dans la structure XML parce que cela constitue un document cohérent et conforme aux choix de communication de l’auteur/éditeur, Il s’agit de permettre au lecteur, quand il le souhaite, de faire le départ entre son interprétation/appropriation personnelle du document et le retour vers le « Qu’est-ce que l’auteur dit/veut dire ? ».
    Il ne s’agit pas d’empêcher les multiples modes d’appropriation rendus possibles par la manipulation des données numériques, mais de permettre de publier des documents respectueux d’un message plus complexe que la simple linéarisation de l’écriture ne le permet.

  10. JM Destabeaux dit :

    Il n’est pas toujours facile de distinguer ce qui fait sens dans la forme, et ce qui forme le sens… En typographie, la plupart des critères spatiaux objectifs, mesurables, peuvent donner lieu à des interprétations différentes selon que l’on cherche à préserver le sens (aspect topique) ou la forme (aspect artefactuel):

    italique: topique lorsque code typo (titres, expressions étrangères, distinctions), mais artefactuel lorsque simple choix de design

    compo en blocs: topique dans le découpage en paragraphes (unités de discours), mais artefactuelle pour le placement des illustrations

    largeur de justification: topique si l’on considère un ratio distance fovéale/nombre moyen de mots par phrase, mais artefactuelle si l’on considère un ratio corps/encombrement disponible

    corps, graisse, oeil: topiques lorsque on considère un ensemble de rapports hiérarchiques dans la trace du discours, mais artefactuels lors de considérations de genre (caractères d’affiche)

    espaces de fin de ligne: topiques dans l’écriture poétique et dans les énumérations, mais artefactuelles dans le texte courant au fer ou au pavé

    espacements de haut ou de bas de page: topiques dans le découpage en chapitres, mais artefactuels dans le découpage en feuillets

    Quel doit être le degré de transparence opérative accordé au consommateur par le producteur de l’instrument de lecture? Et sur quoi une CSS peut-elle laisser la main à un lecteur, sans pour autant le transformer en opérateur de compo ou de traitement de texte?

  11. Renaud dit :

    @Alain

    « Le fonctionnement pourrait être assez analogue au choix de “skin” ou “template” désormais ancré dans les mœurs des blogueu/ses/rs. »

    -> Oui, c’est l’esprit. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de modifier l’apparence de tous nos objets immatériel : OS, lecteurs divers, via les skins ; document, site web via les template.

    C’est une façon de s’approprier l’objet et de bénéficier de la compétence de gens plus pointus que nous.

    « La possibilité de tester en ligne le choix de la feuille de style à appliquer à chaque titre, d’en changer suivant la situation de lecture prévue serait bien intéressante. »

    -> Oui, tout à fait. (Possible aussi, pour les courageux, de tester en ligne différents paramètres directement sur un texte affiché selon le rendu d’un écran donné (émulation) et de générer dynamiquement la feuille de style à télécharger une fois un résultat satisfaisant atteint. C’est un peu compliqué, mais c’est dans l’esprit.)

    « Pour le découplage texte/mise en forme, je persiste à penser qu’il est aujourd’hui implémenté techniquement sur la facilité du traitement des chaînes de caractères, avec la conception naïve que la construction du sens se laisse linéariser dans l’écriture, avec l’arsenal des caractères (alphabets et ponctuation). »

    -> Je comprends mieux ce que vous vouliez dire. Oui, on peut expérimenter de ce côté-là aussi et beaucoup le feront. Le cd-rom, le web, on déjà permis d’explorer ; pourquoi pas le livre numérique puisque ses propriétés et son support, la tablette électronique l’autorisent. Mais je reste sceptique, car rien de bien nouveau sous le soleil : lien hypertexte + multimédia + communauté (pour le web). Tout cela a déjà bien été exploré et les résultats sont décevants. Enfin, c’est une opinion personnelle. Mais peut-être pensez-vous à une ou plusieurs œuvres en particulier ?

    « Il est pour moi encore nécessaire de réfléchir à ce que l’on va inscrire dans la structure XML parce que cela constitue un document cohérent et conforme aux choix de communication de l’auteur/éditeur, Il s’agit de permettre au lecteur, quand il le souhaite, de faire le départ entre son interprétation/appropriation personnelle du document et le retour vers le “Qu’est-ce que l’auteur dit/veut dire ?”. »

    -> Je comprends tout à fait. De toute façon, qui peut le plus peut le moins, et rien n’empêche au lecteur revenir à la forme initiale, au « sens », au « message » originel. On ira vers une multiplicité de « sens » individuels (feuille de style) et aussi, pourquoi pas vers un « sens » collectif (travail collaboratif sur les feuilles de style) pour l’œuvre avec la possibilité à chaque instant de revenir au sens premier, au message originel délivré par l’œuvre.
    -> Cela dit, on voit qu’il ne faut pas non plus exagérer l’apport en terme de « sens » véhiculé par la forme dans un contexte littéraire.

