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Toi aussi, tu peux écrire une nouvelle fin pour le dernier épisode de Gossip Girl

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Non seulement tu peux écrire une fin alternative au dernier épisode de la saison 3 de ta série préférée, ça, tu pouvais déjà le faire depuis longtemps, et la publier par exemple sur le site fanfiction.net, mais bientôt, tu vas pouvoir la vendre sur Kindle Worlds, annoncé aujourd’hui par Amazon.  Attention, il ne s’agit pas d’un nouveau canal d’auto-édition, mais bien d’un appel aux amateurs de fan fiction afin qu’ils adressent leurs écrits à Amazon. Afin d’éviter tous les ennuis juridiques pouvant découler de la réutilisation de matériel protégé par le droit d’auteur, Amazon a conclu un accord avec les ayants droit de ce qui est désigné par le terme «  World  », et que l’on traduira par Univers. Pour l’instant, Amazon a signé avec Alloy Entertainment, la société qui détient les droits des séries Gossip Girl, Pretty Little Liars, Vampire Diaries, un accord selon lequel les amateurs de fan fiction peuvent utiliser sans crainte d’être attaqués en justice chacun des univers de ces séries pour inventer de nouvelles aventures, des suites, des fins alternatives etc. Les histoires ainsi produites sont vendues, et auteurs comme ayants droit sont rémunérés. La part de revenu versée à Alloy Entertainment n’est pas indiquée, l’auteur quant à lui touche 35% du prix de vente au public pour les titres qui dépassent 10 000 mots, et 20% pour ceux inférieurs à cette longueur. Et aussi, il faut le noter, les auteurs de ces fan fictions cèdent tous leurs droits à Amazon, pour la durée du copyright, et pour le monde entier.

Amazon ne publiera pas systématiquement tous les titres qui lui seront adressés, se réservant le droit d’écarter ceux qui ne correspondent pas aux «  Content Guidelines  », qui sont les suivantes :

  • Pornographie : nous n’acceptons pas de pornographie ou de descriptions visuelles choquantes  d’actes sexuels.
  • Contenu choquant : nous n’acceptons pas de contenu choquant, ce qui inclut mais ne se limite pas aux injures racistes, aux éléments excessivement violents, ou au langage excessivement grossier.
  • Contenu illégal : nous prenons les violations de la loi et de la propriété intellectuelle très au sérieux. Il en va de la responsabilité des auteurs de s’assurer que leur contenu ne contrevient pas aux lois du copyright, des marques déposées, à la protection de la vie privée, et à d’autres droits.
  • Mauvaise expérience utilisateur : nous n’acceptons pas les livres qui fournissent aux utilisateurs une piètre expérience. Cela inclut pas exemple les livres mal formatés, les livres disposant de titres, couvertures ou description de produit trompeurs.
  • Usage excessif des marques : nous n’acceptons pas l’usage excessif de noms de marques ou l’inclusion de nom de marques en tant que publicité payante ou promotion.
  • Recouvrement : aucun recouvrement entre différents Univers n’est permis, ce qui signifie que votre œuvre ne peut inclure aucun élément issu d’un livre, fim ou autre,  protégé par le copyright venant d’un autre Univers que celui que vous avez initialement choisi.

Encore une fois, Amazon avance à grand pas. On sera attentif à l’accueil qui va être fait à cette offre par les amateurs de fan fiction, et on est assez bluffé de la manière dont Amazon prend les usages réels des auteurs de fan fiction au sérieux, pour bien sûr, on ne se refait pas, imaginer aussitôt des moyens de  monétiser ces usages. Seul un acteur de la taille d’Amazon était probablement en mesure de conclure de tels accords avec les ayants droit d’univers transmedia de renommée mondiale.

Amazon propose aux auteurs de fan fiction,  qui n’avaient rien demandé  et semblaient assez heureux sur leur petit coin de web, une rémunération, perspective à laquelle beaucoup d’entre eux auront probablement du mal à résister. Même si,  pour la plupart, les ventes seront très faibles et les revenus minces. Mais contrairement aux auteurs auto-édités, qui conservent tous leurs droits et à qui il faut, en cas de succès, si l’on souhaite signer un contrat avec eux, verser des à valoir qui peuvent très vite monter si plusieurs éditeurs s’intéressent au même auteur, les utilisateurs de Kindle Worlds se transformeront immédiatement en «  machines à cash  » en cas de très gros succès, directement au profit d’Amazon, qui n’aura absolument pas besoin de proposer le moindre à valoir, ni d’enchérir sur des propositions tierces – les droits auront été cédés dès le départ, droits mondiaux pour la durée du copyright : il fallait y penser.

Le fallait-il vraiment, à votre avis ?

 

 

 

 

 

Ceci n’est pas un iPad

Greg Knieriemen a adressé  une lettre ouverte à Jeff Bezos, le patron d’Amazon avant de rapporter en magasin  la tablette Kindle Fire qu’il venait d’acquérir. Pourtant Greg Knieriemen adore Amazon. Ce n’est pas lui qui aurait écrit, comme l’auteur du blog le journal d’une lectrice : Le Kindle ne passera pas par moi.

Non, Greg Knieriemen n’a rien contre Amazon. D’ailleurs, il travaille pour une société qui vend aux entreprises des services d’hébergement informatique qui s’appuient sur la solution AWS (Amazon Web Services), dite aussi Amazon S3. Acheter tous ses livres et sa musique sur Amazon ne le dérange pas, et il ne se sent pas le moins du monde concerné par la possible fin des librairies.

