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The Mongoliad : un monde fictif virtuel partagé massivement multi-lecteurs

mongoliad_w150Mardi 25 mai était dévoilée à San Francisco la version alpha du premier projet de  Subutaï Corporation, une équipe qui regroupe des écrivains, des développeurs, des game-designers et des directeurs artistiques.

Il y a longtemps, depuis la lointaine époque du cédérom, que j’ai l’intuition que c’est via un rapprochement entre les auteurs de l’écrit et le monde du jeu (développeurs, game designers, directeurs artistiques, réalisateurs ) que s’inventeront probablement de nouvelles formes narratives sachant tirer parti des hybridations que les technologies informatiques autorisent, ce que l’on appelait dans les années 90 le multimédia interactif.

La composition de l’équipe de Subutaï Corporation en est l’illustration : les auteurs, issus de l’univers de la SF, de la mouvance post-cyberpunk,  s’entourent de professionnels qui pourraient figurer dans un roman de Douglas Coupland,  l’un architecte de plateformes de jeux massivement multijoueurs, l’autre spécialiste des textures, tous familiers de la 3D et de l’univers du jeu.

Voici comment Subutaï présente son projet, dans un mail adressé à ceux qui se sont inscrits pour la version alpha sur son site :

«  Au centre du dispositif, une aventure médiévale contée par Neal Stephenson, Greg Bear, Nicole Gallan, Mark Teppo et d’autres auteurs renommés, qui se situe à une époque où l’Europe pensait que les hordes mongoles étaient sur le point de détruire son monde, et où une petite bande de mystiques et de combattants essaient de détourner le cours de l’histoire.

Nous avons travaillé de manière avec des artistes, des chorégraphes de combats et d’autres spécialistes des arts martiaux, des programmeurs, des réalisateurs, des game designers, et pas mal d’autres gens pour produire un flux constant de contenu non textuel, para et extra narratif, dont nous pensons qu’il donnera vie à l’histoire d’une manière inédite, et qui ne pourrait pas être envisagée sur un média unique.

Très prochainement, lorsque The Mongoliad contiendra une une masse suffisante de récits et de contenu, nous demanderons aux fans de nous rejoindre pour créer le reste du monde et créer de nouvelles histoires dans celui-ci. C’est là que débutera la partie réellement expérimentale du projet. Nous sommes en train de développer des technologies vraiment «  cool  » pour rendre cela facile et amusant, et nous espérons qu’un grand nombre d’entre vous les utiliseront.

Les gens pourront accéder à The Mongoliad sur le web et via des applcations pour mobile. Nous allons commencer avec l’iPad, l’iPhone, les terminaux sous Androïd, des applis Kindle, et nous ferons probablement plus encore dans un futur proche.  »

Cory Doctorow signale le projet sur boing-boing en ces termes :

«  Il  y a déjà eu quelques expériences notables de mondes partagés en ligne, du vénérable alt.cyberpunk.chatsubo à l’actuel Shadow Unit. Mais on dirait vraiment que ces types de the Mongoliad sont sur le point de charger encore la barque, et de pousser le concept plus loin que personne d’autre auparavant, et qu’ils le font d’une manière que seul le web autorise, impossible à traduire sur le papier.

J’ai vu une démo de The Mongoliad l’autre soir et c’était vraiment très excitant. Il n’y a pas encore grand chose d’accessible au public pour le moment, mais je vous tiendrai au courant.  »

Moi aussi, j’essaierai de vous tenir au courant.

(Via Peter Brantley )

Invités d’honneur

untitled-0-00-02-13Cette année, la France est l’invité d’honneur de la foire du livre de Séoul, et le BIEF (Bureau International de l’Edition Française) m’a demandé de participer aux journées professionnelles organisées à cette occasion.

J’ai donc fait le déplacement, pour intervenir au sujet des enjeux du numérique dans l’édition, en duo avec un représentant de l’Association des Publications Numériques de Corée, M. Chang Di Young. Bien qu’il m’arrive de plus en plus souvent de me livrer à cet exercice, je m’y prépare toujours avec le même soin, retouchant mes slides jusqu’à la dernière minute, soucieuse de présenter le plus clairement possible la manière dont les éditeurs français abordent les questions touchant au numérique, les défis auxquels ils sont confrontés, et les changements que cela implique dans leur manière de travailler.

Dans le salon lui-même, une petite allée de stands montrant des liseuses, dont la liseuse Samsung.  Je discute un moment avec un représentant de IN3tech, ( InCube Technologies), un prestataire proposant aux éditeurs ses services pour la numérisation et l’intégration de leur catalogue dans la librairie que Samsung met en place pour ses smartphones et sa nouvelle liseuse. Comme nous échangeons nos cartes (à la manière coréenne : tenir la carte à deux mains et s’incliner légèrement), il voit le nom du groupe qui m’emploie et tilte immédiatement, me parlant de vidéo, de YouTube, et je comprends qu’il a vu le film «  Possible ou Probable  » réalisé par Editis il y a quelques années. Il appelle ses collègues pour leur montrer le logo sur ma carte, et tous me font part de leur enthousiasme pour ce film, et je suis obligée malheureusement de leur dire qu’il a été réalisé avant que je n’arrive dans le groupe, et oui, je ne peux m’attribuer aucun mérite à propos de ce film que Bob Stein, plusieurs années après sa sortie, avait signalé à nouveau, lui redonnant visibilité.

