Archives mensuelles : février 2007

Ce widget est-il un gadget ?

J’aime bien le mot gadget, c’est un mot gai, un mot qui ne se prend pas au sérieux. Alors j’aime bien aussi widget, qui lui ressemble. Comme le gadget le widget est un objet dont on pourrait très bien se passer, comme lui il a cependant quelque chose d’irrésistiblement attirant…

Je suis sûre que le «  widget book  » dont on peut voir ici deux exemples, (sur le site d’If:book, via La Feuille) l’un produit par Random House et l’autre par Harper Collins attirera irrésistiblement ceux qui ont déjà craqué récemment pour les tournepage et autres feuilleteurs, avec simulation de la page qui se tourne. Comme s’il était nécessaire de convoquer, encore et encore, le livre dans sa dimension d’objet, avec son aspect, son poids, sa forme, pour que l’écran se fasse livre, comme l’automobile, dans ses premières années, se faisait carosse… (ou citrouille ? Non, là, je confonds…)

J’aime les livres, mais je les aime en vrai, j’aime les manipuler, tourner leurs pages, j’aime leur odeur, leur texture. J’aime aussi les écrans, leurs reflets, les apparitions /disparitions qu’ils permettent, le miracle toujours renouvelé des liens, les petits bonheurs d’interfaces astucieuses, les virtuosités de certains flasheurs, la rigueur limite Bauhaus des designers CSS, l’intelligence des développeurs qui fuse et se diffuse. Mais tourner en ligne les pages d’un livre… Pour quoi faire ?

par dessus l’épaule – 2

Fernand indique en commentaire du billet précédent un lien vers des photos et plans d’une classe équipée en ordinateurs et vidéoprojecteur dans le cadre de l’expérimentation d’un cartable électronique développé par l’Université de Savoie (Chambéry, Annecy).
Entre l’aménagement de la salle 309 et de la salle 208, il y a une belle amélioration…
J’aperçois un vidéoprojecteur : on a là un espace avec des postes en «  L  », qui permet plusieurs types de mobilisation des élèves, individuelle ou collective.
Fernand propose l’idée de lancer un recensement, toujours à propos des dispositifs spatiaux et des pratiques pédagogiques qui vont avec. Mais je crains que mon blog tout récent ne manque de visibilité pour obtenir des réponses en grand nombre, réponses que je n’aurais d’ailleurs pas les moyens de traiter… Restons donc dans le cadre de la conversation, qui demeure l’objectif de ce blog.
L’INRP fait régulièrement des enquêtes en ligne, j’en ai trouvée une aujourd’hui destinée à recueillir les témoignages des profs de SVT et d’histoire-géo.

Bien sûr, vos liens vers des photos, des plans, ou des témoignages directs sur les dispositifs sont les bienvenus, tous comme vos réflexions à ce sujet…

J’ai consulté aussi une liste de diffusion (mmm, l’ergonomie si délicate rustique de ces listes vous a un petit goût «  pionnier  » que j’adore) à propos de l’usage des TBI à l  »école primaire, on y trouve surtout une sorte de bourse d’échanges de contenus destinés aux TBI, réalisés par les enseignants eux-mêmes.