Alors, qu’est-ce qui a conduit Greg à renvoyer sa tablette Fire à Amazon ? Il l’explique à Jeff Bezos :

«  Comme tu le sais certainement, il est impossible de charger et d’utiliser une appli Google nécessitant un login sur une Kindle Fire. Cela signifie : pas de Gmail, pas de Google+, pas de Google Voice ni de Google Docs. J’aurais dû parcourir plus soigneusement l’app store d’Amazon avant d’acheter le Kindle Fire. J’assumais à tort que puisque vous aviez construit le Kindle Fire sur le système d’exploitation de Google, il n’y aurait aucun problème pour utiliser les applis Google avec. (…)

Malheureusement, je dois rapporter ma Kindle Fire chez Best Buy, et récupérer quelques cartes cadeau. J’espère sincèrement que tu vas reconsidérer ce fait de bloquer les applis Google sur le Kindle Fire.  »

Knieriemen n’est pas le seul à avoir noté l’absence des applis Google sur la tablette Fire. Walt Mossberg, dans le Wall Street Journal, écrit :

«  Finalement, alors que la Fire, comme beaucoup d’autres tablettes, est basée sur le système d’exploitation Androïd, Amazon a pris le parti de cacher Androïd. Il évite son interface utilisateur et presque toutes les applis et tous les services de Google, y compris l’app store Google.  »

Mais, pour Mossberg, la raison en est simple :

«  Le logiciel de la Fire est entièrement tourné vers le contenu, vers les applis qu’Amazon vous a déjà vendus et l’achat facile de nouveaux contenus.  »

En cela se confirme ce que j’écrivais il y a quelques semaines : la tablette Fire n’est pas exactement un concurrent de l’iPad, qui est utilisé par certains comme un substitut à l’ordinateur portable. Et ce doit être le cas de Greg Knieriemen, qui, alors, a toutes les raisons de rapporter sa tablette. Pour quelqu’un qui utilise quotidiennement un grand nombre des services de Google, en être privé sur un terminal qui doit rendre des services proches de ceux d’un laptop est insupportable.

Alors que le «  moment ebook  » est tout juste en train d’advenir en France, avec la mise en circulation probable d’un grand nombre de liseuses en cette fin d’année, celles d’Amazon, de Kobo, de Bookeen et d’autres, on voit que l’arrivée aux Etats-Unis des tablettes (Amazon, Kobo, Nook)  n’est pas seulement l’opportunité d’ouvrir la lecture numérique aux livres de jeunesse, aux livres pratiques, aux beaux livres et aux livres enrichis. La Kindle Fire propose non seulement le téléchargement de livres, mais également l’accès à de la musique, des jeux, des films.

La tablette Fire serait-elle simplement une «  machine à acheter  » ? Ce fut l’une des principales critiques adressées à l’iPad au moment de son lancement. Et tout comme l’iPad, elle en est une, bien entendu. Mais pourquoi la société Amazon aurait-elle investi, pour un tel objet, dans la création d’un navigateur web spécifique, Silk, s’il s’agissait  pour elle de proposer une simple  machine à acheter, branchée de manière privilégiée sur sa boutique en ligne ? La tablette d’Amazon est aussi indissociable de son cloud que le sont du sien les terminaux d’Apple. On s’aperçoit que les lignes bougent, encore une fois, et qu’il devient impossible de tracer clairement et surtout définitivement les contours des activités de ces acteurs globaux. Apple, fabricant d’ordinateurs et de logiciels, s’est intéressé à la musique, aux livres, à la presse, au téléphone, à la télévision. Amazon a commencé avec les livres, puis agrandi son magasin en ligne à quantité de produits, ouvert son service AWS, développé des terminaux mobiles, offert des services aux auteurs, embauché des éditeurs. L’opposition tuyaux / contenus perd de plus en plus de sa pertinence, et tout se restructure aujourd’hui d’une manière nouvelle, autour d’acteurs qui investissent toujours plus dans des infrastructures lourdes, d’immenses fermes de serveurs, qui permettent de stocker et  de faire circuler tout ce qui peut se transformer en bits toujours plus vite, toujours plus loin.

La tablette Fire est dotée d’un navigateur web développé par Amazon, Silk, qui inaugure  une nouvelle génération de navigateurs.

Comme l’explique Louis Nauguès :

«  Silk est le premier navigateur qui a été conçu dès le départ dans une logique Cloud Computing, par une entreprise, Amazon, qui est devenue en moins de 5 années le leader mondial des IaaS, Infrastructures as a Service, avec AWS, Amazon Web Services.

L’idée toute simple, mais révolutionnaire est de faire de Silk un « split browser », qui répartit l’ensemble des traitements liés à la navigation entre le poste de travail, Kindle fire, et le Cloud, AWS.

Ce qu’annonce Amazon, et qu’il faudra vérifier, est que cette répartition des traitements est totalement transparente pour les utilisateurs et s’adapte en permanence aux circonstances.

Il n’est pas très difficile de comprendre que les améliorations de performances, en particulier sur des objets mobiles tels que Kindle Fire, peuvent être spectaculaires. (…) le Cloud AWS d’Amazon dispose de connections fibres optiques très rapides permanentes et peut agréger des contenus venant des principaux sites Web en quelques millisecondes.

Si l’on y rajoute la possibilité pour AWS d’adapter le poids des pages et des images aux capacités d’affichage des objets d’accès, les transferts entre AWS et Kindle Fire seront beaucoup plus performants et rapides.

Plus l’utilisateur sera sur un réseau mobile lent, plus la perception d’amélioration de vitesse devrait être spectaculaire.

