Il y a des blogueuses au Bookcamp.
Cette fois-ci il y a aussi Léo Scheer au Bookcamp.
Au Bookcamp, on applaudit Zazieweb.
Il y a le visage de François Bon projeté sur grand écran au Bookcamp.
Il y en a plein qui twittent au Bookcamp.
On participe à 3 ateliers au Bookcamp,
Et on en rate 9, c’est comme ça au Bookcamp.
Plein de gens que j’aime sont venus au Bookcamp,
Et plein de gens que j’aime ont aussi malheureusement manqué le Bookcamp.
J’écoute les blogueuses et Xavier Cazin et Alain Pierrot et Hubert Guillaud au Bookcamp.
Il y a des journalistes au Bookcamp.
Est-ce que les éditeurs vont disparaitre ? demandent les journalistes au Bookcamp.
Avec les livres numériques à 9,99 sur Amazon ils sont fichus, disent les journalistes au Bookcamp.
Si vous êtes d’un naturel impressionnable vous avez raison d’éviter le Bookcamp
et les journalistes qui s’inquiètent tellement pour l’avenir des livres en plein Bookcamp.
Au Bookcamp l’avenir des livres c’est tout de suite.
Le papier des pages est tissé de capteurs au Bookcamp.
Les livres sont augmentés, RFIdés, QRcodés, truffés de tags au Bookcamp.
Des Hybrides se retrouvent secrètement au Bookcamp.
Les gens se photographient en train de se photographier au Bookcamp
Certains font juste un passage au Bookcamp
On n’a pas eu le temps de leur parler, ils ont déjà quitté le Bookcamp.
Il y a des auteurs au Bookcamp
Des éditeurs des étudiants des chômeurs des entrepreneurs au Bookcamp
Il y a des blogueurs des fumeurs mais un seul Hadrien Gardeur au Bookcamp
Au Bookcamp il y a trois tailles de t-shirts
Il y a deux sortes de vins à l’apéro du Bookcamp
Et un seul regret : ça passe trop vite le Bookcamp.
Archives mensuelles : septembre 2009
raconter des histoires
L’art et la manière de raconter des histoires : un article de John Wilbanks qui concerne les publications scientifiques, même si l’extrait que je traduis ci-dessous ne peut le laisser deviner.
« La capacité de prendre cet énorme corpus d’histoires et de le transformer en quelque chose qui peut être modelé, qui peut être utlisé par des humains et par des machines ensemble pour fabriquer de nouvelles histoires.. Cette capacité va requérir l’émergence de nouveaux éditeurs qui comprennent leur rôle dans la nouvelle économie des contenus. Ils ne seront pas comme des imprimeurs utilisant des bits à la place de l’encre. Ils seront des interprètes, des traducteurs, situés entre les histoires humaines et les machines qui auront pris ces histoires, qui les auront intégrées dans le web des données et qui auront rendu possible pour les humains le fait de leur poser des question, de rêver des rêves, et de raconter de nouvelles histoires… »
Et dans Internet Actu, Hubert blogue depuis PicNic, où Jeremy Ettinghausen, éditeur pour Penguin Books et Matt Locke, de Channel 4 education montreny les changements dans la façon dont le web social permet de raconter des histoires…
« - Il faut cacher des histoires à des endroits inhabituels.
- Il faut savoir se donner des contraintes ridicules.
- Il faut expérimenter en dehors de nos zones de confort, c’est-à-dire apprendre et essayer de nouvelles manières d’écrire et de raconter des histoires.
- Il faut savoir Inventer un caractère sans storyline, sans histoire directrice forte, mais imposer des présences.
- Il faut donner du matériel aux fans pour qu’ils jouent avec.