J’assiste également à l’intervention d’Hugues Jallon, Directeur Editorial de La Découverte, qui fait une très belle synthèse sur l’édition de Sciences Humaines, abordant la question de manière thématique et en citant et resituant de nombreux titres et auteurs, dans le champ économique, dans celui du politique et celui de l’environnement. Auprès de lui, deux éditeurs de Sciences Humaines coréens, deux éditeurs véritables, passionnés, qui dirigent des petites maisons d’édition, expliquent l’extrême difficulté qu’il y a à trouver des traducteurs français-coréen capables de traduire de la philosophie ou de la sociologie de haut niveau. Il racontent aussi, de manière assez drôle, leurs difficultés à trouver des soutiens financiers, expliquant que lorsqu’ils essaient d’intéresser des industriels (ils citent l’exemple de Hyundaï, qui sponsorisent sans problème à coup de milliards- en won, le milliard est assez vite atteint, c’est environ 8750 euros – des clubs de sport, mais refusent ne serait-ce  que de recevoir ou regarder leurs livres… Il n’est pas facile, donc, de faire circuler la pensée française, mais certains s’y emploient avec une énergie et une passion qui font plaisir à voir, sans se décourager, ne se résignant pas à ce que les Coréens pensent que rien ne s’est passé chez nous depuis le structuralisme et les auteurs de la «  French Theory  ».

Très peu de temps pour découvrir la ville, même en se levant très tôt (facile avec le décalage horaire…).  Retrouvé Hugues Jallon ce matin pour prendre  le métro à la première heure. Nous quittons le quartier où a lieu la foire, quartier récent dédié au business, grandes avenues bordées de tours, mais dont les rues transversales révèlent des surprises : vous tournez au coin de la rue et l’échelle change brutalement, un fouillis de petites constructions, des restaurants bon marché, une ambiance très différente de celle de l’avenue qui n’est qu’à vingt mètres.

Nous avons ensuite marché plus de trois heures, le plan à la main, nous repérant grâce aux bâtiments, et réussi à trouver notre chemin jusqu’au palais Deoksugung, l’un de ces lieux qui permettent d’éprouver un sentiment d’architecture, cette émotion particulière et rare que l’on éprouve en voyant certains bâtiments, sans pouvoir toujours analyser d’où il provient : l’échelle ? le rapport entre les vides et les pleins ? la disposition des bâtiments, les couleurs, les matériaux ?

Il faudrait bien plus de temps, évidemment, pour se faire une idée de cette ville immense, et tel n’est pas, bien sûr l’objet de notre voyage. Il prend fin, d’ailleurs, et demain, onze heures d’avion m’attendent, et n’oublie pas, mon chéri, de venir me chercher à l’aéroport (c’est un test, pour savoir si oui ou non mon amoureux lit mon blog comme il le prétend…)

Encore le Cloud…

bleuQuel dommage de parler de «  clouds  » en ce beau premier week-end vraiment printanier… Mais je n’ai pas le choix. suite à une intervention que j’avais faite au TOC de Francfort en octobre dernier, on m’a demandé de participer, lors de la prochaine foire du livre de Londres, à une table ronde sur le thème «  Clouds : What are They Really About, and What is Their Impact on Publishers ?  »

Bonne occasion pour sortir mon blog de sa léthargie, et essayer de faire ce à quoi sert un blog : réfléchir tout haut, réfléchir avec vous, ouvrir la boîte, et m’aider de votre possible lecture pour avancer dans la préparation de cette table ronde.

Je suis loin d’être une spécialiste de la question, et c’est pour ça que ça m’intéresse… Les premières explications concernant le cloud computing, c’est au théâtre de la Colline, lors d’une conférence donnée dans le cadre d’Ars Industrialis que je les ai trouvées. J’ai approfondi cette affaire en lisant le livre co-écrit par Christian , Alain Giffard et Bernard Stiegler, intitulé «  Pour en finir avec la mécroissance«  .

A Francfort, je me suis demandé ce que pourrait bien devenir l’industrie du livre, si on se mettait à la définir non plus comme «  produisant  » des livres, mais comme proposant des services, en détournant l’un des sigles qui déclinent ceux que le cloud computing propose : «  PAAS = Publishing As A Service  ».

J’avais bien conscience, dans cette présentation, de jouer un peu sur les mots, en considérant comme «  dans les nuages  », toute l’activité qui entoure le livre et qui se situe en ligne. En effet, il ne suffit pas qu’un service soit proposé en ligne pour qu’il relève précisément  du «  cloud computing  », ou alors, on enlève à ce concept sa véritable substance, considérant chaque serveur comme un petit nuage…  Non, lorsque l’on parle de «  cloud computing  », on parle non pas de serveurs dispersés et gérés de façon autonome, tous reliés par internet. On parle de gigantesque installations industrielles, contenant des centaines de milliers de serveurs, offrant d’énormes capacités de stockage et de calcul. On parle aussi «  virtualisation  », et là, je cite Christian Fauré :

La virtualisation est un procédé qui consiste à dé-corréler la vision physique de la vision logique des infrastructures de machines. On peut ainsi avoir une seule machine physique qui est considérée comme étant une multiplicité de machines logiques. Bien que la technologie de virtualisation ne soit pas toute récente,  Amazon a relevé le défi non seulement de la mettre en place sur de très grandes quantités de machines, mais en plus d’automatiser l’allocation
de ses ressources logiques, permettant ainsi à tout internaute de mettre en place un serveur virtuel, en ligne et sans intermédiaire. Nombre de jeunes sociétés web s’appuient aujourd’hui sur les infrastructures d’Amazon pour disposer d’une puissance de calcul et de stockage « à la demande » et élastique, précisément pour ne pas s’effondrer en cas d’augmentation des consultations sur leur site.  »

