deux point zéro

Avec les applications 2.0, je me demande si le concept de « back office » n’en a pas pris un petit coup. C’est l’article que publie Christian Fauré aujourd’hui qui me fait penser à ça. Il y reprend sa définition très ramassée du web 2.0 :

« Une application Web 2.0 est un formulaire de saisie en ligne proposant des services adossés aux contenus saisis par les particuliers.”

Prenons FlickR ou Facebook : pour publier sur ces sites, nul besoin de passer dans l’arrière-cuisine : non, c’est une cuisine à l’américaine, ouverte sur le salon, et c’est dans la même pièce qu’on met les casseroles sur le feu, qu’on débouche la bouteille, qu’on s’assoit sur le canapé et qu’on mange les rondelles de saucisson… C’est dans le même espace qu’on saisit de l’information et que l’on consulte l’information, il n’y a pas de rupture.

Ce n’est pas vrai pour toutes les applications (il y a bien un espace d’administration, distinct de l’espace public, sur les plate-formes de blog par exemple, et celles-ci font partie intégrante des applis emblématiques du web 2.0).

Pour préparer un atelier auquel je dois participer à Educatice sur le thème « Education 2.0 », j’essaie de repérer sur le web et de récolter via différents réseaux des exemples d’usages scolaires des outils du web 2.0. Et, de façon un peu scolaire aussi, peut-être pour me mettre dans l’ambiance, je réfléchis aux deux termes de la thématique : éducation, d’une part, et 2.0, d’autre part.

Les exemples d’usages que je rencontre sont très disparates, et en réalité, le fait de consulter simplement les traces de ces expériences ne permet pas d’en rendre compte pleinement : en matière d’éducation, lorsque celle-ci est en train de se faire, c’est essentiellement la démarche qui compte, et de « trop belles traces » me sembleraient presque suspectes.

Derrière le podcast proposé par Thibaud Saintin, qui a fait enregistrer à quelques groupes d’élèves un court poème de Jean Tardieu et le met en ligne, on devine une démarche authentique, l’enregistrement comme prétexte à un autre rapport au poème, et une véritable émotion se dégage à l’écoute des interprétations successives. Un petit moment de poésie vivante, auquel on est heureux d’avoir été convié.

Travailler avec de tels outils, c’est rompre avec une époque où l’audience maximum que pouvait obtenir une rédaction bien réussie en classe de sixième était que le prof décide de lire un des devoirs « devant toute la classe », infligeant à son auteur un mélange de fierté et de gêne.

Mais cette rupture n’est pas automatique : l’usage scolaire instaure un filtre, qui permet à l’enseignant d’édicter des régles. Il peut perpétuer avec ces outils les règles qui avaient cours sans eux, décider par exemple de publier sur le blog de la classe ce devoir qu’il aurait autrefois lu sur son estrade . Il peut aussi adopter, mais probablement pas isolément, une démarche structurée et poursuivie dans la durée comme celle que l’on peut observer par exemple au Québec autour du cyberportfolio.

Revenons à l’article de Christian : lorsqu’il développe un peu sa définition hyperbrève du web 2.0, il ne se limite pas à une liste d’outils. La première des régles qu’il invoque concerne justement l’origine et l’usage des données publiées :

« une démarche participative et collaborative : on est dans un milieu associé où j’utilise moi-même les données que je saisis : je suis à la fois producteur et consommateur de ces données, tout comme celles des autres. Et nous saisissons même à plusieurs, et nous nous corrigeons entre nous. »

Cette démarche, transposée dans l’univers de l’école, induit-elle une démarche pédagogique renouvelée plutôt que la simple « numérisation » des méthodes traditionnelles ?
Pour qu’un enseignant tire réellement parti avec ses élèves des outils que propose le web 2.0, n’est-il pas préférable qu’il soit lui même un utilisateur actif de ces outils : qu’il ait pratiqué le blog, qu’il ait contribué à un wiki avec des collègues, qu’il ait publié des images sur FlickR, ou partagé ses signets sur Del.icio.us, qu’il sache ce qu’est un tag, un fil RSS ?

** Juste au moment de cliquer sur « publish » dans l’arrière-cuisine de mon blog, je vois que Christian vient de publier à l’instant un nouvel article dont la lecture me ravit, et qui ne me semble pas sans rapport avec le présent billet.

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Une réponse à deux point zéro

  1. Christian Fauré dit :

    j’aime beaucoup l’image de la cuisine américaine, des murs et des cloisons qui tombent.
    çà va finir dans un loft tout çà :-)

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