    « Il ne s’agit pas d’empêcher les multiples modes d’appropriation rendus possibles par la manipulation des données numériques, mais de permettre de publier des documents respectueux d’un message plus complexe que la simple linéarisation de l’écriture ne le permet. »

    -> Oui, d’accord. Cela dit, il ne faut pas non plus exagérer l’apport en terme de « sens » véhiculé par la forme. [Nous parlons bien de textes littéraires et non de documents techniques.]
    Prenons, par exemple, les calligrammes d’Apollinaire. Il me semble que n’importe qui peut en reproduire la forme, mais le fond, la part littéraire, n’appartient qu’à Apollinaire. Alors, dans ce cas, que l’on soit respectueux de la forme, est-ce si important ? Pour le dire d’une façon peu provoquante, j’attends autre chose d’Appolinaire qu’une feuille de style. Il ne faudrait pas lâcher la proie pour l’ombre non plus.

    Pour avancer encore, dans le paradigme immatériel, jouer sur la forme est ce qui vient spontanément à l’esprit, de façon triviale pour l’accessibilité du texte.

    Les auteurs et les éditeurs doivent également être conscients que s’ils ne maîtriseront plus la forme, ils ne maîtriseront pas plus le contenu… Dans le paradigme immatériel, le livre est un fichier électronique. À la différence du livre papier, il n’est pas intangible ET les modifications que les utilisateurs peuvent apporter sur le fond peuvent être industrialisées et diffusées très largement. C’est d’ailleurs le cas des mp3 resamplé ou des photos retravaillées par des graphistes. C’est la règle pour tout ce qui est immatériel et c’est tellement vrai que cela est explicitement prévu dans les options de la licence Creative Commons, par exemple.

    Autrement dit, et même si c’est plus fastidieux, l’auteur et l’éditeur ne maîtriseront plus, ni la forme, ni le contenu (ce dernier aspect peut être plus ou moins indolore).

    Matériel et immatériel, ce sont deux mondes radicalement différents, dont les règles sont différentes (pour le meilleur et pour le pire) et restent en partie à découvrir (bien qu’à mon avis on connaisse l’essentiel de ce qu’il y a savoir).

    [Précision par rapport à mon précédent commentaire : « (pas du sens ou de la sémantique, quasi inexistante dans le fichier au niveau du périphérique, car ce n’est plus du XML) »

    → C’est abuser. Si on prend le format EPUB basé essentiellement sur (X)HTML et CSS, il y a du sens et de la sémantique dans la feuille de style CSS bien entendu.]

  12. Renaud dit :

    @JM Destabeaux

    Votre commentaire est intéressant. Difficile effectivement de faire la part entre ce qui relève du sens et de la forme. Souvent, la mise en page est un compromis entre les deux.

    Cela dit, ce travail, cette réflexion, n’a, me semble-t-il, de sens que pour l’édition papier. C’est d’ailleurs ce qui participe de l’attrait des livres papiers, une belle mise en page, un papier agréable, etc.

    Le fichier électronique, lui, est plus impersonnel. On ne sait quel périphérique l’affichera (pda, tablette électronique, iphone, mobile, pc, mac, imprimante,…), ni dans quelles conditions (couleur/niveau de gris, contraste,…).

    Le papier est respectueux de la mise en page, du sens, pas le fichier électronique (sauf à lier le fichier à un périphérique). Les calligrammes n’ont de sens que sur le papier. A quoi ressembleraient-ils sur un téléphone portable ou un Iphone ?

    En revanche, le fichier électronique possède d’autres qualités. Il est mieux adapté pour mettre à disposition de l’information rapidement et pour naviguer dans le texte (faire une recherche).

    La mise en page n’est pas (ne peut pas être) déterminante pour le fichier électronique, car l’apport du fichier électronique réside également dans le fait que le texte est recomposable et adaptable à celui qui le lit. L’aspect pratique prime sur l’aspect artistique. Enfin, c’est un point de vue.

  13. Alain Pierrot dit :

    @Renaud
    Publier des fichiers électroniques

    Différence radicale de perspective! En tant qu’éditeur, on peut se sentir contraint à l’utilisation d’un média (papier, fichier électronique) et ne publier que ce qui respecte ses contraintes et tire profit de ses opportunités.