Le Web est le territoire parfait de la « coopétition », la collaboration entre compétiteurs et Silk le démontre une fois de plus. Amazon utilise pour Silk le protocole expérimental SPDY, substitut de HTTP, proposé par … Google !  »

Jusqu’à Silk, Amazon ne connaissait de vous que votre activité sur son site. Mais à partir du moment où vous laisserez le mode «  split  » du browser de votre tablette Fire activé, nombre d’informations concernant votre surf avec votre tablette transiteront par le cloud d’Amazon.  Jon Jenkins, directeur des développements de Silk, a répondu sur ce sujet  aux questions de l’Electronic Frontier Fondation

«  Amazon nous assure que les seuls éléments d’information concernant le terminal qui seront régulièrement enregistrés sont :

1. L’URL de la ressource demandée
2. La date et l’heure de la requête
2. Un jeton identifiant une session

Ces informations sont stockées 30 jours.  [le site d'Amazon ajoute "généralement"...] Le jeton ne contient aucune information permettant d’identifier un terminal ou un utilisateur, et est utilisé uniquement pour identifier une session. En effet, Jenkins déclare, «  les identifiants individuels tels que les adresses IP et MAC ne sont pas associés avec l’historique de navigation, et sont uniquement collectés pour le cas de problèmes de fonctionnement  ». Nous avons demandé à plusieurs reprises s’il y avait un moyen pour Amazon d’associer les logs avec un utilisateur particulier ou un compte Amazon, et il nous a été répondu que non, il n’en existait pas, et qu’Amazon n’était pas en position de pister les utilisateurs.  »

Selon le blog naked security, la déclaration suivante de Jenkins

«  Les requêtes sécurisées (SSL) sont routées directement depuis la Kindle Fire vers le serveur d’origine et ne passent pas par les serveurs EC2 d’Amazon  »

est  en contradiction avec la FAQ d’Amazon sur son site.

«  Nous établirons une connexion sécurisé depuis le cloud vers le site propriétaire en votre nom pour les requêtes de sites utilisant (SSL).  »

Voilà qui mériterait d’être éclairci. L’amélioration de l’expérience utilisateur est certainement un objectif important, et on sait que chaque milliseconde compte lorsqu’il s’agit d’afficher un site web. Et pour ceux qui n’ont pas confiance dans les déclarations d’Amazon, il est toujours possible de désactiver le mode «  split browser  ». On surfera moins vite alors…  Encore une fois, l’utilisateur se retrouvera devant ce dilemme auquel on a fini par s’habituer : ou bien je renonce à un service pratique, rapide, agréable et tentant, ou bien je laisse un tiers accéder potentiellement à mes données personnelles, un tiers qui me jure, la main sur le cœur, qu’il ne s’en servira pas.

Une bonne nouvelle pour la blogueuse du journal d’une lectrice, et pour tous ceux qui n’ont pas envie de devenir clients à vie d’un seul libraire : sur la tablette Fire, dixit Teleread,  il est possible de télécharger les applications Kobo, Aldiko et BlueFire, qui permettent de lire des epubs. La société Amazon permettra-t-elle à leurs utilisateurs l’achat in-app ? Sera-t-elle tentée de faire comme Apple et de l’empêcher en exigeant de prélever sur ces achats un pourcentage prohibitif ?

Greg Knieriemen

« Les meilleurs esprits de ma génération… »

Dernière innovation Chez Amazon (US),  la  : possibilité de connecter son compte Amazon et son compte Facebook. A noter, le livre n’est pas explicitement mentionné dans l’annonce  qui dit «  Discover Amazon recommendations for movies, music, and more based on your Facebook profile.  »
Pour avoir une idée des coulisses de ces incroyables «  marketing machines  », la lecture de cet article de Bloomberg Businessweek est édifiante. Extrait :

En tant que  génie des maths de 23 ans, un an après sa sortie d’Harvard, Jeff Hammerbacher est arrivé chez Facebook lorsque la société en était encore à ses tout débuts. C’était en avril 2006, et Mark Zuckerberg donna à Hammerbacher, qui faisait partie des 100 premiers salariés de Facebook, le titre ronflant de chercheur, et lui demanda de travailler sur l’analyse de la manière dont les gens utilisaient le service de réseau social. Spécifiquement, il avait pour tâche de découvrir pourquoi Facebook prenait rapidement dans certaines universités et échouait à décoller dans d’autres. La société voulait également tracer les différences de comportement entre les jeunes du secondaire et ceux du premier cycle universitaire. «  J’étais là pour répondre à ces questions de haute volée, et ils n’avaient vraiment aucun outil pour le faire  », dit-il.

Durant les trois années qui suivirent, Hammerbacher composa une équipe pour construire un nouveau genre de technologie analytique. Cette équipe rassembla d’énormes volumes de données, les étudia de très près, et apprit beaucoup au sujet des relations entre les gens, des tendances, des désirs. Facebook, depuis, a utilisé ce travail pour développer la publicité ciblée, qui constitue la base de son modèle d’affaires. Cela permet aux sociétés d’avoir accès à des groupes captifs de personnes qui se sont effectivement portées volontaires pour que leurs agissements en ligne soient monitorés, comme s’ils étaient des rats de laboratoire. L’espoir – qui s’est concrétisé avec une valeur de 65 milliards de dollars accordée à Facebook – est que les données en très grand nombre se transforment en publicité, qui se transforment en meilleures ventes.

Après quelques années chez Facebook, Hammerbacher commença à s’inquiéter. Il réalisa que l’essentiel de ce qui était révolutionnaire en termes de développement informatique avait été fait. Quelque chose d’autre le rongeait. Hammerbacher regarda autour de lui, dans la Silicon Valley, vers des sociétés comme la sienne, vers Google et vers Twitter, et il vit ses pairs perdre leur temps et leur talent. «  Les meilleurs esprits de ma génération passent leur temps à réfléchir à la manière de faire en sorte que les gens cliquent sur des publicités  », dit-il. «  Ça craint !  »

Je pensais que les codeurs étaient les rois de la Silicon Valley. Cet article laisse entendre que ce sont les mathématiciens qui, en réalité, y sont les plus recherchés. Les meilleurs d’entre eux.

Merci à Hubert Guillaud qui a signalé l’info sur twitter, et détaille le fonctionnement de «  Connect Amazon with  Facebook  » dans un billet qui vient de paraître sur La Feuille.