- Il faut créer des histoires qu’on puisse zapper quand on le souhaite. »
Isabelle Aveline, Zazieweb
Le moment venu de se présenter, lors du rituel tour de présentation qui démarre chaque soirée de la Bouquinosphère, Isabelle disait simplement : Isabelle Aveline, Zazieweb. Et ça suffisait. Aujourd’hui, vérifiez vous-mêmes : Zazieweb s’arrête. Et c’est grande tristesse dans la bouquinosphère et bien au delà. Que dire après Hubert Guillaud, François Bon, remue.net, Olivier Ertzscheid ?
La photo qui illustre ce billet, je l’ai prise à La Rochelle La Roche sur Yon, lors des polyphonies du livre qu’Olivier avait organisées avec ses étudiants sur le thème des « nouvelles recommandations ».
Les nouvelles recommandations, elles étaient là, sous notre nez : un réseau social, un vrai, de lecteurs francophones qui échangeaient, partageaient, commentaient, discutaient, depuis des années, bien avant l’arrivée du web 2.0, bien avant que l’on commence à parler de la nécessité pour les éditeurs de devenir des » animateurs de communautés », bien avant que l’on dise et répète à l’envi qu’avec le web, le lecteur était enfin accessible, que le lecteur était au centre.
Isabelle, dans la page qui accueille aujourd’hui le visiteur sur Zazieweb, explique les raisons de l’arrêt. Après avoir raconté ses efforts vains pour trouver un soutien institutionnel (pourtant, à un moment, on y a cru…) , elle ajoute :
« Parce que j’ai un peu/beaucoup l’impression de servir de « test » aux institutions et pools de recherche qui, dans quelques mois/années, auront les moyens ou la compréhension des enjeux… parce que « assez » de voir des projets institutionnels ou des programme de recherche financés sans qu’il y ait de véritable usage, de public utilisateur…, « assez » d’entendre des assises du Livre conclure sur la perte de vitesse de la chaîne du livre et sur la nécessité d’encourager de nouvelles formes de médiation du livre sans que cela s’accompagne de véritables mesures ou prise de position, « assez » d’entendre toujours les mêmes Cassandre/éléphants alors que la « base » innove au quotidien sur des blogs ou sites persos, alors que les lecteurs et process d’appropriation se déplacent sur d’autres supports (web, podcast, flux rss, mobiles…), parce que décidément il ne semble pas que l’intelligence du média web soit comprise et intégrée dans les politiques culturelles et les instances étatiques et du coup en reste à la puissance des acteurs du privés et souvent, de surcroît, anglo-saxons, et ce alors — paradoxe suprême & vain — qu’il semble de bon ton de le déplorer… » (C’est moi qu souligne)
L’intelligence du web, la compréhension fine de ce dont il s’agit et de ce qui s’y passe : Isabelle la possède, non seulement de manière abstraite, mais aussi parce qu’elle la vit, la met en pratique et la partage avec autrui depuis des années. Cette intelligence, encore trop rare, c’est ce qui fait qu’on est certains de continuer de rencontrer Isabelle sur les chemins électriques de la littérature.
Université d’été du Cléo à Marseille
Je ne suis jamais allée à Marseille que dans ce genre de contexte : colloque, rencontres, et cette fois-ci université d’été du Cléo. La première fois, j’étais allée aux rencontres du RIAM, un réseau dont l’objectif est de « stimuler l’innovation dans les produits et services pour la création et la diffusion de contenus multimédias interactifs et audiovisuels numériques. » J’essayais à cette époque d’obtenir le label Riam ( = les sous du RIAM…) pour un projet d’outil auteur permettant de produire des ressources pédagogiques dans le respect des standards (IMS, SCORM etc.). Les rencontres avaient lieu au Palais du Faro, tout au bout du Vieux-Port, et c’était un crève-cœur de quitter la lumière et la mer pour aller s’enfermer dans un amphi et regarder des powerpoints…
La seconde fois, c’était pour les rencontres de l’Orme, en 2008 2007, étape obligée de ce que nous étions quelques uns alors à appeller la « e-education road », en bon français. C’est là que j’ai rencontré Clément Laberge pour la première fois IRL. C’était plus facile d’oublier la mer, les rencontres avaient lieu dans des friches industrielles non loin de la Belle de Mai.