La complexité et le gigantisme de ces installations industrielles, mises en place par des acteurs dont on imagine que, parce qu’ils opèrent sur le web, ils ne brassent que du virtuel, de l’immatériel, a été un réelle découverte. D’ailleurs, l’idée très bien implantée qui consiste à considérer que «  du moment que ça passe par Internet, cela ne coûte rien, c’est virtuel, ce sont des «  bits  », pas des atomes, alors n’allez pas nous faire croire que cela coûte cher  » s’appuie sur cette vision naïve d’une société de la connaissance qui serait post-industrielle, brassant uniquement de la matière grise à l’aide d’impulsions électroniques sans presque aucune inscription dans la matière. Amazon, Google, Microsoft, IBM, Apple, possèdent de telles installations, et continuent d’en construire. Où croyez-vous que sont stockés vos photos sur Flickr, vos vidéos sur YouTube, vos messages sur Twitter, vos publications sur Facebook, et vos billets de blog ?

Alors, l’édition dans les nuages ? Ce que j’avais eu envie de mettre en avant à Francfort, c’est le fait que le livre n’avait pas besoin d’être numérique pour avoir quelque chose à voir avec le cloud. Que déjà, alors que le livre numérique en France en est encore à ses balbutiements, le monde des livres avait déjà en partie migré sur le web, et probablement «  dans les nuages  » aussi. Que déjà, le concept de «  chaîne du livre  » était devenu inopérant, et cédait la place à quelque chose qui ressemblait bien plus à un réseau, dont bien des nœuds, déjà, étaient dépendants du cloud computing. Notre bouquinosphère, par exemple, mais aussi le web littéraire, avec lequel elle a des intersections. Auteurs-blogueurs, pro-am de la critique littéraire, certains libraires et éditeurs, tous utilisent des services et des plateformes qui bien souvent s’appuient sur ces infrastructures «  dans le nuage  ».

Du côté des éditeurs, les exemples de nouvelles offres éditoriales tout à fait susceptibles d’utiliser le cloud computing se multiplient également. Les sites proposant du «  pick and mix  », offrant la possibilité aux utilisateurs de composer eux-mêmes le livre qu’ils pourront ensuite consulter en ligne, télécharger ou imprimer à la demande se sont multipliés. Construits autour de thématiques comme la cuisine, ou bien édition scolaire et universitaire, ces sites s’appuient sur des plateformes permettant d’identifier et de sélectionner des éléments de contenu, textes et images, de les choisir et des les assembler. La plupart proposent aux utilisateurs de créer des ouvrages qui pourront mixer des contenus éditoriaux prééxistants et des contenus créés par l’utilisateur.

La vision de Bob Stein, celle d’une lecture connectée, communautaire, collective, de textes disponibles en ligne et accompagnés de dispositifs permettant annotation et échanges entre lecteurs, s’appuie également sur un concept de plateforme en ligne, offrant à la fois l’accès à un contenu et l’accès à des services qui vont au-delà du simple affichage du texte.

En vérité, chacun des services cités n’était pas nécessairement situé dans les nuages, au sens strict du terme. Susan Danzinger, la fondatrice de Daily-Lit, que j’avais questionnée à ce sujet m’avait répondu que l’offre qu’elle propose n’utilise pas le cloud computing, pour la raison simple que ces solutions ne permettaient pas de gérer comme elle le souhaitait les envois de mail, et que le service qu’elle propose (envoi à la demande d’un livre numérique sous forme d’extraits successifs, adressés soit par mail,  soit vers un agrégateur de fils RSS)  exigeait cela.

La grande idée du cloud, pour la résumer très sommairement,  c’est de demander aux dirigeants d’entreprise : de quoi avez-vous besoin ? de salles informatiques bourrées de serveurs pour héberger les applications que les salariés de votre entreprise utilisent ? ou bien que ceux-ci accèdent simplement à ces applications pour les utiliser ? Pourquoi vous embêter avec le stockage, l’installation, la maintenance, la mise à jour, le dimensionnement ? Nous pouvons faire tout cela pour vous. Vous n’avez pas besoin d’acquérir des licences et d’installer des logiciels. Vous avez besoin des services que ces logiciels  vous rendent.

À quoi bon être propriétaire ? À quoi bon vous embêter à entretenir votre bien, à réparer la toiture, à changer la plomberie, à refaire les peintures ? Avez-vous vraiment besoin de cela ? Ou bien plutôt d’un toit pour vous abriter, et que quelqu’un s’occupe pour vous de faire en sorte que ce toit ne prenne pas l’eau, ou vous propose une pièce supplémentaire le jour où la famille s’agrandit…

L’édition dans les nuages, selon Google, c’est Google Recherche de Livres, mais aussi Google Editions :  à quoi bon télécharger vos livres ? Laissez-les sur le nuage. A quoi bon les stocker sur votre disque dur, à la merci d’un plantage ? Votre bibliothèque entière sera dans le nuage, disponible en quelques clics (ou en quelques caresses sur l’écran de votre iPad…). Vous vous y faites très bien en ce qui concerne vos mails, utilisateurs de Gmail, Yahoo ou Hotmail… Est-ce que cela vous dérange vraiment de ne pas stocker vos mails sur votre disque dur ?

