liseuses : guerre des prix aux USA

Avant même son lancement, l’iPad d’Apple avait provoqué aux USA des changements notables dans le paysage du livre numérique : on se souvient que John Sargent, CEO de Macmillan, après avoir obtenu d’Apple un contrat de type « agency model », avait réussi à faire plier Amazon, et à négocier des conditions équivalentes pour les ventes de livres numériques sur le Kindle, bientôt suivi par 4 autres des « big six ».  Le résultat, une augmentation, chez tous ces éditeurs, des prix de vente de leurs livres numériques, passant de 9,90 $ à 12,99 ou 14,99$.

Quelques semaines après, où en est-on ? L’iPad se vend bien, 3 millions de machines écoulées à ce jour (dans plusieurs pays.) Le Nook de Barnes & Noble réussit également à s’imposer, notamment parce qu’il est vendu en librairie  – chez Barnes & Noble (nombreux sont les clients qui souhaitent essayer une liseuse avant de l’acheter). Kobo a également son reader, vendu chez Borders. La gamme de liseuses Sony semble assez distancée, qui n’a de partenariat avec aucun e-libraire, et ne propose encore aucune liseuse connectée.

Mais comme rien n’est simple dans le monde de l’édition numérique, Kobo dispose également d’une appli iPad, tout comme le Kindle, tout comme Barnes & Noble. Un intéressant comparatif de ces différentes applications, dans lequel figurent également des applications indépendantes de tout device comme Ibis Reader ou Stanza, est disponible sur ZDnet.

On se doutait bien que le prix des liseuses allait chuter rapidement : c’est Barnes & Noble qui a ouvert la danse, avec un Nook wifi annoncé hier à 149 $, et le même avec 3G à 199$. Quelques heures plus tard, Amazon réplique en diminuant de 70$ son Kindle , qui passe de 259 à 189 $.

Tout cet écosystème est encore loin d’être stabilisé, alors que les ventes de livres numériques continuent d’augmenter : les statistiques de l’IDPF (qui concernent exclusivement la « littérature générale » ) indiquent 91 M$ de CA pour le livre numérique au 1er trimester 2010 (contre 25 au premier trimestre 2009).

Bon, j’ai mis plus de chiffres dans ce post que dans 10 des mes précédents réunis, alors j’arrête avec les statistiques et les dollars. Ce qui compte, c’est ce qui se profile derrière ces chiffres et ces annonces. Certainement, et Mike Shatzkin le souligne aujourd’hui, une vraie complexité, dont il affirme qu’elle devrait réjouir les éditeurs, car elle pourrait décourager les auteurs tentés de se lancer dans le « do it yourself ». Il appartiendra aux  éditeurs d’apprivoiser cette complexité, afin d’être en mesure de dire à leurs auteurs : ne vous embêtez pas avec tout ça, c’est affreusement compliqué, on va s’en occuper, vous avez bien mieux à faire…

L’idéal serait que cette complexité ne soit pas infligée aux lecteurs, et nous n’y sommes pas encore tout à fait. Enfin : tout est simple à qui consent sans restriction à adhérer à ces modèles fermés qui sont en train de s’installer. En achetant un terminal particulier, on achète aussi  un aller simple pour une librairie en ligne. Et on se retrouve obligé d’y effectuer tous ses achats de livres numériques. Tant pis si certains des titres qui nous intéressent n’y figurent pas. Tant pis si l’on aimait bien aussi la façon dont l’offre était présentée dans d’autres e-librairies.

La guerre des prix des liseuses, c’est la face visible des luttes qui se livrent pour capturer un nouveau marché, et chacun tente de faire un sorte qu’il se structure à son avantage. La domination sans partage d’Amazon a pris fin. Des outsiders sont apparus. Comment l’arrivée prochaine d’un tout petit acteur, une start-up Californienne – Goodle, ou Google, un nom comme ça – qui a des projets concrets au sujet du livre numérique, et que les spécialistes commencent à suivre de près va-t-elle venir bouleverser encore un peu plus ce tableau plutôt chaotique ?

Voilà des questions dont nous pourrons discuter, parmi bien d’autres, à l’occasion du prochain Bookcamp, prévu le 25 septembre prochain. Hubert Guillaud nous demandait ce matin : alors on le lance ce Bookcamp ? Oui, j’ai répondu tout de suite, on a plutôt intérêt à être nombreux pour réfléchir à toutes ces questions, échanger nos expériences, idées, visions, interrogations. Pour participer, dès maintenant, connectez-vous sur le site du Bookcamp.

Ce contenu a été publié dans hors ligne, la vie numérique. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *