controverse du grille-pain, suite…

Ceux qui suivent depuis longtemps ce blog et quelques autres, inscrits dans la « bouquinosphère« , se souviennent peut-être de la « controverse du grille-pain« … le nom que, par plaisanterie, nous avions donné à une discussion récurrente que je pourrais résumer ainsi : Existe-t-il un avenir pour les liseuses, instruments dédiés à un usage spécifique et circonscrit, la lecture immersive de textes, assez proche de l’usage d’un livre imprimé, face aux terminaux multi-fonctions permettant l’interactivité,  reliés en permanence à internet, affichant du texte, mais également les liens hypertextes, des images en couleur, des animations, des vidéos, et rapprochant lecture et écriture ?

Nous somme à quelques petites semaines de la sortie du iPad d’Apple, qui n’est pas le seul modèle de tablette, et qui sera certainement suivi de la mise en vente d’autres modèles, que ce soit celui de Microsoft, ou celui, qui n’a fait l’objet d’aucune véritable annonce mais sur lequel on peut raisonnablement compter, de Google.

Aussi fruste soit-elle, c’est bien la liseuse, objet assez peu sexy, en noir et blanc, à l’ergonomie sommaire, au design incertain, dont l’écran e-paper a l’avantage de ne pas fatiguer les yeux lorsque l’on s’attarde longuement sur un texte, mais l’inconvénient de sembler à première vue plutôt terne et austère, qui a fait l’objet d’une adoption rapide aux USA, avec la mise en vente du Kindle, et a abouti à ce chiffre encore modeste mais déjà significatif de 3% de chiffre d’affaires pour l’édition réalisé grâce à la vente de livres numériques.

Je note au passage avec une petite fierté, que le terme liseuse, que j’ai proposé pour désigner ce type de lecteur, à l’époque dans une discussion sur le site de Bruno Rives, et qui n’a pas fait, loin de là, l’unanimité pendant une longue période, tend à se généraliser. Bruno Racine l’emploie dans le livre qu’il vient de faire paraître, il figurait dans deux récents articles du Monde. Je sais qu’Aldus ne l’aime pas, mais le terme fait son chemin… Mon mari me gronde régulièrement de n’avoir pas déposé immédiatement le nom de domaine correspondant, (liseuse.com et liseuse.fr sont maintenant réservés), mais qu’en aurais-je fait ? Je ne suis ni fabricante de matériel, ni créatrice d’un logiciel, et d’avoir proposé un nom commun facilitant la désignation d’un objet ne me rapportera rien d’autre qu’un petit plaisir à chaque fois que je le vois employé… les petits plaisirs sont sans prix.

Les usages des livres sont multiples. Il existe un grand nombre d’objets particuliers qui n’ont entre eux rien de commun, sinon le fait d’être rangés dans cette catégorie « livre » uniquement parce qu’ils sont imprimés sur des feuilles reliées entre elles. Comment imaginer que  ces objets pourraient, une fois numérisés, être utilisés sur des terminaux de lecture ou de consultation identiques ?

Lorsque disparaît ce point commun (impression sur des pages reliées entre elles), parce que ces objets deviennent des objets numériques, il est évident que s’ouvrent à eux des « destins numériques » distincts les uns des autres. Les usages sont alors repensés. De nouveaux usages apparaissent. Les frontières bougent. Le paysage se recompose.

On part de ce que l’on connaît, c’est vrai pour les lecteurs comme pour les éditeurs, les auteurs, les libraires. On part des livres, de tous les livres.  Et puis on va vers ce que l’on découvre, vers ce que l’on apprend. On va vers d’autres formes, on entre dans une autre logique : les fichiers, manipulables, qu’il est possible d’agréger ou de fractionner, auquel on peut associer d’autres fichiers, vidéo, son, animation, programmes interactifs. Les fichiers, si légers et fragiles. On apprend à les créer, à leur donner forme, à les contrôler, à les stocker, à les décrire, à les distribuer. On se familiarise avec un vocabulaire nouveau, où les acronymes sont légion : pdf, epub, drm, onix, xml, dtd, api…

D’autres font le chemin inverse. S’ils ont grandi comme nous dans un monde où le savoir se trouvait essentiellement dans les livres, ils se sont vite retrouvés rivés à leurs écrans, leurs doigts galopant sur des claviers. Je ne parle pas des « digital natives ». Non, je parle des fondateurs d’Amazon, Google, Apple. D’entreprises dont la plus vieille n’a pas 35 ans, bien différentes les unes des autres, toutes les trois indissociables aujourd’hui des nouvelles technologies et du web, et qui s’intéressent au  livre, chacune d’une façon bien spécifique.