Et la troisième fois, c’était cette semaine, à l’invitation de Marin Dacos et de Pierre Mounier, pour l’Université d’été du Cléo, à l’Université de Provence, juste à côté de la gare St Charles. La mer, je l’ai aperçue par la fenêtre de la salle où nous déjeunions, et puis elle surgit parfois, au bout d’une de ces rues typiques de Marseille, longues et qui montent et qui descendent.
Toute une semaine dont j’ai raté les trois premiers jours, malheureusement, et donc entre autres l’intervention d’Alain Pierrot, celle de Milad Doueihi, celle de Lou Burnard, et l’atelier EPUB animé par Hadrien Gardeur.
L’équipe du Cléo a rassemblé sous le titre de READ/WRITE BOOK une série d’articles qu’elle publie à la fois sous la forme d’un livre imprimé (impression numérique, quelques dizaines de tirages destinés aux stagiaires de l’UE), mais aussi d’un fichier PDF téléchargeable et d’une liste de liens vers les blogs sur lesquels ont paru les textes originaux. Avec Hadrien Gardeur, les stagiaires avaient pour objectif de transformer cette série de textes en un livre numérique au format EPUB, et ils sont repartis avec le READ/WRITE BOOK qui sur sa liseuse, qui sur son iPhone. Je me suis également servi de ce livre, et en particulier de son titre, pour introduire mon propre cours.
J’aurais aimé avoir plus de temps pour rencontrer les participants, pour la plupart des chercheurs ou documentalistes… C’est à peine si j’ai eu le temps d’échanger quelques mots avec certains d’entre eux, parmi lesquels Marlene, que je suis sur Twitter et qe je n’avas jamais rencontrée.
J’ai été, mais il a déjà été largement salué, très impressionnée par la présentation de Daniel Bourrion, et même, oh, la vilaine, un peu jalouse : c’est ce que j’aurais aimé réussir à faire, une présentation qui soit une suite d’images, avec très peu de mots écrits, et qui accompagne et prolonge la parole. C’est bien plus long et difficile de trouver pour chaque idée la bonne image, que d’aligner des bullet-points et des textes en style télégraphique, accompagnés de quelques illustrations, et c’est aussi beaucoup plus efficace.
Je me suis dit, tout au long de sa présentation, que même si nous occupions des places différentes dans des milieux différents, nous avions vraiment des problématiques très proches. J’aurais pu, pratiquement tout le temps, remplacer dans l’exposé de Daniel le terme « étudiant » par celui de « lecteur », et cela fonctionnait : » Aller chercher l’étudiant le lecteur où il est. » « Observer les pratiques numériques des étudiants lecteurs. » Des bibliothèques universitaires centrées sur les étudiants, des éditeurs centrés sur les lecteurs…
J’ai bien aimé le concept de dinosaure de l’avenir, pour désigner les liseuses que l’on achète en sachant bien qu’un nouveau modèle va sortir dans quelques semaines, et qu’elles feront figure d’antiquités dans un avenir proche..
J’ai raté la conférence de Pierre et Marin, la mienne était au même horaire. Et je n’ai même pas pu me consoler avec un des ces billets en quasi direct écrits par Hubert Guillaud (je ne sais pas comment il peut écrire aussi vite..) pour la Feuille, parce qu’Hubert est venu m’écouter, et c’est mon intervention qu’il a bloguée. – En fait, Daniel a bloguée leur intervention ici, je viens de trouver le lien. - (Je n’ai pas pu non plus rendre la gentillesse à Hubert et aller l’après-midi assister à l’atelier qu’il animait : le matin, en fermant ma valise, celle-ci a rendu l’âme, et je devais, sous peine de voyager avec mes affaires dans un sac poubelle, aller en vitesse m’en acheter une nouvelle avant de prendre le train. ( Sur twitter, j’ajouterais le tag #toutlemondesenfout, que je mets parfois quand je me laisse aller à raconter ma vie… )
Ayant réglé la question valise finalement assez vite, j’ai tout de même passé une tête, en fin d’atelier, au moment où Hubert, après avoir montré Scribd et CommentPress aux stagiaires, leur expliquait le fonctionnement de Delicious. Un atelier, un vrai, avec un ordinateur par stagiaire, et tout le monde super concentré, créant son compte sous Delicious, ajoutant ses premiers signets, choisissant ses premiers tags.