    Ou publier des produits pour un marché, et choisir le média le mieux approprié, dont les contraintes ne rendent pas vain le travail de création sans pour autant s’astreindre à utiliser toutes les opportunités.

  14. JM Destabeaux dit :

    @Renaud: « Le fichier électronique, lui, est plus impersonnel. » « Il est mieux adapté pour mettre à disposition de l’information ».

    Je ne crois pas qu’il existe une information pure, désincarnée, sans support et sans intention. Étymologiquement, informer, c’est mettre en forme. Réciproquement, toute écriture est d’abord, voire uniquement, la trace visuelle d’une intention discursive.

    Même un texte au kilomètre, apparemment sans mise en forme ni retours ligne, comporte des indications de cette intention, exprimées sous forme graphique: la ponctuation, les capitales sont déjà du balisage. Les quelques exemples de mise en forme « topique » que j’ai donnés pourraient faire l’objet d’une analyse linguistique comme réduction d’un prototexte sous-jacent (voir les travaux de J. Virbel).

    Il me semble que concevoir une publication, c’est d’abord anticiper les modalités de l’activité de lecture de l’intention, quels que soient les supports, passés, présents ou à venir, de son inscription. Les procédés de cette facilitation sont essentiellement dispositionnels (typographie, agencement spatial) et organisationnels (découpage, indexation, liaison). L’attrait visuel et les indices graphiques d’appartenance à un genre, plus ou moins ritualisés à partir des contraintes physiques du support de destination, sont seulement des composantes de son efficacité.

  15. Renaud dit :

    @Alain, @JM Destabeaux

    Ce que j’ai écrit est suffisamment clair et je n’ai pas grand-chose à ajouter sur le fond.

    Avec un livre numérique (fichier électronique), on ne maîtrise pas vraiment l’affichage du texte inscrit à l’intérieur, car :

    1. étant donné la diversité des périphériques présents et à venir, ce n’est pas possible

    2. pour des raisons d’accessibilité, ce n’est pas souhaitable. Aussi les formats de publication électronique devraient-ils favoriser le découplage fond/forme (la mise en page notamment pourrait être gérée par une feuille de style facilement remplaçable afin que la mise en page s’adapte à nos usages)

    Il se peut également que pour différentes raisons (idéologiques -ex. créationnisme-, politiques, actes de malveillance ou autres) le contenu du fichier électronique soit également altéré (de façon plus ou moins indolore) et mis à disposition en libre téléchargement.

    La modification du contenu du fichier électronique peut également procéder d’une intention créative, notamment si la licence d’utilisation du fichier l’autorise explicitement (voir certaines options de la licence Creative Commons http://fr.creativecommons.org/ ).

    Le fichier électronique a cette propriété qu’il peut être altéré et diffusé largement, contrairement au livre papier qui ne peut être qu’altéré. Aussi, dans certains cas, attention à ce que téléchargerons et à ce que nous lirons.

  16. Renaud dit :

    @Alain

    « Pour le découplage texte/mise en forme, je persiste à penser qu’il est aujourd’hui implémenté techniquement sur la facilité du traitement des chaînes de caractères, avec la conception naïve que la construction du sens se laisse linéariser dans l’écriture, avec l’arsenal des caractères (alphabets et ponctuation). »

    [-> Je comprends mieux ce que vous vouliez dire. Oui, on peut expérimenter de ce côté-là aussi et beaucoup le feront. Le cd-rom, le web, on déjà permis d’explorer ; pourquoi pas le livre numérique puisque ses propriétés et son support, la tablette électronique l’autorisent. Mais je reste sceptique, car rien de bien nouveau sous le soleil : lien hypertexte + multimédia + communauté (pour le web). Tout cela a déjà bien été exploré et les résultats sont décevants. Enfin, c’est une opinion personnelle. Mais peut-être pensez-vous à une ou plusieurs œuvres en particulier ?]

    -> Dans la remarque qui précède ([…]), je suis resté sur ma propre idée et je n’ai pas suivi la votre.

    Pour revenir à ce que vous écrivez, je ne connais pas d’implémentation alternative au découplage texte/mise en forme qui ne s’appuie sur traitement des chaînes de caractères, le caractère étant le constituant élémentaire au niveau (X)HTML/CSS tout du moins (avec bien entendu la possibilité de traiter des chaînes de caractères, des blocs,…) C’est a priori la manière la plus précise d’afficher du texte sur un écran.

    Quant à la « construction du sens », elle relève de l’activité cognitive de celui qui lit ce qui est affiché, et c’est un tout autre problème.

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