Du spam sur les étagères d’Amazon

Vous détestez le spam. Vous avez appris, lorsque vous cherchez une information sur Google à détecter d’un coup d’œil dans la liste de résultats les «  faux sites  » des vrais. Vous vous êtes fait prendre une fois ou deux, puis vous avez mémorisé les URL à bannir, et les signes qui annoncent un site sans véritable contenu. Vous avez compris depuis longtemps qu’il existe quantité de sites sans auteurs, qui se contentent d’agréger sans objectif de service du texte aspiré ici et là, uniquement en fonction des requêtes les plus fréquentes, afin d’attirer l’internaute, peu importe s’il ne trouve pas de réponse sur le faux site, il a cliqué, il est venu, le compteur tourne, le nombre de visiteurs uniques augmente, le page rank grimpe, et voilà, le tour est joué.

Google vous donne un coup de main, modifiant son algorithme deux fois coup sur coup, une fois pour pénaliser dans ses résultats les sites produits par des fermes de contenu, réalisés par des volontaires sous-payés recrutés pour écrire le plus vite possible sur n’importe quel sujet, une autre pour pénaliser les «  scraper websites », qui ne contiennent aucun contenu original.

Vous avez en tête les déclarations maintes fois entendues, qui diabolisent le web et ce qui s’y écrit, les dangers d’un lieu non régulé, où tout un chacun peut publier.  Alors que les livres, disent souvent les mêmes personnes, sont infiniment plus dignes de confiance  : les auteurs sont sélectionnés, leurs textes sont relus, l’éditeur veille sur la qualité du fond et de la forme.

Mais, alors que vous avez appris à trier vous même les résultats de votre moteur de recherche, et à trouver les pépites parmi les cailloux sans intérêt, alors que Google vous aide désormais en veillant à reléguer loin dans son classement les sites sans intérêt, voici que les spammeurs ont trouvé une autre cible  : les ebooks.


Vous vous souvenez de Jack Nicholson dans Shining, tapant sans fin sur sa machine à écrire la phrase «  All work and no play makes Jack a dull boy  »  ?  Le personnage du film pourrait aujourd’hui sans problème (pour peu qu’il y ait du réseau dans son hôtel perdu dans la montagne) publier un livre composé uniquement de cette phrase répétée sur 500 pages. Il aurait facilement transformé le fichier en EPUB, puis mis en vente ce fichier dans la section ebooks d’Amazon. Je ne dis pas qu’il aurait pu l’y laisser très longtemps, ni qu’il en aurait vendu des quantités, mais l’essai a été tenté par Mike Essex, un spécialiste de la recherche en ligne de l’agence britannique de marketing numérique Impact Media. Il a copié puis collé des centaines de fois les paroles d’une chanson, en a fait un fichier numérique qu’il a publié sur Amazon, et a attendu. Rien. Rien n’est mis en place pour détecter un faux livre de ce type. Bien sûr, personne d’autre ne s’amuse à publier exactement ce type de faux livres, mais il en existe bien d’autres, fabriqués à partir de texte aspiré sur le web, ou bien reprenant sans aucun effort éditorial particulier des ouvrages du domaine public. Faites l’expérience  : tapez   »Manuel Ortiz Braschi  » dans le moteur de recherche d’Amazon US. Cet «  auteur  » a 3090 ebooks à son actif  à l’heure où j’écris , vendus le plus souvent 3,44 $…

Les quelques commentaires montrent le désarroi des acheteurs qui se font piéger, mais hésitent à se mobiliser pour une dépense de 3,44 $, et il est probable que la personne qui se cache derrière ce nom et perçoit 70% du prix de vente doit tirer un revenu régulier de ces centaines de titres.

Essex plaide pour la mise en place d’un minimum de contrôle de la part des plateformes de livres numériques, afin de détecter les «  faux livres  ». Amazon, très attaché à l’expérience utilisateur, devra apporter une réponse, avant que les spammeurs du livre numérique ne se multiplient, et encombrent les étagères virtuelles, noyant des livres de valeur parmi une masse de pseudo livres.

Changer nos façons de travailler (3)

Clément Laberge signale sur son blog le billet de Hugh Mc Guire sur O’Reilly Radar : The line between book and Internet will disappear. La dernière partie de ce billet me rappelle une question que j’avais posée à Christian Fauré il y a déjà deux ans : «  Comment expliquer ce qu’est une API à un patron d’édition ?  » et à laquelle il avait répondu dans ce billet. Que dit Hugh Mc Guire ? Que ce qui se passe aujourd’hui dans le monde de l’édition est une étape transitoire. Une étape que j’avais désignée un jour comme le «  moment ebook  » : une transposition, la plus littérale possible, des livres sur des supports numériques. Et cette étape, déjà, nécessite des changements importants dans les maisons d’édition.

Ce qu’évoque Hugh Mc Guire dans son billet, c’est l’étape suivante. C’est en pensant à cette étape suivante que j’avais eu envie de poser ma question à Christian. À ce moment, le monde de l’édition entrera de plain pied dans l’écosystème d’Internet. Les livres numériques que nous fabriquons aujourd’hui sont, du point de vue de la logique web, des objets assez paradoxaux, comme suspendus entre l’objet livre dont il sont le simulacre, et le destin numérique qui les attend :

«  Une API (Application Programming Interface) est une interface de programmation. C’est ce que les sympathiques entreprises du web construisent, pour faire en sorte que d’autres entreprises innovantes et développeurs puissent construire des outils et des services s’appuyant sur leurs propres bases de données et services.

Par exemple :

Google Maps a une  (et même plusieurs…) API(s), de sorte que les services de géolocalisation (par exemple Yelp) peuvent utiliser Google Maps et les informations business qu’il contient pour mieux servir ses clients de niche.

Twitter possède une API, ainsi des services tiers peuvent construire des clients Twitter, rechercher sur Twitter, fournir des statistiques sur Twitter etc…

Amazon a une API, qui permet aux développeurs de trouver des produits et de pointer sur l’information qui leur est associée.

Wikipedia a une API, ainsi on peut faire quelque chose comme de fabriquer des livres à partir de l’ensemble des versions successives de l’article de Wikipedia concernant la guerre d’Irak.

Nous sommes encore très très loin du moment où les éditeurs se considèreront eux mêmes comme des fournisseurs d’API, des Interfaces de Programmation des livres qu’ils publient. Mais nous avons observé à de nombreuses reprises que la valeur augmente lorsque les données s’ouvrent (parfois de manière sélective) au monde. C’est vraiment pour cela qu’Internet est fait ; et c’est là où l’édition de livres va aller. Finalement.

Je ne sais pas exactement ce à quoi une API pour les livres  pourrait bien ressembler.

Je ne sais pas quelles choses géniales les gens vont commencer à faire lorsque les livres seront réellement sur Internet.

Mais je sais que cela va arriver, et que l’avenir de l’édition a quelque chose à voir avec cela. Le monde actuel des livres numériques n’est qu’une transistion vers un écosystème de l’édition de livres numériques connectés qui ne ressemblera en rien au monde des livres dans lequel nous vivons aujourd’hui.  »

Aujourd’hui, déjà, nous changeons nos manières de travailler, pour créer et diffuser des livres en version numérique. Mais ne croyons pas qu’une fois cette transition effectuée, une fois que ces changements auront été parfaitement intégrés, nous pourrons nous asseoir et souffler. Il est fort probable, au contraire, que des changements bien plus importants nous attendent. Et c’est maintenant qu’il faut y penser, c’est aujourd’hui qu’il faut s’y préparer, en demeurant curieux et ouverts, attentifs à ce qui se passe sur le web, actifs sur les réseaux, curieux des avancées et des innovations. Pas plus que Hugh Mc Guire je n’ai une idée bien précise de ce à quoi ressembleront ces «  API des livres  ». Mais je partage cette intuition que c’est ce qui nous attend.

On ne s’étonnera pas de trouver Hugh Mc Guire parmi les intervenants d’un événements organisé par Internet Archive à San Francisco les 21 et 22 octobre prochain, intitulé «  Books in Browsers  ».

The Mongoliad : un monde fictif virtuel partagé massivement multi-lecteurs

mongoliad_w150Mardi 25 mai était dévoilée à San Francisco la version alpha du premier projet de  Subutaï Corporation, une équipe qui regroupe des écrivains, des développeurs, des game-designers et des directeurs artistiques.

Il y a longtemps, depuis la lointaine époque du cédérom, que j’ai l’intuition que c’est via un rapprochement entre les auteurs de l’écrit et le monde du jeu (développeurs, game designers, directeurs artistiques, réalisateurs ) que s’inventeront probablement de nouvelles formes narratives sachant tirer parti des hybridations que les technologies informatiques autorisent, ce que l’on appelait dans les années 90 le multimédia interactif.

La composition de l’équipe de Subutaï Corporation en est l’illustration : les auteurs, issus de l’univers de la SF, de la mouvance post-cyberpunk,  s’entourent de professionnels qui pourraient figurer dans un roman de Douglas Coupland,  l’un architecte de plateformes de jeux massivement multijoueurs, l’autre spécialiste des textures, tous familiers de la 3D et de l’univers du jeu.

Voici comment Subutaï présente son projet, dans un mail adressé à ceux qui se sont inscrits pour la version alpha sur son site :

«  Au centre du dispositif, une aventure médiévale contée par Neal Stephenson, Greg Bear, Nicole Gallan, Mark Teppo et d’autres auteurs renommés, qui se situe à une époque où l’Europe pensait que les hordes mongoles étaient sur le point de détruire son monde, et où une petite bande de mystiques et de combattants essaient de détourner le cours de l’histoire.

Nous avons travaillé de manière avec des artistes, des chorégraphes de combats et d’autres spécialistes des arts martiaux, des programmeurs, des réalisateurs, des game designers, et pas mal d’autres gens pour produire un flux constant de contenu non textuel, para et extra narratif, dont nous pensons qu’il donnera vie à l’histoire d’une manière inédite, et qui ne pourrait pas être envisagée sur un média unique.

Très prochainement, lorsque The Mongoliad contiendra une une masse suffisante de récits et de contenu, nous demanderons aux fans de nous rejoindre pour créer le reste du monde et créer de nouvelles histoires dans celui-ci. C’est là que débutera la partie réellement expérimentale du projet. Nous sommes en train de développer des technologies vraiment «  cool  » pour rendre cela facile et amusant, et nous espérons qu’un grand nombre d’entre vous les utiliseront.

Les gens pourront accéder à The Mongoliad sur le web et via des applcations pour mobile. Nous allons commencer avec l’iPad, l’iPhone, les terminaux sous Androïd, des applis Kindle, et nous ferons probablement plus encore dans un futur proche.  »

Cory Doctorow signale le projet sur boing-boing en ces termes :

«  Il  y a déjà eu quelques expériences notables de mondes partagés en ligne, du vénérable alt.cyberpunk.chatsubo à l’actuel Shadow Unit. Mais on dirait vraiment que ces types de the Mongoliad sont sur le point de charger encore la barque, et de pousser le concept plus loin que personne d’autre auparavant, et qu’ils le font d’une manière que seul le web autorise, impossible à traduire sur le papier.

J’ai vu une démo de The Mongoliad l’autre soir et c’était vraiment très excitant. Il n’y a pas encore grand chose d’accessible au public pour le moment, mais je vous tiendrai au courant.  »

Moi aussi, j’essaierai de vous tenir au courant.