Eux aussi sont partis d’où ils se trouvaient. Leur langue maternelle est celle que nous apprenons péniblement. Nous peinons à nous représenter clairement ce qu’est une base de données. La maîtrise des bases de données est au cœur de leur activité. Eux aussi, s’approchant du livre, ont à comprendre ce qui nous est familier. Les règles du droit d’auteur, certes, pour l’un d’entre eux en tout cas, mais aussi les subtilités dans l’art de décrire et cataloguer les livres, le fait que dans certains pays, le livre n’est pas une marchandise comme les autres et fait l’objet de protections particulières, l’attachement à des notions comme la diversité culturelle, la pluralité de l’offre, le maintien d’un réseau dense de librairies physiques sur notre territoire.

Je m’éloigne un peu de la « controverse du grille pain », mais pas tout à fait…  Les objets techniques qui nous sont proposés aujourd’hui pour accéder aux textes numériques le sont par ces acteurs, et nous racontent leur vision du livre et de la lecture. Celui d’entre eux qui s’est construit autour du commerce en ligne des livres imprimés, est, on ne s’en étonnera pas, celui qui vient le moins bousculer la vision traditionnelle du livre. C’est la liseuse, qui essaie d’offrir une expérience de lecture comparable à celle offerte par un livre. Elle est connectable, bien sûr, mais à une seule librairie, évidemment. Et si les livres numériques de chaque utilisateur sont bel et bien stockés dans le « nuage » d’Amazon, le fichier est proposé en téléchargement, l’utilisateur se voit proposé une expérience de choix de livre, d’achat, de téléchargement, de stockage, qui est une transposition numérique – plutôt réussie, le Kindle est un succès –  de sa relation aux livres physiques.

Le livre vu par Google est bien différent. Que fait Google ? Ses robots scrutent et indexent le web en permanence, alimentant son moteur de recherche, afin de fournir les réponses les plus pertinentes aux utlisateurs à la recherche d’une information, quelle qu’elle soit. Scruter le web, c’était déjà  beaucoup. Mais scruter le web ET le plus grand nombre de livres possibles… c’était l’objectif du projet Google Book Search. Le livre, pour Google, c’est un immense territoire supplémentaire sur lequel lâcher ses robots, l’opportunité d’offrir en réponse à des requêtes, non seulement des sites web mais aussi des livres, en extraits ou dans leur totalité suivant leur statut juridique. Même si l’on s’attend à ce que Google propose dans les mois qui viennent un terminal, probablement une tablette, le premier outil de lecture proposé par Google c’est n’importe quel terminal permettant d’utiliser un navigateur web, le PC principalement, et les mobiles, de plus en plus. Le web, c’est la terre natale de Google. Le projet Google Editions repose sur l’idée que le meilleur endroit qui soit pour conserver vos livres numériques, ce n’est pas votre disque dur, mais bien le « cloud », le serveur perdu quelque part dans l’un des nombreux data-centers construits par Google aux quatre coins du monde, auquel vous accédez en permanence, et dans lequel le risque que vos livres soient malencontreusement perdus ou effacés est bien moindre que si vous les confiez à un disque dur fragile, jamais à l’abri d’une mauvaise manipulation ou d’une panne.

Et Apple, donc, avec le fameux iPad ? Parlons du iPhone, avant, qui est devenu, à la surprise de beaucoup, un support de lecture pour nombre de ses utilisateurs. Mais jusqu’à présent, les livres numériques sur l’iPhone se trouvaient dans une situation de « découvrabilité » assez difficile. Pour les applications tout-en-un (lorsque le livre est une application autonome, contenant dans un même fichier application permettant la lecture et le contenu du livre lui-même), le « magasin » était l’appStore, où il se trouvait en concurrence avec quantité d’autres applications de tout type. Le terminal, malgré sa taille réduite, a déjà permis à des sociétés innovantes de proposer des « livres augmentés » de grande qualité : augmentés de quoi ? De la possibilité de basculer à tout moment du mode lecture au mode audio, de l’ajout de vidéos, de possibilités de recherche. Mais l’iPhone permet également de télécharger des applicatifs de lecture spécifiques (Stanza, l’appli Kindle et quelques autres), qui permettent d’accéder ensuite à un catalogue de livres numériques sans devoir retourner dans l’appStore. Rien de tout à fait équivalent à l’expérience proposée par Apple pour l’achat de musique en ligne avec iTunes.