par dessus l’épaule

Il y a quelques années, dans le petit monde des NTICE (prononcer Hennetisse, si vous aimez la tradition, ou bien N’Tis, si vous préférez un peu d’exotisme), il était assez souvent question d’enseignement «  par dessus l’épaule  ». Il ne s’agissait pas d’une méthode d’éducation nouvelle inspiré de «  Libres enfants de Summerhill«  , ni d’une sorte d’éducation désinvolte, à base de cours dispensés «  par dessus la jambe  ». Non. Ce vocable désignait l’organisation spatiale de la classe, et la position des uns et des autres à l’intérieur de celle-ci, dès lors que chaque élève était équipé d’un ordinateur. L’enseignement «  par dessus l’épaule  » illustrait la position de l’enseignant, derrière l’épaule de l’élève face à son ordinateur, derrière l’élève actif, derrière l’élève acteur, présent auprès de lui, l’accompagnant dans l’acquisition des connaissances. Il s’opposait au cours magistral, le professeur face à sa classe, tous les regards des élèves (théoriquement) braqués sur lui, le professeur acteur, le professeur actif, et les élèves attentifs.
L’engouement actuel pour le tableau blanc interactif n’est-il pas une manière de prolonger, voire d’amplifier le cours magistral, et d’essayer de mettre définitivement hors service ce concept d’  »enseignement par dessus l’épaule  », qui vient redéfinir la relation professeur – élève ?
L’usage du tableau blanc modifie la place de l’enseignant dans la classe. L’enseignant est parmi ses élèves, ensemble ils regardent le TBI, avec lequel l’enseignant peut interagir. Le TBI prefectionne le cours magistral, permet en quelque sorte un «  cours magistral augmenté  ». Tout dépend bien sûr de ce qui est présenté sur ce TBI, de la manière de l’utiliser, mais le disposiitif n’est certainement pas neutre.
Il existe déjà dans les classes non équipées d’ordinateurs des moments «  d’enseignement par dessus l’épaule  » , lorsque par exemple l’enseignant passe de table en table pour observer «  par dessus leur épaule  » les élèves en train de faire un exercice. Ces moments, ou l’élève se recentre, baisse les yeux sur sa feuille, se coupe du monde extérieur pour se concentrer, correspondent à l’un des moments où l’enseignement s’individualise, par opposition aux moments collectifs du cours magistral et des phases de questions / réponses.

Il serait intéressant de recenser les dispositifs physiques d’enseignement, leur disposition spatiale, de façon plus systématique, et de les mettre en relation avec les dispositifs pédagogiques, et de réfléchir aux dispositifs incluant les nouvelles technologies de la même manière, (Où et comment sont disposés les ordinateurs ? Combien d’élèves par ordinateur ? Est-ce que ce sont des portables ou des ordinateurs de bureau ? Utilise-t-on un vidéoprojecteur ? Un TBI ?)

Mais peut-être est-ce que cela a déjà été fait ? Si oui, je suis preneuse de toute référence.

livre et cinéma

Découvert grâce au blog de Clément Laberge, ce site qui présente une collection de flipbooks, dont l’auteur indique qu’il s’agit d’une forme d’art «  à mi chemin entre le livre et le cinéma.  »
Effectivement, le feuilletage rapide des pages de ces mini-livres permet de construire une animation, grâce aux images qui figurent sur chacune de ces pages. C’est peut-être anecdotique, mais plutôt rafraîchissant aussi… J’entendais sur France Culture ce matin Bruno Latour parler «  non pas de bibliothèque, mais de plate-forme multimodale  ». C’est une expression qui fait peur, car elle conjugue la complexité de deux termes : plate-forme, qui fait penser à plate-forme pétrolière, univers ultra technique peuplé d’ingénieurs casqués, et multi-modale, où «  multi  » nous dit qu’il y en a plusieurs, et «  modal  » , à lui tout seul, évoque la complexité, alors imaginez, «  multimodal  » !

Un tour sur Wikipedia m’apprend que Latour emprunte ce terme à l’univers de la logistique :

«  Dans le domaine du transport de marchandises, la plate-forme multimodale désigne le lieu où les marchandises changent de mode de transport. Dans le transport de voyageurs l’équivalent est le pôle d’échanges. Une plate-forme multimodale doit assurer dans les meilleures conditions le transport intermodal et le transport combiné des marchandises.  »

Pourquoi choisir cette expression alors ? Pour nous enseigner que le contenu des livres (marchandise) peut être multi-support, c’est à dire utiliser différents «  modes de transport  » pour être acheminé jusqu’aux synapses des lecteurs ? Imagine-t-il comme Peter Brantley des bibliothèques qui, plutôt que de conserver des livres sous leur forme «  papier  », conserveront des fichiers, et utiliseront l’impression à la demande pour fournir des exemplaires aux lecteurs ? Dans ce cas, la métaphore file juste, car le texte change de mode de transport dans la bibliothèque même.

Allusion à mon billet précédent : merci à Bruno Latour qui m’a offert un moment de perplexité, et à Wikipedia qui l’a fait déboucher sur un moment d’apprentissage.