(Via Peter Brantley )

Un ciel normand

Dan Clancy, directeur de l’ingénierie chez Google, nous donne la vision de Google du futur du livre,  dans cette intervention donnée au Musée de l’histoire des ordinateurs à Mountain View. À  ceux qui s’inquiètent du rôle que pourront jouer les libraires dans un monde où va se développer progressivement le «  cloud publishing  », Dan Clancy envoie un signal qui se veut rassurant :

«  Mais aujourd’hui, les librairies physiques sont une part essentielle de l’écosystème du livre. Et en fait un nombre important de livres sont achetés parce que des gens vont dans des librairies physiques et disent «  hé, je veux celui-ci, je veux celui-là.  »

Et je pense que c’est une erreur de penser qu’à l’avenir, numérique signifiera «  en ligne  » et «  physique  » voudra dire «  off line  ». Parce que s’il advenait que 10% des livres passent au numérique, ce serait vraiment dur pour tous les libraires de maintenir leur modèle économique.

Une partie de notre modèle consiste à imaginer comment nous allons syndiquer à nos partenaires tous les livres récents que nous vendons,  de sorte que chaque libraire puisse vendre une édition Google et trouve un moyen pour que les gens puissent les acheter dans leur librairie «  brick and mortar  ».

Et en définitive, notre projet c’est que vous soyez en mesure de lire sur n’importe quel terminal. Notre projet c’est : quelques uns liront leurs livres sur un ordinateur portable, quelques uns les liront sur un netbook, et d’autres liront sur leur liseuse. Et nous allons travailler avec tout fabricant de liseuse qui veut faire en sorte de pouvoir recevoir ses livres du nuage de Google.

Ainsi, avec ces principes concernant un monde futur, nous sommes en train de construire un monde où il y aura de nombreux acteurs qui revendront des livres, lus sur toutes sortes de terminaux, mais cela sera encore hébergé dans le nuage. Et lorsque nous discutons avec des éditeurs et des libraires, je pense que c’est le bon modèle, parce que nous essayons de faire ce qui devrait être un modèle ouverrt qui encourage la concurence.

Autant de pierres jetées dans les jardins d’Apple et d’Amazon, qui mènent une stratégie bien différente, cherchant chacun à capturer des clients et à les retenir en leur proposant des solutions intégrées et propriétaires. Côté Amazon, une librairie numérique qui compte aujourd’hui plus de 300 000 titres, et une gamme de Kindle, seules liseuses capables de lire ces fichiers.  Côté Apple,  pas encore pour le livre de modèle équivalent à celui du couplage «  iTunes – iPod  » pour la musique. Il y a bien quelques livres dans l’App Store, mais le gros des catalogues est accessible via des applications comme Stanza, (créée par Lexcycle, racheté par Amazon…), qui proposent un accès direct aux livres numériques sans passer par l’App Store. Cependant les supputations vont bon train concernant la tablette Apple, qui devrait sortir à l’automne, et les projets d’Apple autour du livre numérique qui pourraient lui être associés. Et, pendant qu’Amazon nous fait prendre conscience à chacun, à travers un lamentable épisode orwellien, de la fragilité de ce que nous considèrions à tort comme nos «  possessions  » numériques, Google fait ami – ami avec les libraires, et tente de banaliser l’idée d’une forme de cloud-publishing respectant l’écosystème du livre, et en particulier ses acteurs probablement les plus vulnérables, les libraires.

Dan Clancy décrit un univers du livre numérique servi par un seul nuage,  celui de Google. De nombreux revendeurs, et des terminaux variés, certes, mais qui tous s’approvisionnent auprès du gros nuage de Google. Et si les éditeurs souhaitaient héberger eux-mêmes leurs contenus ? Et s’ils voulaient bien du «  cloud publishing  », mais à condition que la concurrence ne se limite pas aux revendeurs, mais qu’elle s’applique aussi à l’hébergement et à la distribution des livres numériques ?  Non pas un seul gros nuage, mais plein de petits nuages, comme ceux d’un ciel normand.

Ne me twitte pas…

…il faut oublier, oublier le temps… Le temps où Twitter n’existait pas. Le temps où Amazon aurait pu faire une malencontreuse erreur (#glitchmyass ?) qui sorte de son classement et rende quasiment invisibles sur son site tous les livres GLBT (Gay, Lesbian, Bisexual, Transgender) sans se retrouver au centre d’une tempête de prostestation en plein week-end de Pâques, le temps où l’avocat du journal «  20 ans  » aurait pu envoyer avec quelque espoir de les impressionner une lettre à des blogueuses qui sont aussi des twitteuses, le temps où Mikkey Money, 17 ans, n’aurait pas pu menacer Twitter en lançant une attaque ce même week-end, infestant un, puis dix, plus de dix-mille comptes avec un virus.

Et oui, il s’est passé tout ça ce week-end, et pas mal d’autres choses, pendant que vous cherchiez les œufs de Pâques…

Mise à jour du 15/04 : Amazon – un hacker revendique être à l’origine de l’affaire, tandis qu’Amazon plaide une «  cataloging error  ». Choisissez votre version.

Détournement de tags

Comment s’y retrouver parmi un grand nombre d’informations, trouver celles que l’on cherche, correctement  ranger et classer celles que l’on produit ?

(Ceux qui savent ce qu’est un tag, vous pouvez sauter les quatre paragraphes suivant.)

La question n’a pas attendu internet pour se poser. Elle se pose assez rapidement dès que l’on dispose d’une quantité de choses qui dépasse un nombre finalement assez réduit. Prenez simplement le disque dur de votre ordinateur. Un utilisateur novice stocke volontiers dans un premier temps ses fichiers sur le bureau. Il a le sentiment que c’est là qu’ils seront le plus accessibles, le plus «  à portée de main  ». Et il a raison. Tant qu’il règne sur une vingtaine de fichiers. Il peut les retrouver ainsi. Il les a à portée de la main. Mais très vite, l’écran du bureau est entièrement saturé d’icônes, et il faut bien trouver un autre moyen. Alors se pose la question du classement. On apprend qu’on peut mettre les fichiers dans un dossier. On est dans une  analogie avec le monde des atomes : mettre un document dans une chemise, la chemise dans un dossier, le dossier sur une étagère. Et décider du nom du dossier, de sa place sur l’étagère. Et traiter le cas atroce des documents qui pourraient aussi bien être classés dans ce dossier que dans celui-ci. Se donner des règles. Créer un affreux dossier «  divers  », un épouvantable dossier «  à trier  ». Pire, dupliquer un document pour qu’il figure dans deux dossiers différents, et ne plus jamais penser, si on en modifie une occurrence, à modifier aussi l’autre, et avoir deux documents qui devraient être identiques et qui ne le sont plus.

Je me fais beaucoup moins de souci concernant le rangement de mon disque dur depuis que j’ai accès à un moteur de recherche qui parcourt non seulement les mots du titre de mes fichiers, mais les mots contenus dans ceux-ci. J’ai adopté un système de classement qui en vaut un autre, et, au moindre doute, j’utilise plutôt le moteur. Je n’ai pas besoin de savoir très précisément «  où  » j’ai rangé chaque document, j’ai juste besoin de savoir quels termes je dois taper dans le champ de saisie pour fournir au moteur le meilleur indice pour retrouver le fichier que je cherche.

Faute d’autres informations, un moteur de recherche utilise toutes celles que le document lui offre : son titre, le plein texte contenu dans le document, sa date de création, sa nature. Mais on peut ajouter, pour un document, de façon intentionnelle, des éléments qui ne seront destinés qu’à favoriser sa «  trouvabilité  ». On peut aussi ajouter à chaque document des étiquettes contenant de l’information sur le document lui même, sur la nature de son contenu. Ce geste de qualifier un document, de donner de l’information à son sujet dans le but d’améliorer sa capacité à être trouvé, c’est ce que l’on appelle l’indexation, lorsque le geste est réalisé dans un monde de termes plus ou moins contrôlés, et on parlera de «  tags  » (que l’on traduit par étiquette, label ou mot-clé) lorsque les termes employés pour renseigner un contenu seront librement choisis par celui qui  pose le tag. On comptera sur le fait qu’un grand nombre de personnes déposeront un tag sur un contenu pour que se dégage une hiérarchie des termes choisis pour décrire un même contenu, en fonction du nombre de fois que le terme aura été choisi par une personne pour ce faire.

Bon, pourquoi je me lance dans cette longue explication ? Elle est tout à fait  inutile pour tous ceux d’entre vous qui savent déjà tout cela – mais j’aime bien penser aussi à tous ceux qui ne le savent pas, éviter l’entre soi, et permettre à ceux qui viennent de commencer à s’intéresser à ces questions de trouver quelques repères.

Alors, pourquoi parler des tags aujourd’hui ?

Parce qu’il existe aussi des usages des tags qui vont au delà d’une simple description de contenu. Ou plutôt, un tag, cela permet d’associer à un ensemble d’informations un mot clé, rien de plus.  L’usage principal du tag, qui nous fait penser qu’il s’agit là de sa définition, a été de considérer que le mot clé donne de l’information sur l’information, de la manière la plus objective possible. Mais cette idée que le tag informe, et qu’un «  bon tag  » est celui qui va faciliter la recherche, qui va informer précisément sur le contenu d’une information, est une idée pieuse. En réalité, on peut utiliser les tags de bien des manières. La décision de la nature de la relation que le tag entretient avec l  »ensemble d’informations à laquelle on l’associe est prise par celui qui «  pose  » le tag, et il n’existe aucune «  haute autorité  » du tag. Le risque que vous prenez en taggant un ensemble  d’information de façon fantaisiste, est, si cette information est taggée par un grand nombre de gens, que votre tag passe inaperçu dans le nuage de tags, où les tags les plus utilisés apparaissent en plus grand que les autres. Si vous êtes le seul à tagger, vous induirez simplement la personne qui utilisera votre tag inadapté en erreur, et elle pourra être (mais pas forcément, car la sérendipité emprunte parfois de drôes de chemins…)  mécontente de trouver le document ainsi taggé en réponse à sa requête.

Maintenant, il est possible d’utiliser le tag de façon différente : non pour faciliter l’apparition de la portion d’information taguée en réponse à une requête portant sur le sens, mais pour créer de manière conventionnelle un lien entre des contenus divers, qui permettra de les regrouper dans un but particulier. L’exemple des hashtags dans twitter correspond à ce cas : lorsque l’on souhaite faire en sorte de créer un fil thématique dans twitter, il suffit d’ajouter un hashtag et de communiqur la signification de ce hashtag à la communauté de gens susceptibles d’être intéressés, et le tour est joué. C’est le cas de tous les hashtags concernant un événement, conférence ou autre, qui permettent de suivre tous les tweets de ceux qui publient des micro-billets en direct depuis l’événement concerné.

Un autre exemple aujourd’hui, assez spectaculaire :

Amazon permet aux visiteurs de son site de tagger les livres mis en vente sur son site. Sur la version française d’Amazon, on ne parle pas de «  tags  » mais de mots-clé. Les visiteurs peuvent ajouter des mots clés à un livre, en choisissant de voter pour des mots-clés déjà présents ou d’ajouter des mots-clés de leur choix si ceux-ci ne figurent pas déjà dans la liste existante.

Le corolaire est bien sîr qu’il est possible d’effectuer une recherche via ces mots-clé. Faites-donc une recherche sur amazon US avec le tag  «  9 99boycott  », et essayez de deviner ce que peuvent bien avoir de commun les livres qui apparaissent en réponse.