L’édition dans les nuages, selon Amazon, c’est ce livre que vous commencez à lire sur votre Kindle, et dont vous poursuivez la lecture sur votre iPhone, où il s’ouvre directement à la bonne page… La synchronisation se fait via le nuage d’Amazon, qui stocke et traque vos lectures. Mais c’est aussi ce livre que vous aviez acheté, et qu’Amazon efface de la mémoire de votre Kindle sans vous demander votre avis…

Olivier Ertzscheid, nous met en garde :

«  Pourtant, et maintenant que les grands acteurs du web sont bien positionnés dans les nuages, maintenant que chacun d’entre nous, particulier ou institution/entreprise dispose quotidiennement de ces services le plus souvent dans la plus parfaite transparence/ignorance, maintenant qu’au-delà des seuls accès ce sont également nos pratiques, nos médiations, qui prennent place dans la distance offerte par ces nuages, il est temps de sortir de l’imaginaire cotonneux dans lequel nous entraîne et que co-construit le vocable même «  d’informatique dans les nuages  ».

Sortir de l’imaginaire cotonneux, certes, et demeurer vigilant. Remplacer cet imaginaire cotonneux par une connaissance suffisante de ce que recouvre cette terminologie séduisante, une réflexion nourrie sur les conséquences des basculements qui s’effectuent déjà, pour autoriser des prises de décision qui ne se basent ni sur des peurs fantasmatiques ni sur des enthousiasmes naïfs.

Une maison d’édition est susceptible d’avoir affaire au «  cloud computing  » à plus d’un titre :

- en tant qu’entreprise, elle peut faire le choix d’offres «  XAAS  » pour son informatique de gestion.

- elle peut également développer de nouvelles offres éditoriales impliquant l’utilisation de services basés sur le «  cloud  », ce qui l’engage à repenser et transformer ses processus de production, comme l’ont fait les premiers les éditeurs scientifiques comme Elsevier, en partenariat avec MarkLogic.

- elle s’inscrit, je l’évoque déjà plus haut,  dans un écosystème qui utilise déjà largement des services basés sur le cloud computing, qu’il s’agisse de repérer des auteurs ou de promouvoir ses titres : l’usage des réseaux sociaux, tous adossés à des solutions «  cloud  », se développe considérablement.

Enfin, et c’est peut-être là le point le plus important, l’éditeur,  qui n’existerait pas sans ses lecteurs, se doit de s’interroger sur l’impact du «  cloud computing  » sur la lecture elle-même, et sur la définition de la lecture numérique à l’ère des lectures industrielles,  objet des recherches d’Alain Giffard, récemment invité des assises professionnelles du livre organisées par la commission numérique du SNE.

J’ai filmé avec ma petite flip caméra, en tremblotant un peu, un petit moment de cette intervention, qui n’est pas sans rapport avec ce dont il est question ici, le voici :

Que ferons-nous des nos livres, en effet, s’ils s’en vont sur les nuages, et que ne parvient pas à s’inventer un art de la lecture numérique ? J’arrête ce billet, plus que je ne le termine,  tant les questions sont loin d’être toutes abordées et traitées,  en citant Alain Giffard :

«  Les faiblesses des robots de lecture permettent d’établir ce point que je crois décisif : le dispositif actuel de lecture numérique suppose un lecteur doté à la fois d’une grande responsabilité et d’une grande compétence. Il est responsable non seulement de l’établissement du texte pour la lecture, mais aussi de la technologie, de sa propre formation, et de sa participation au réseau des lecteurs. Il ne confond pas pré-lecture et lecture, « hyper-attention » et attention soutenue, lecture d’information et lecture d’étude, acte de lecture et exercice de lecture. Il sait identifier et rectifier le travail des robots. Même l’industrie de lecture reconnaît que son activité suppose un tel lecteur. Pour se défendre à propos des erreurs relevées dans les moteurs de Google Books, les dirigeants de Google soutiennent que l’ampleur du texte numérique impose l’automatisation avec sa part d’erreur machinique inévitable et donc l’activité de correction des internautes. Autrement dit, à l’inlassable industrie de lecture du robot doit correspondre l’interminable activité de rectification du lecteur compétent.  »

Je ne suis pas un robot, mais je fais appel aux lecteurs compétents que vous êtes, pour apporter corrections et rectifications à ce billet…

Première messe

messeJ’en ai croisé qui disaient : c’est ma 42ème, l’un en est même à sa 53ème. Moi, c’était ma première Foire de Francfort, ma première « messe » disent les allemands.
Je n’aime pas beaucoup les foires et les salons, lumières artificielles, bruit de fond, kilomètres de moquette et de mobilier de stand. Mais à Francfort, étrangement, alors que tout est multiplié par dix  (plusieurs halls immenses, chacun sur plusieurs étages, et des kilomètres de couloirs que des tapis roulants tentent de raccourcir), je passe plusieurs jours passionnants, où s’enchainent les rencontres.

Entre les rendez-vous, je m’aventure :

- au pavillon de l’invité d’honneur, cette année la Chine, ou une belle expo nous rappelle l’histoire de l’écriture, et que les Chinois avaient inventé l’imprimerie bien avant notre Gutenberg. Je suis toujours émue d’une manière assez inexplicable devant les témoignages des premiers temps de l’écriture : signes gravés sur une carapace de tortue, un os, une pierre.

tortue

chinoisliseuses

Il suffit de tourner la tête, et on tombe sur une série de liseuses suspendues au dessus d’une rangée d’ordinateurs, toujours des signes, des mots, toujours du sens qui circule entre les gens.