C’est sur l’iPad qu’Apple va lancer cela : ce sera l’iBooks store. Quelle vision du livre nous propose l’iPad, (enfin ce que l’on a pu voir et lire à son sujet, parce que peu de gens aujourd’hui l’ont eu en main) ?
Probablement pas une vision unique, si l’on parle de l’iPad, qui permettra de surfer sur le web, et donc d’accéder à toutes les offres en ligne. Ce qu’Apple nous montre à travers l’iBooks store de sa vision du livre, seules les quelques copies d’écran et indiscrétions nous permettent de le saisir aujourd’hui. On retrouve, avec la présentation des livres rangés sur une bibliothèque aux étagères en bois, le choix d’Apple d’employer des métaphores très immédiatement identifiables, rassurant l’utilisateur en se référant au monde qu’il connaît.
On fait confiance à Apple pour une expérience de navigation, de choix, et de commande « frictionless », c’est ce qui a fait le grand succès d’iTunes. Deux aspects me semblent essentiels en ce qui concerne l’iPad : son format et ses performances (définition, couleur) permettront à des livres qu’il était impossible d’adapter pour une lecture sur liseuse, d’être également maintenant diffusés en version numérique. L’aspect multi-fonctionnel, permettra d’accéder avec un terminal unique à différents types d’objets numériques : applications, jeux, vidéo, et la présence de livres parmi ces objets  semble une bonne chose. La possibilité d’objets hybrides, de faire bouger les frontières, de développer des collaborations entre auteurs, concepteurs de jeux et d’applications, réalisateurs vidéo, apparaîtra comme une évidence.

Choisir ? Pourquoi ? Si nous parvenons à faire ensemble que continue de se transmettre le goût des lectures immersives, celles pour lesquelles notre imagination demeure le meilleur outil pour « augmenter » le livre, il y aura probablement pour une longue période place pour ces différentes visions de l’accès à l’univers d’un auteur. Celle qui privilégie la lecture solitaire d’un texte, auquel suffisent les 26 lettres de l’alphabet pour enchanter notre esprit. Celle qui, envoyant les textes dans le nuage, nous permet de les découvrir sans les rechercher, ouvre la voie à des lectures collectives, annotées, partagées, et atténue la frontière entre lecture et écriture. Celle qui, via un objet conçu pour séduire les utilisateurs, pourrait permettre l’apparition d’écritures hybrides, de mariages inattendus, des rencontres de créateurs, et des expériences inédites, à la frontière de la lecture.

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19 réponses à controverse du grille-pain, suite…

  1. Hubert Guillaud dit :

    Très jolie synthèse des 3 versions du livre…

    Oui, assez persuadé que les 3 vont avoir leur existence. Reste que la question qui est posée à la chaîne du livre est de savoir sur laquelle miser ? Car qui pourra, d’une manière soutenable, utiliser les 3 ? Produire de l’ePub certes, ce n’est pas trop difficile… Mais produire pour l’iPad, pour « le multimédia » risque d’être un peu plus difficile. Quant au Cloud, pour l’instant, il semble plutôt effrayer les éditeurs…

    Je suis assez d’accord sur le fait que les 3 vont exister oui, mais tu oublies de dire qu’ils sont en guerre les uns contre les autres. Une guerre ouverte, où il est demandé (pour l’instant) à chacun de choisir son camp.

  2. Christian Fauré dit :

    Je vais procéder à des « essais cliniques » pour mieux expérimenter les frontières, mais pour l’instant, ce que j’ai en tête c’est :
    – Voici, ParisMatch et autres magazines sur IPad
    – Romans sur liseuse
    – Essais et commentaires sur Cloud

  3. dbourrion dit :

    @Hubert : faire du cinéma c’est pas faire du livre ; et faire du « multimedia » pour l’iPad pas le même métier que faire du texte pour liseuse. Peut-être alors canaux de production ‘spécialisés’ et ‘étanches’ selon produits finis visés (ou dit autrement, publics/machés visés) ?
    Ce qui pourrait donner segmentation des marchés => segmentation des productions/producteurs (en gros) avec au milieu polyvalents.
    Derrière, cette idée évidemment : un gros « liseur » (qui lit du texte à plat) n’est pas forcément attiré par un texte multimédia. Moi pas en tous les cas. Mince, je pense comme un has been, un Digital Migrant :-(

  4. dbourrion dit :

    Evidemment, ce que je viens de dire explose si l’on considère que les pratiques migrent vers le « livre » augmenté de toutes parts. Là, faudra bien des chaînes de productions adaptées…

