Archives mensuelles : septembre 2010

sortir de son monde – #bookcamp3

Ce qui fait que j’aime venir au Bookcamp, c’est aussi ce pour quoi j’aime la littérature. Ce que j’aime, c’est sortir de mon monde. Ce qui me plaît au Bookcamp, par exemple, c’est que l’assistance de l’atelier intitulé «  et on donne à manger quoi ?  » animé par François Bon, Xavier Cazin et Julien Boulnois est composée d’un grand nombre de bibliothécaires, et que leurs questions, leurs réactions, me montrent des facettes d’un métier que je ne connaissais pas. C’est qu’en écoutant Hadrien expliquer OPDS, je comprends (un peu) mieux de quoi il retourne, suffisamment pour avoir envie d’essayer d’aller plus loin, et de creuser l’affaire une fois rentrée chez moi.

C’est ça, le Bookcamp. C’est aussi retrouver ceux avec qui s’est tissée une amitié, au fil des événements de ce type et des commentaires croisés sur les blogs.

C’est prendre des notes directement sur Twitter – avec le hashtag #bookcamp3 – jusqu’à ce que la batterie de l’iPhone déclare forfait.

C’est l’horrible obligation de devoir choisir parmi les ateliers qui se déroulent en même temps, et de devoir rater trois fois de suite les trois autres.

Sortir de son monde pour en inventer un, vaste, commun, multiple, ouvert. Un monde de circulation des œuvres numériques qui peine et qui tarde à se stabiliser. Un monde suffisamment complexe pour qu’on doive s’attarder encore à ce qui devrait dans quelque temps en constituer le soubassement,  avant de pouvoir  l’habiter tout simplement, avec nos lectures-écritures, nos idées-images, nos phrases-flux, nos solitudes-rencontres.

Merci à Hubert, Silvère, Lionel, Clément qui organisaient.

Changer nos façons de travailler (3)

Clément Laberge signale sur son blog le billet de Hugh Mc Guire sur O’Reilly Radar : The line between book and Internet will disappear. La dernière partie de ce billet me rappelle une question que j’avais posée à Christian Fauré il y a déjà deux ans : «  Comment expliquer ce qu’est une API à un patron d’édition ?  » et à laquelle il avait répondu dans ce billet. Que dit Hugh Mc Guire ? Que ce qui se passe aujourd’hui dans le monde de l’édition est une étape transitoire. Une étape que j’avais désignée un jour comme le «  moment ebook  » : une transposition, la plus littérale possible, des livres sur des supports numériques. Et cette étape, déjà, nécessite des changements importants dans les maisons d’édition.

Ce qu’évoque Hugh Mc Guire dans son billet, c’est l’étape suivante. C’est en pensant à cette étape suivante que j’avais eu envie de poser ma question à Christian. À ce moment, le monde de l’édition entrera de plain pied dans l’écosystème d’Internet. Les livres numériques que nous fabriquons aujourd’hui sont, du point de vue de la logique web, des objets assez paradoxaux, comme suspendus entre l’objet livre dont il sont le simulacre, et le destin numérique qui les attend :

«  Une API (Application Programming Interface) est une interface de programmation. C’est ce que les sympathiques entreprises du web construisent, pour faire en sorte que d’autres entreprises innovantes et développeurs puissent construire des outils et des services s’appuyant sur leurs propres bases de données et services.

Par exemple :

Google Maps a une  (et même plusieurs…) API(s), de sorte que les services de géolocalisation (par exemple Yelp) peuvent utiliser Google Maps et les informations business qu’il contient pour mieux servir ses clients de niche.

Twitter possède une API, ainsi des services tiers peuvent construire des clients Twitter, rechercher sur Twitter, fournir des statistiques sur Twitter etc…

Amazon a une API, qui permet aux développeurs de trouver des produits et de pointer sur l’information qui leur est associée.

Wikipedia a une API, ainsi on peut faire quelque chose comme de fabriquer des livres à partir de l’ensemble des versions successives de l’article de Wikipedia concernant la guerre d’Irak.

Nous sommes encore très très loin du moment où les éditeurs se considèreront eux mêmes comme des fournisseurs d’API, des Interfaces de Programmation des livres qu’ils publient. Mais nous avons observé à de nombreuses reprises que la valeur augmente lorsque les données s’ouvrent (parfois de manière sélective) au monde. C’est vraiment pour cela qu’Internet est fait ; et c’est là où l’édition de livres va aller. Finalement.

Je ne sais pas exactement ce à quoi une API pour les livres  pourrait bien ressembler.

Je ne sais pas quelles choses géniales les gens vont commencer à faire lorsque les livres seront réellement sur Internet.

Mais je sais que cela va arriver, et que l’avenir de l’édition a quelque chose à voir avec cela. Le monde actuel des livres numériques n’est qu’une transistion vers un écosystème de l’édition de livres numériques connectés qui ne ressemblera en rien au monde des livres dans lequel nous vivons aujourd’hui.  »

Aujourd’hui, déjà, nous changeons nos manières de travailler, pour créer et diffuser des livres en version numérique. Mais ne croyons pas qu’une fois cette transition effectuée, une fois que ces changements auront été parfaitement intégrés, nous pourrons nous asseoir et souffler. Il est fort probable, au contraire, que des changements bien plus importants nous attendent. Et c’est maintenant qu’il faut y penser, c’est aujourd’hui qu’il faut s’y préparer, en demeurant curieux et ouverts, attentifs à ce qui se passe sur le web, actifs sur les réseaux, curieux des avancées et des innovations. Pas plus que Hugh Mc Guire je n’ai une idée bien précise de ce à quoi ressembleront ces «  API des livres  ». Mais je partage cette intuition que c’est ce qui nous attend.

On ne s’étonnera pas de trouver Hugh Mc Guire parmi les intervenants d’un événements organisé par Internet Archive à San Francisco les 21 et 22 octobre prochain, intitulé «  Books in Browsers  ».