Nous avons tous ensuite marché jusqu’à l’Alcazar, la bibliothèque municipale de Marseille (construite par l’architecte Fainsilber) pour participer à un débat sur l’avenir du livre animé par Xavier Delaporte ( débat sur le même thème avec les mêmes intervenants, Hubert Guillaud, Marin Dacos et moi, également animé par Xavier Delaporte dans l’émission Place de la Toile sur France Culture vendredi prochain à 11h.)
C’était le dernier événement de la semaine, je pensais que, épuisés, les stagiaires auraient tous filé à la plage… Pas du tout, il y a eu du monde, des questions, de nombreux stagiaires de l’UE et quelques lecteurs de la bibliothèque.
Bravo à l’équipe du Cléo, et rendez-vous au BookCamp pour de nouvelles aventures.
des métadonnées suffisamment bonnes ?
C’est une chose de critiquer la qualité des métadonnées du programme Livres de Google, c’en est une autre de le faire de façon systématique et argumentée. C’est l’exercice auquel s’est livré Geoff Nunberg et que l’on peut consulter ici.
La réponse de Jon Orwant, responsable des métadonnées chez Google, est intéressante. Loin de nier le problème ou de chercher à le minimiser, il examine une à une les erreurs pointées par Geoff Nunberg et explique leur origine, et la manière dont Google traite ses questions, à l’échelle des millions d’ouvrages qu’il a numérisés.
Joseph Esposito fait (dans la mailing list Read 2.0) un rapprochement entre le parti pris de Google concernant ce projet – privilégier l’accès rapide à une grande quantité d’ouvrages, et améliorer ensuite progressivement la qualité des métadonnées – et le concept remis à l’honneur dans Wired cette semaine : celui de « good enough« . Francis Pisani traduit dans son billet sur le sujet « good enough » par « pas mal ». Je le traduirais plus littéralement par « suffisamment bon », me souvenant du terme de « mère suffiisamment bonne« utilisé pour traduire le concept de « good enough mother » proposé par le psychanalyste anglais Winnicott. J’aime cette idée du « good enough », essentielleemnt déculpabilisante (pour les mères, qui résistent difficilement à l’envie d’essayer de devenir des mères parfaites), mais dans beaucoup d’autres domaines aussi. Ça ressemble à première vue à un concept de feignant, celui qui se contenterait d’un « assez bien », qui bâclerait le travail, un candidat au « peut mieux faire ». En réalité, le désir de perfection est souvent paralysant. Ce concept de « good enough » permet au contraire de lever bien des inhibitions, permet d’oser faire un premier pas, celui qui coûte le plus.
Mais ce n’est pas en priorité à cause de la qualité de ses métadonnées que le projet Google Livres, et surtout le projet de Règlement auquel le procès intenté à Google par les éditeurs et auteurs américains a abouti est violemment critiqué et combattu. Trois principaux reproches sont faits au Règlement Google Books Search :
- le non respect par Google de la législation sur le droit d’auteur
- le danger de constitution d’un monopole sur l’exploitation des versions numérisées des œuvres orphelines
- le manque de garanties sur le respect de la vie privée
Le délai prévu par le Règlement pour déposer des objections a été prolongé jusqu’au 8 septembre. Et il faudra attendre le 7 octobre, l’audience de la cour de justice américaine chargée de se prononcer sur la validité du Règlement, pour savoir si celle-ci l’aura considéré comme… « good enough ».