  5. F dit :

    ça ne se fait pas de venir dire en commentaire qu’on ne commentera pas

    et pourtant ce qui s’inventorie dans ce billet définit bien le triangle des Bermudes où j’ai l’impression d’avancer

    je considère comme une immense chance la situation d’invention et d’instabilité, de mutation en temps réel et sans cesse imprédictible dans laquelle ça fait quand même bien dix ans qu’on est installés, avec effet d’accélération – et bien conscient que les effets de rupture, parce que la continuité industrielle est une redistribution, aura des effets de lourde gravité sur nos communautés culturelles, artistiques, enseignantes

    en même temps, ce qui me guide c’est ce rapport originel de la langue au monde, ce que Barthes nommait « plaisir du texte » comment ne pas le revalider en permanence, dans l’instant, selon ces spécificités d’aujourd’hui, tout entier du même geste dans la voix, l’image, la documentation, le partage et l’écrit qu’on s’échange

    de plus en plus, l’impression que ce que je définis comme « livre » – tout simplement parce que c’est le livre qui m’a amené là – c’est l’interaction avec le web, donc une intervention agissante, et de plus en plus indépendante de ses supports, même si l’ordi m’en paraît de plus en plus le vecteur central, devenant objet intime, nous accompagnant dans usages mobiles ou tout terrains et tout temps

    and the hell of the rest : oui, sur ma table il y a un clavier et deux écrans, un camescope, une Sony qui ne me sert pas vraiment beaucoup, à art ça je serais en peine d’y trouver un stylo

    (et hier soir en affinité : http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article898 )

  6. F dit :

    oh pardon! (je trouve toujours indiscret de suivre les liens qui pointent vers soi-même!) – en tout cas, c’est vraiment le terrain intérieur qu’on arpente tous

    allez, là je vais pendant 3 heures faire répèt jeunes auteurs Qc pour lecture en public jeudi, j’ajoute micro Sennheiser vintage dans le sac ordi – est-ce que ce qu’on fait appartient au livre ? (répèt dans auditorium de la bib Gabrielle-Roy, et jeudi ce sera au Studio P de la librairie Pantoute : où est notre territoire ? est-ce le même ?)

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  8. Alain Pierrot dit :

    Plus ces discussions reviennent, plus je suis persuadé de la vanité de spéculer autour des notions de livre, chaîne du livre, lecture, information et connaissance autant d’ailleurs que de numérique, de web (peut-être aussi d’Internet) et de les vendre comme des concepts opératoires, susceptibles de déterminer aujourd’hui une pratique et des décisions rationnelles.

  9. Aldus dit :

    Je pense pas qu’il y ait une forte adhésion pour ce mot suranné et désuet bien loin de cette avancée technologique qu’est l’affichage bistable. Le baromètre Google non plus d’ailleurs, pas de changement depuis deux ans, je regarde de temps en temps
    http://www.google.fr/search?q=liseuse&ie=utf-8&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a
    Les tablettes vont être des formidables machine à surfer, des machines à lire beaucoup moins, toujours les mêmes limites, fatigue visuelle et autonomie. Parce que c’est Apple qui le dit, on vient de découvrir que lire sur un écran LCD est formidable, je le redis haut et fort lire sur un écran LCD ce n’est pas la panacée, loin de là. Il n’y aurait pas d’eInk à ce jour, nous ne serions même pas là pour en parler, il faut quand même le rappeler. Une chose m’interpelle, rappelons-nous le sondage l’année dernière au Salon du Livre du prix de 70€ qui est décisif pour un marché de masse. Les sceptiques se gargarisaient. Nous étions l’année dernière à 300€, à 200€ à l’heure où je vous parle, nous serons en fin d’année à 100€ peut-être même moins quand on voit le nombre d’entrants sur le marché; franchement je n’y croyais pas l’année dernière comme beaucoup d’autres, c’est une réalité vers laquelle nous allons, tablettes LCD ou pas tablettes LCD, les demandes sont considérables sur les marchés asiatiques. Et la couleur annoncée pour 2015 qui sera une réalité pour 2012, soyons en sûr…
    Pour les tablettes, il va être intéressant d’observer si des modèles payants vont arriver à se développer alors que tout est gratuit sur le web. Est-ce que les tablettes vont changer ce paradigme? Franchement, j’y mettrais pas ma main à couper. Et vous? C’est un secteur nouveau qui s’ouvre mais quelles perspectives économiques à court terme au regard des investissements à faire? Voir à ce sujet l’excellente analyse de NT2 Uqam au Québec à propos des fameux Vook à la fin de l’année dernière
    http://www.labo-nt2.uqam.ca/atelier/delineaire/pour_un_livre_hybride_premi%C3%A8re_partie%C2%A0_les_%C2%AB%C2%A0vooks%C2%A0%C2%BB_de_simon_schuster_et_atria

  10. Hubert Guillaud dit :

    @Virginie. Intéressant ton commentaire, car tu pointes un 4e modèle de développement, que, pour l’instant, les grands acteurs (qui contrôlent une bonne part des terminaux) semblent ignorer.