éloge de l’ombre, de la lenteur et de l’opacité

Brillances, transparences, luminosité, clarté… J’observe attentivement ces jours-ci les constantes dans le design des sites web 2.0.Et je me prends à rêver à la signification de cette esthétique, celle d’une extrême lisibilité, d’une candeur presque enfantine dans les couleurs pastel, (on pourrait parler d’un «  bleu Web 2.0″, tiens, je dirais que c’est le bleu #00DDF7, qui donne ceci .
Aux antipodes de cet univers au coins arrondis, au surfaces polies, où tout semble glisser sans risque, j’imagine un design tortueux, mystérieux, un peu hostile. Des tons sombres, des figures farouches, des énigmes et des chaussetrapes. Un monde doté de cachettes, de grottes, d’anfractuosités, de passages secrets. Je me contente d’y rêver. Pas question de proposer une interface de ce type à mon client actuel. Mais bien amusant d’y rêver un moment… Et vous, ça vous arrive de prendre ainsi la tangente ?

Le passage au livre
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En danois, sous-titré en anglais et en français, mais à voir absolument pour méditer encore sur : réel, virtuel, interfaces, métaphores, «  user friendly  »…

réel / virtuel : entrechocs

Sur Read Write Web, une réflexion d’Alex Iskold qui interroge les frontières «  réel / virtuel  ».


Après avoir présenté un magazine en ligne (Nine Online) qui s’affiche avec une interface très «  monde réel  » de brochure dont les pages se tournent «  vraiment  », l’auteur enchaîne :

«  Tandis que Nine Online ajoute une touche de monde réel à son magazine numérique, les chercheurs explorent l’inverse : le moyen de donner une touche «  digitale  » à l’un des objets les plus appréciés du monde réel, le papier. «  

NB  : Alex Iskold commence par préciser que le magazine Nine Online présente des liens vers deux sites dont il est propriétaire – ça va mieux en le disant…

«  Le papier électronique a été développé dès les années 1970 à Xerox-Park. Selon Wikipedia, les futures applications incluent des livres sur papier électronique, capable de stocker plusieurs livres en version numérique, avec la possibilité d’afficher un livre à la fois sur ses pages. Lorsque cela existera, nous manipulerons un livre numérique comme nous interagissons avec des pages web aujourd’hui, en effectuant les mêmes gestes.  »

L’auteur rend ensuite un hommage appuyé à la firme Apple pour ses innovations en matière de design d’interactivité. Après la «  roue  » du iPod, le iPhone.

«  Apple promet de redéfinir notre expérience numérique, en créant des objets numériques qui empruntent à leurs cousins du monde réel leur aspect, leur allure, et leur comportement.  »

Tenter de croiser et de comparer nos expériences dans le monde physique et dans le monde numérique n’est pas une question triviale. De nombreuses technologies tentent de créer un mélange qui procure à l’utilisateur une expérience simple, riche et substantielle. Si les objets dans le monde réel obéissent aux lois de la physique et les objets du monde numérique aux lois du design, les lois qui régissent le statut des objets hybrides n’existent pas encore.

Les clés du succès pour un tel mix de physique et de numérique, c’est de ne pas plonger l’utilisateur dans la confusion. En utilisant Nine Online, je n’ai jamais été surpris par ce qui se passait lorsque je cliquais sur des objets. Certainement, la plupart d’entre vous ont expériementé la même chose avec leur iPod : il se comporte comme ce à quoi vous vous attendez. Inventer de nouvelles manières de croiser les expériences du monde physique et celles du monde virtuel en maintenant la satisfaction des utilisateurs, c’est l’objectif de toutes ces nouvelles techologies.  »

Et vous, conclut-il, quel est votre mix favori de réel et de virtuel ?

En ce qui me concerne, je trouve que le Palm Pilot a été parmi les précurseurs dans ce domaine, aussi bien en ce qui concerne le design de l’objet, que celui de l’application Palm Desktop… Non ?

Web 2.0 … The Machine is Us/ing Us

Web 2.0 … The Machine is Us/ing Us

Un «  screencast  » qui met en scène avec beaucoup de simplicité et d’efficacité la nature du «  texte numérique  », les différences radicales qu’il présente par rapport aux supports traditionnels. (via le blog de Guitef)