- à l’étage des agents, dont quelqu’un m’a dit qu’il fallait que j’aille au moins y jeter un coup d’œil. Ici, pas de stands tape à l’œil, pas de livres exposés. Des rangées de tables étroites, avec des chaises de part et d’autre, et des dizaines de paires de gens en train de discuter.

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- dans la grande cour centrale, entre les halls immenses, pour déjeuner de saucisses et de pain, emmitouflée dans mon manteau. Une éditrice me l’a bien dit ce matin : « Francfort, pour moi, ça veut dire que l’hiver arrive. »

- dans le Hall 8, celui des anglo-saxons, dont l’ambiance est bien différente du 6, où sont regroupés les français avec d’autres. Mais je ne suis pas là tellement pour comparer les stands impressionnants des uns et des autres, je cherche Mike Shatzkin, qui partage un stand avec quelques autres consultants, et après quelques tours de piste, car il est sans arrêt occupé à discuter avec quelqu’un, je finis par le trouver seul, et passe un bon moment à discuter avec lui. Il est si chaleureux que j’en ai oublié mon anglais hésitant. Il me glisse une pub pour un événement qu’il organise à New York en janvier,  j’aimerais bien y aller.

Avant la «  Messe  », il y a eu la journée TOC organisée par O’Reilly. J’ai entendu Sara Lloyd, dont j’avais aidé Hubert et Alain à traduire le « digital manifesto » l’an dernier. Elle est suivie par Cory Doctorow, dont l’intervention qui pourfend les DRM sera pas mal commentée le lendemain sur la foire, tout comme la conférence sur le piratage de Brian O’Leary, qui tend à démontrer, sur un nombre limité de titres d’O’Reilly, que la mise à disposition non autorisée par l’éditeur des fichiers des livres numériques sur des réseaux peer to peer, le piratage,  tendrait plutôt à favoriser les ventes. Certains (essentiellement un article de the Bookseller, qui est distribué sous format imprimé gratuitement partout dans la foire,  laisse entendre que des éditeurs accusent Andrew Savikas, qui a organisé l’événement, d’en avoir fait un événement plus orienté « informaticiens » que « éditeurs », et de mettre en avant les expériences d’O’Reilly qui édite des livres bien particuliers, essentiellement destinés aux développeurs, en laissant entendre abusivement que ses expériences pourraient fonctionner tout aussi bien pour l’édition grand public.

Je ne sais pas bien de quel côté j’aurai fait pencher la balance, avec mon intervention de l’après-midi : je suis bien quelqu’un «  de l’édition  », et je ne suis pas informaticienne. Pourtant, je dis,  entre autres choses, dans cette intervention : « éditeurs, il va vous  falloir être un peu plus proches de la technologie. Les livres vont devenir numériques, vous vivrez dans un univers un peu plus technique, et il faudra bien vous y mettre un peu, si vous voulez maîtriser ce qui s’en vient. »

Les critiques faites à Savikas me semblent bien peu justifiées. Les commentaires de Sara Lloyd ont été, elle le précise en commentaire sur le blog de TOC,  sortis de leur contexte. Je conçois que certains soient agacés par les prises de position de Cory Doctorow. Mais déformer la pensée de Sara et essayer de jeter le doute sur la qualité de l’événement organisé par les équipes d’O’Reilly me semble un procédé assez douteux. C’est tentant de trouver quelqu’un sur qui taper lorsque l’on réalise qu’il va falloir changer, et vite, si on ne veut pas se trouver complètement dépassé par un monde qui change à toute vitesse. C’est tentant de tomber à bras raccourcis sur celui qui essaie de regarder loin devant et dit « préparez-vous, accrochez-vous, ça va remuer ! ».

Les interventions auxquelles j’ai assistées au TOC n’étaient pas spécialement techniques. Même la présentation faite par Peter Brantley de l’OPDS n’était pas technique, ce qui est une prouesse lorsque l’on parle d’un sujet pareil. Et cette façon d’essayer de minorer l’intérêt d’un événement en stigmatisant ses intervenants et son public est vraiment assez désagréable. On dit « c’est un truc de geeks », et on retourne ne rien faire à propos du numérique, en se disant « il n’y a pas de marché ». On pourra ajouter quelques propos nostalgiques sur l’odeur de la colle et le toucher du papier…

Pour plus de détails, voir le blog TOC, avec les commentaires.

Pendant que je projetais des photos de nuages et essayais d’imaginer, en vilaine geek que je suis, ce que pourrait être le « Cloud Publishing », les rois du Cloud Computing faisaient, dans la salle à côté, l’annonce de l’ouverture prochaine de Google Editions. Cela avait été déjà annoncé il y a plusieurs mois, mais cette fois, même si aucune date d’ouverture n’est encore annoncée, cela semble plus proche, courant 2010.

Cela fait des années qu’on savait que cela allait arriver : les géants du web s’approchent à grand pas et font trembler le sol sous leurs bottes de sept lieues. Seront-ils aussi amicaux que les géants de Royal de Luxe qui ont investi Berlin à l’occasion du début des festivités liées à  l’anniversaire de la chute du mur ?

des métadonnées suffisamment bonnes ?