Allez, je vous aide je vous donne le lien. Et puis je vous traduis l’information sur la signification de ce tag, disponible dans une discussion, toujours sur le site amazon, associée au tag en question :

«    Le prix des livres pour le Kindle ont augmenté.
Juste aujourd’hui, j’ai trouvé un roman pour 10 $ dans la boutique Kindle – alors que la version grand format est disponible pour 9 $.
Adressons un message aux éditeurs :
Faire payer 11$ un roman en livre de poche – sans livre de poche – est ridicule.
Faire payer 18$ pour une version numérique pour un livre contenant essentiellement des photographies, qui font piètre figure sur le Kindle, est ridicule.
Faire payer 12 $ un livre sur le monde des affaires alors que nous pouvons l’obtenir chez Costco  (soldeur américain) en 2 semaines pour 9,99 $ est ridicule.
Passons à l’action !
Déposons le tag  « 9.99boycott » sur tous les livres numériques dont le prix dépasse 9,99 $ !
Il suffit d’utiliser le formulaire sotué en bas de l’écran d’une fiche ouvrage et de saisir le  tag   « 9.99boycott » (sans les guillemets) , puis de cliquer sur le bouton.
C’est facile.
J’ai déjà commencé.

Pourquoi ?

Les livres pour le Kindle sont un peu comme des tickets de cinéma. Alors que vous pouvez relire le livre, vous ne pouvez pas :
-    le donner à une bibliothèque
-    le vendre dans une librairie d’occasions
-    le vendre sur la place de marché occasion d’Amazon
-    le revendre à un ami

Et, bien sûr, le livre n’a pas de papier donc il n’a pas de coûts de production. L’éditeur ne paie pas pour le papier, la colle, l’impression, l’assurance, l’encre, l’emballage ni le transport.
Amazon n’a pas besoin de stocker dans son entrepôt,  ni de payer des équipes pour préparer les expéditions, ni de payer les envois.
Le prix doit refléter ces faits très importants.
Nous n’avons pas acheté nos Kindle,  avec la promesse d’une utilité pratique et des prix bas des livres numériques, pour être ainsi baladés avec des tactiques basées sur une offre-appât bientôt suivie de changements brutaux.  »

On pourrait s’étonner qu’Amazon laisse s’insaller sur son site une campagne de boycott de ses produits. Sauf si l’on pense qu’Amazon, comme de nombreux autres acteurs du secteur du livre numérique, ne sera pas mécontent de faire pression sur les éditeurs,  car il s’agit bien d’une adresse aux éditeurs. Des prix bas pour Amazon, c’est plus de livres numériques vendus, plus de Kindle vendus, des consommateurs satisfaits. C’est la possibilité d’un décollage plus rapide d’un marché sur lequel Amazon s’est positionné très tôt aux USA, et qu’il pourrait étendre très rapidement en Europe. C’est une l’opportunité de consolider sa position de leader ayant adopté un modèle vertical : «  je lis un livre numérique acheté sur Amazon avec mon Kindle acheté sur Amazon. Je ne lis que des livres achetés sur Amazon avec mon Kindle, , (sauf si je suis rusé) je ne lis qu’avec mon Kindle les livres achetés sur Amazon (sauf si j’ai un iPhone)  »

J’ai trouvé cette information sur le blog de Kassia Krozser, et elle est très incisive dans le commentaire qu’elle adresse aussi aux éditeurs :

«  La voix des consommateurs va devenir de plus en plus forte. Peut être qu’autrefois, vous pouviez prétendre que vous saviez mieux que nous ce qui était mieux pour nous, mais ces temps sont révolus. Réfléchissez à ceci ; il y a un tag Amazon qui explique aux clients non initiés que vos livres sont en train d’être boycottés. Parallèlement, ceux qui s’engagent dans ce boycott font quelque chose d’encore plus vilain ; ils achètent les livres de vos concurrents et laissent les vôtres dans leur caddie virtuel.  »

Lire aussi à ce sujet :

Martyn Daniels sur Brave New World : PriyWorld : ebook princing
Priya Ganapati dans Wired : Kindle Readers Ignite Protest Over E-Book Prices

Lancement imminent de Shortcovers. Un « Kindle killer » ?

Jeudi, la chaîne de librairies  canadienne Indigo va lancer Shortcovers, un site de vente de contenus numériques, livres et extraits de livres, à destination des utilisateurs de smartphones comme le iPhone, le Blackberry et les mobiles Androïd. Dans les mois qui viennent, des smartphones tournant sous d’autres systèmes (Symbian, Windows) seront également concernés, tout comme le Palm Pre.

Michael Serbinis, vice président éxécutif de Shortcovers :

«  Nous pensons que la possibilité d’utiliser votre terminal mobile constitue un avantage pratique évident, en particulier pour les consommateurs qui ne sont pas de grands lecteurs.  »

Shrtcovers affiche aussi l’intention de se distinguer avec des offres originales, permettant aux utilisateurs de lire le premier chapitre d’un livre gratuitement, aussi bien que d’acquérir un chapitre d’un livre à la fois. Cela sera pertinent, par exemple, si vous souhaitez n’acheter d’un guide touristique que le chapitre qui concerne la ville que vous avez prévu de visiter lors de votre prochain voyage.

Kindle Killer ? C’est peut-être un peu exagéré. Mais l’antagonisme entre Indigo et Amazon ne date pas d’hier. Indigo s’était fortement mobilisé en 2002, lorsque Amazon s’est implanté au Québec, l’accusant de contrevenir à la réglementation concernant la possession de librairies au Canada.

Craig Berman, porte-parole d’Amazon, ( Amazon qui a annoncé par ailleurs travailler également sur la possibilité de diffuser ses contenus numériques vers les mobiles ) déclare :

«  Nous savons aussi que beaucoup de gens, spécialement ceux qui aiment la lecture, souhaitent disposer d’un terminal dédié, tout comme la fait de pouvoir prendre des photos avec votre téléphone mobile ne vous dispense pas de posséder un appareil photo numérique – vous souhaitez un terminal dédié pour les activités que vous appréciez  ».

Voilà, notre discussion sur le thème du «  grille-pain  » se poursuit outre-atlantique. Ils copient tout chez nous, ces Nord-Américains !

(via Digits, signalé par Javier Alfonso Furtado sur Twitter)