s’interroger collectivement, réfléchir ensemble

J’avais commencé à rédiger un commentaire en réponse à ce billet sur le blog du CNS de Clément Laberge, et comme il devenait bien trop long, j’en fais un billet pour teXtes.

Clément écrit notamment :

“Je pense qu’il est néanmoins pertinent de s’interroger, collectivement, aujourd’hui, sur la place que nous souhaitons voir prise par les éditeurs dans l’écosystème scolaire; sur les coûts qui sont légitimement associés à ce rôle; sur la part d’idéologie qu’il est raisonnable de mettre dans les réponses qu’on apportera à ces questions.”

J’ai observé de près, depuis une quinzaine d’années que j’exerce mon métier de concepteur – réalisateur multimedia, tantôt en indépendant, tantôt dans des structures de diverses tailles, le monde de l’édition scolaire “papier”, tout comme celui de plus petites structures entièrement dédiées à la production multimédia. Les maisons d’édition obéissent aux règles qui régissent la vie des entreprises : il y est question de parts de marché, d’objectifs, de concurrence etc. Les maisons d’éditions ont un métier : éditer des ouvrages, c’est à dire mettre en contact des auteurs (généralement des enseignants) et des utilisateurs, enseignants et élèves. Elles accompagnent les auteurs dans la création des ouvrages, depuis la phase de conception jusqu’aux plus infimes détails de la réalisation. Il faut avoir vu l’effervescence qui règne dans une maison d’édition à cette période de l’année, alors que les fichiers des ouvrages doivent impérativement partir à l’impression dans quelques jours. Il serait bon de mieux faire connaître ce métier, pour que les fantasmes concernant l’édition privée cessent de polluer le débat.
L’”écosystème scolaire” est au coeur des préoccupations de l’éditeur. Il prend en permanence le pouls de l’école, s’inquiète de la moindre accélération, se préoccupe de sa plus petite irrégularité, pour anticiper les besoins, connaître les attentes, offrir des objets adaptés.
Des objets qui vont en se diversifiant , qui ont longtemps été et restent en majorité des livres, parfois accompagnés de cassettes, de CD, de transparents, de cahiers. Plus récemment des disquettes (et oui, souvenons-nous des disquettes…), des cédéroms, des ressources en ligne.
Le web 2.0 est une chance formidable pour les éditeurs : tout ce dont rêvaient ceux qui déjà misaient sur le numérique à l’époque des premiers cédéroms est aujourd’hui pratiquement en place : des connections rapides qui se généralisent, des équipements qui se banalisent, des utilisateurs qui ne paniquent plus devant un écran et un clavier. Des technologies moins coûteuses (il faut aussi se souvenir des coûts de développement d’un cédérom en 1995…), plus performantes, des outils de création simples à utiliser, et des façons d’échanger efficaces et inédites.
Je ne crois pas du tout que le développement des échanges de ressources entre enseignants soit une menace pour les éditeurs. Bien au contraire, c’est une occasion formidable de découvrir des auteurs, d’entrer en contact avec les enseignants.

L’éditeur scolaire a une particularité, il n’a pas 30 élèves qui l’attendent chaque matin dans sa classe : il peut consacrer tout son temps et son savoir-faire à fabriquer les ressources qui aideront l’enseignant à faire son métier. Il doit aussi, en ces temps de mutation, consacrer une part non négligeable de ce temps à réfléchir, à imaginer les objets éditoriaux de demain, ceux qui accompagneront la pédagogie de demain. Et ce qui est formidable, c’est de ne plus devoir y réfléchir tout seul… N’est-ce pas ?

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