C’est une chose de critiquer la qualité des métadonnées du programme Livres de Google, c’en est une autre de le faire de façon systématique et argumentée. C’est l’exercice auquel s’est livré Geoff Nunberg et que l’on peut consulter ici.

La réponse de Jon Orwant, responsable des métadonnées chez Google, est intéressante. Loin de nier le problème ou de chercher à le minimiser, il examine une à une les erreurs pointées par Geoff Nunberg et explique leur origine, et la manière dont Google traite ses questions, à l’échelle des millions d’ouvrages qu’il a numérisés.

Joseph Esposito fait (dans la mailing list Read 2.0) un rapprochement entre le parti pris de Google concernant ce projet – privilégier l’accès rapide à une grande quantité d’ouvrages, et améliorer ensuite progressivement la qualité des métadonnées – et le  concept remis à l’honneur dans Wired cette semaine : celui de «  good enough«  . Francis Pisani traduit dans son billet sur le sujet «  good enough  » par «  pas mal  ». Je le traduirais plus littéralement par «  suffisamment bon  », me souvenant du terme  de «  mère suffiisamment bonne«    utilisé pour traduire le concept de «  good enough mother  » proposé par le psychanalyste anglais Winnicott. J’aime cette idée du «  good enough  », essentielleemnt déculpabilisante (pour les mères, qui résistent difficilement à l’envie  d’essayer de devenir des mères parfaites), mais dans beaucoup d’autres domaines aussi. Ça ressemble à première vue à un concept de feignant, celui qui se contenterait d’un «  assez bien  », qui bâclerait le travail, un candidat au «  peut mieux faire  ». En réalité, le désir de perfection est souvent paralysant. Ce concept de «  good enough  » permet au contraire de lever bien des inhibitions, permet d’oser faire un premier pas, celui qui coûte le plus.

Mais ce n’est pas en priorité à cause de la qualité de ses métadonnées que le projet Google Livres, et surtout  le projet de Règlement auquel le procès intenté à Google par les éditeurs et auteurs américains a abouti est violemment critiqué et combattu. Trois principaux reproches sont faits au Règlement Google Books Search  :

- le non respect par Google de la législation sur le droit d’auteur
- le danger de constitution d’un monopole sur l’exploitation des versions numérisées des œuvres orphelines
- le manque de garanties sur le respect de la vie privée

Le délai prévu par le Règlement pour déposer des objections a été prolongé jusqu’au 8 septembre. Et il faudra attendre le 7 octobre, l’audience de la cour de justice américaine chargée de se prononcer sur la validité du Règlement, pour savoir si celle-ci l’aura considéré comme… «  good enough  ».

Barnes & Nobles : une offre numérique « device agnostic » ? Il faut le dire vite.

barnesBarnes & Noble vient d’ouvrir sa librairie numérique en ligne. La principale chaîne de librairie américaine (770 librairies dans 50 états…) vient rivaliser ainsi avec Amazon pour la vente des livres numériques.

Son offre est proche de celle d’Amazon sur plusieurs points  : le prix auquel sont proposés les titres les plus demandés  – 9,99 $. Par ailleurs, le modèle intégré  format propiétaire / e-librairie.  La home pourrait nous induire en erreur, qui met en avant, via une série de photos qui défiilent, différents terminaux associés à des contextes de lecture distincts. Sur 4 photos, 3 représentent des personnes de sexe féminin : une jeune femme avec sa fille, qui utilisent un iPhone, une étudiante avec un Mac,  une dame âgée un PC sur les genoux, et une seule représente un jeune homme, qui utilise, lui,  un Blackberry (un truc pro, un truc de mec le Blackberry… Les femmes, elles, elles  vont à la fac avec leur Mac pour essayer de rencontrer un futur possesseur de Blackberry, l’épouser, avoir une petite fille et lui raconter des histoires qu’elles liront sur leur iPhone. Plus tard, quand la petite fille sera partie chercher un mari à la fac, elles iront se reposer au bord de la mer, leur PC sur les genoux. #quartdheurefeministe )

barnesdetail1Les livres numériques de chez Barnes & Noble fonctionnent «  avec le eReader que vous possédez déjà…  » (enfin, sauf si vous possédez une liseuse Kindle, Sony ou Bookeen…)  Ce terminal de lecture, ce doit être en réalité soit un iPhone, soit un Blackberry, soit un ordinateur Windows ou Mac.  Mais l’annonce a été faite que très prochainement, Barnes & Noble allait devenir le revendeur exclusif de la liseuse annoncée par Plastic Logic pour la fin de l’année.

Annonçant 700 000 titres numérisés (parmi lesquels il faut compter
500 000 livres issus du domaine public, et mis à disposition par Google), Barnes & Noble peut revendiquer l’offre numérique la plus vaste jamais rassemblée sur un seul site.

La plupart des titres que Barnes & Noble a trouvés dans le panier de la mariée FictionWise sont au format eReader. Ce format est bien connu des adeptes précoces de la lecture électronique : développé initialement sous le nom de PeanutPress, il a été acheté par Palm et renommé Palm Digital Media, avant de l’être par eReader, absorbé ensuite par FictionWise.  Le logiciel de lecture eReader, qualifié de «  device agnostic  », permet un accès avec ou sans fil à la boutique en ligne de Barnes & Noble. Cette application est compatible avec un très grand nombre de terminaux incluant les smartphones leaders du marché (iPhone et Blackberry), ainsi que les ordinateurs Windows et Mac. «  Device agnostic  » ? Hum…   Cela veut dire simplement que le logiciel  eReader de FictionWise a été porté sur un grand nombre de plateformes. Mais il n’est nulle part mention d’une quelconque liseuse (possesseurs de Kindle, de Sony ou de Bookeen passez votre chemin. ) «  interopérable  » ? Non, vraiment pas. Et pas mal sexiste, leur promo, quand même…

Guerre et paix

Guerre :

«  A la différence de la confrontation des majors avec le numérique, la guerre à venir à toutes les chances d’être plus brutale, plus rapide et plus efficace que celle que mène encore l’industrie du disque. Le plan de bataille édicté par le SNE est d’ailleurs un constat d’échec tant il n’est guère qu’un plan de défense face à une attaque qu’il devine, lui aussi, imminente. Si l’industrie du livre n’a de toute évidence rien appris de l’expérience des majors du disque, qui peut imaginer un instant que dans le camps adverse, aucune leçon n’at été apprise afin de mettre au point les stratégies de la guerre à venir ?  » (Fabrice Epelboin – ReadWriteWeb)

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Paix :

«  Dans un univers numérique, la clé du succès, c’est le dialogue. Dans le monde du livre, cela suggère le dialogue avec un auteur vivant, certes, mais aussi avec d’autres lecteurs, ou d’autres participants à l’écosystème qui prend forme autour d’une œuvre. Par conséquent, par delà les infrastructures, les formats, les modèles commerciaux, etc. ceux qui réussiront le mieux seront ceux sauront tirer profits des dialogues — par tous les moyens ; par ceux qui leur conviennent, ne serait-ce que par courriel, par un blogue, etc. Qu’ils soient auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, etc. Je m’émerveille d’ailleurs en voyant apparaître, chaque jour, de nouvelles initiatives qui s’inscrivent dans cette dynamique conversationnelle.  » (Clément Laberge – du cyberespace à la cité éducative)

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Je sais pas, vous, mais moi, je préfère la paix. Je préfère le travail de Clément auprès des éditeurs, en France pendant plusieurs années et maintenant au Québec, à l’agressivité d’Epelboin envers les éditeurs. Nous n’en sommes qu’au tout début d’un changement qui modifie la manière dont nous lisons, écrivons, publions, apprenons, nous informons, échangeons. Les modalités de ce changement, ses conséquences, méritent autre chose que les sempiternelles vociférations contre «  les éditeurs  ». Ce n’est pas un secteur que je défends ici, c’est une manière d’être.  Je préfère saluer les expérimentations plutôt que souligner les maladresses, aider à la compréhension plutôt que me gausser des retardataires. Accompagner le changement, et non le jeter à la face de ceux qu’il concerne.

Réseaux sociaux avec éditeurs

On l’a dit déjà : avec le numérique, il sera de plus en plus difficile de parler de chaîne du livre, comme on le faisait couramment jusqu’à présent. Chacun des maillons de cette chaîne ne «  parle  » qu’aux maillons qui voisinent directement avec lui. Non, avec le numérique, on va plus volontiers parler de réseau, et ce, même en ce qui concerne les livres imprimés. Chacun des nœuds d’un réseau peut virtuellement entrer en contact avec tous les autres. Pour les éditeurs, il existe aujourd’hui des moyens d’entrer en contact direct avec leurs lecteurs. J’en vois qui s’inquiètent, qui voient les éditeurs arriver avec leurs gros sabots, et venir polluer les discussions sur le réseau avec des messages promotionnels, rédigés en pure marketing-langue. Essayer de transposer sur internet des pratiques marketing héritées du XXème siècle est une aberration. On l’a vu avec quelques exemples célèbres de faux blogs. Faudrait-il alors s’interdire de se saisir en aucune manière d’une opportunité aussi formidable pour entrer en contact avec ses lecteurs ?

A l’heure où Le Monde fait découvrir twitter à ses lecteurs, certains éditeurs ont déja de nombreux «  following people  » sur twitter. [ajout du 18/01/09 : en voici toute une liste sur un répertoire créé par Jeniifer Tribe.] Little, Brown and co, par exemple. Que peut bien twitter un éditeur ? C’est simple, il suffit de déchiffrer ses derniers tweets.

Le premier nous apprend que non content d’être sur twitter, Little, Brown and Co est aussi sur Facebook :

1 – «  Relaxing this weekend with THIS ONE IS MINE by Maria Semple. Become a fan of the book on Facebook : http://tinyurl.com/65aapr

Le ton est direct : besoin de vous relaxer ce week-end ? Lisez donc This one is mine par Maria Semple. Et devenez fan du livre sur Facebook. C’est bien de la promo. Mais le ton est simple et direct, personnel. Et personne n’est obligé de suivre LB & co sur twitter : celui qui le décide est à priori intéressé par de l’info sur les publications de l’éditeur.

2 – «  @lovebabz Sounds divine. Have a great relaxing day.  » – Un message qui commence par @ suivi d’un pseudo twitter : c’est donc qu’il y a bien des échanges. Qui est lovebabz ? Il semble que c’est une mère de famille, blogueuse, qui twitte des trucs comme : «  Good Morning ! Well it’s not raining ! Getting children ready for church. Greg is playing the bells this morning in the Boys Choir  » (Bonjour ! Super, il ne pleut pas ! Je prépare les enfants pour partir à l’église. Greg joue des cloches ce matin dans le choeur des garçons)

3 – «   @bookingmama posts video of Anita Shreve discussing the origins of TESTIMONY http://tinyurl.com/64nm6m  » Liens, liens, liens : Un tweet qui signale que «  bookingmama  » a posté une vidéo d’Anita Shreeve. Quelques clics d’enquête plius loin : Bookingmama est une blogueuse du livre, (sharing ideas on books and bookclubs – and occasionnally some other things – partageant des idées à propos de livres et de clubs de lecture, et occasionnellement à propos de quelques autres choses). Bookingmama a effectivement posté une vidéo dee l’auteur sur son blog, issue de YouTube. Allons-voir sur YouTube d’où vient cette vidéo.

Elle vient de BookVideos.tv , et je passe un bon moment sur leur site, pour voir un peu ce qu’ils font en matière de «  story behind the story  ». Le site est très bien fait : une offre directe aux éditeurs avec deux types de vidéos, l’un  économique et l’autre plus cher, et l’indication des sites partenaires sur lesquelles sont diffusées les vidéos parmi lesquels Amazon, Facebook, Barnes & Noble, iTunes, Google, Yahoo, AOL etc, et la lise des éditeurs clients : Simon & Schuster, Random House, Broadway Books, Chronicle Books, Ten Speed Press, W.W. Norton & Company, Thomas Nelson, Loyola University Press, Penguin, Hachette, Holtzbrinck, Bantam Dell, Doubleday, Sports Illustrated, Oxmoor House, Macmillan, Henry Holt and Company, Dorchester Publishing, John Wiley & Sons.

Les gens de Little Brown auraient tout aussi bien pu envoyer directement un tweet avec un lien vers la vidéo qu’ils ont certainement eux-même commandée, mais d’y renvoyer sur le blog d’une lectrice est bien plus efficace : la vidéo sera aussi bien vue, cela donne de la visibilité à ce blog, cela insère l’éditeur dans la blogosphère, car il contribue à tisser des liens entre ses membres.

4 – «   @highhiddenplace Enjoy ! Same to you re : giveaway and fun temporary tattoos. :)  » Ok, cette réponse de @littlebrown à @highhiddenplace semble être une plaisanterie, mais je ne parviens pas à la traduire. (Une suggestion ?) Hop, allons lire les tweets de @highhiddenplace. Un message vers @littlebrown les remercie pour leur envoi d’un livre. – «  Received my copy of THIS ONE IS MINE yesterday. It looks wonderful and I can’t wait to read it. Thank you again ! «   @highhiddenplace blogue depuis 2001, c’est aussi une mère de famille, elle alterne sur son blog des notes de lecture et des photos de ses enfants. J’y apprends qu’il y a un réseau ning dédié aux blogs de livres : http://bookblogs.ning.com/.

Je vois que tout comme @lovebabz, @highhiddenplace participe à un concours d’écriture en ligne, qui pourrait faire l’objet d’un prochain billet.

Je pourrais continuer longtemps, mais l’exercice est assez concluant, et ce billet vraiment trop long : en quelques clics, sur quelques tweets, on voit comment se tisse autour d’un simple fil twitter un réseau d’échanges, avec des gens qui partagent via le web leurs lectures et parfois leurs projets d’écriture, sans prétention. Un éditeur qui joue le jeu, envoie ses livres, entretient un dialogue. Et l’utilisation tous azimuts des sites sociaux : twitter, youtube, facebook.

J’ai trouvé le lien vers la page twitter de Little Brown dans ce billet de Kassia Krozser sur Booksquare, dont voici un extrait :

«  Personne ne peut atteindre vos clients mieux que vous parce que personne ne connait vos livres et ce qui les caractérise mieux que vous (exceptés, oui, vos auteurs ; ils jouent un rôle dans ce processus, bien sûr). Il n’y a pas de bonne façon pour faire cela. J’aime ce que des éditeurs comme Little, Brown and Co font sur Twitter, parlant de livres et s’entretenant avec les lecteurs (un bon point pour leurs fréquentes offres d’envois de services de presse). Je trouve agréable que des éditeurs comme Unbridled Books mettent leur point d’honneur à entrer en contact et à discuter avec des gens comme moi de façon régulière, – même les contacts commerciaux conservent une touche personnelle.  »

Katia a raison, il n’y a a pas de «  bonne manière  » de faire cela. Il faut juste se lancer, oser l’expérimentation.

deux point zéro

Avec les applications 2.0, je me demande si le concept de «  back office  » n’en a pas pris un petit coup. C’est l’article que publie Christian Fauré aujourd’hui qui me fait penser à ça. Il y reprend sa définition très ramassée du web 2.0 :

«  Une application Web 2.0 est un formulaire de saisie en ligne proposant des services adossés aux contenus saisis par les particuliers.”

Prenons FlickR ou Facebook : pour publier sur ces sites, nul besoin de passer dans l’arrière-cuisine : non, c’est une cuisine à l’américaine, ouverte sur le salon, et c’est dans la même pièce qu’on met les casseroles sur le feu, qu’on débouche la bouteille, qu’on s’assoit sur le canapé et qu’on mange les rondelles de saucisson… C’est dans le même espace qu’on saisit de l’information et que l’on consulte l’information, il n’y a pas de rupture.

Ce n’est pas vrai pour toutes les applications (il y a bien un espace d’administration, distinct de l’espace public, sur les plate-formes de blog par exemple, et celles-ci font partie intégrante des applis emblématiques du web 2.0). Lire la suite