    @dbourrion et @Virginie : Oui, vous avez tout à fait raison, mais attention, l’iPad risque de ne pas servir uniquement à faire du multimédia. Quand on regarde les applications livres de l’iPhone, très peu le sont… Et l’iPad devrait permettre également d’autres formes que du pur multimédia (avec vidéo ou sons). Comme le dit Olivier http://www.affordance.info/mon_weblog/2010/03/tablette-or-not-tablette-.html Ce sont plus des tablettes tout en un ou hybrides que des tablettes formattées… Je ne sais pas s’il sera plus ouvert que prévu – http://www.ebouquin.fr/2010/03/15/ibooks-un-lecteur-plus-ouvert-que-prevu/ : se dessine plutôt un certain contrôle de certains formats, notamment ceux du livre)…

    @Christian : malgré les critiques de Virginie, je suis d’accord en partie avec toi, que cette répartition des outils induit certains types d’usages, qu’ils en favorisent en tout cas certains… Mais tous ne sont pas exclusifs. Encore une fois, l’iPad est aussi un terminal connecté, qui devrait permettre de lire plein de choses différentes (même les essais du cloud et les romans des liseuses). Néanmoins, les outils ont toujours favorisé certains usages : La consultation sur l’iPad/iPhone / La lecture immersive sur liseuses / La lecture interactive sur ordinateurs…

  11. JM Salaun dit :

    Bonjour Virginie,

    Merci pour cette intéressante synthèse. J’y ajouterai une dimension. Les trois sociétés dont vous parlez ne vendent pas la même chose et donc ne s’adressent pas tout à fait au même marché et, de ce fait, leur concurrence est indirecte.

    Amazon vend des livres, c’est aussi une explication de la réussite du Kindle. C’est pour cela qu’il a pu (relativement) facilement avoir accès aux catalogues d’éditeurs. Il serait intéressant de connaitre quel est la part de son profit dans la vente du Kindle par rapport à la vente de contenu. Il peut y avoir là une source d’évolution importantes dans les stratégies.

    Google vend d’abord de la publicité. Ce qui l’intéresse est de garder la maîtrise du trafic de la recherche (search). C’est la principale raison de son désintérêt ou ignorance pour le droit d’auteur, étranger et même contradictoire à sa culture. Les difficultés avec les éditeurs en découlent. Amazon et Google sont donc sur deux planètes différentes et antagoniques.

    Apple vend d’abord des machines. Pour lui le contenu n’est qu’un produit joint. Tout son profit est sur la vente de matériel. Il se trouve lui aussi en contradiction avec Amazon, mais on pourrait très bien imaginer une alliance de fait avec Google.

    J’avais esquissé cette idée dans un ancien billet :
    http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2010/01/30/Apple-et-les-industries-de-la-m%C3%A9moire

  12. Hubert Guillaud dit :

    @JMSalaun : voilà longtemps qu’Amazon ne vend plus uniquement des livres… Au contraire. Je pense que son chiffre d’affaire livre ne représente qu’une petite partie de son activité. Mais il est exacte que cette activité a rassuré (en partie) les éditeurs. Avec le Kindle, il est devenu un vendeur de machine, et malgré l’absence de chiffres, on sait que la vente de machine rapporte plus que la vente de contenus (à perte pour beaucoup).

    Tous sont en passe de devenir marchands de machines… Les frontières des métiers se floutent pour tous ces acteurs. Nuances faites, sur le fond vous avez raison : ces différences renforcent la distinction entre les trois…

  13. Aldus dit :

    @Hubert; tu oublie qu’après avoir vendu ses machines, Amazon vends ses livres et c’est le seul endroit où l’on peut les acheter! Il va certainement en temps et en heure baisser le prix de son Kindle. Derrière ses 3 millions de machines vendues, combien de livres cette année? On parle de 20/30 livres par an par utilisateurs, 60 millions de livres potentiels cette année, les gros acheteurs de livres sont sur Amazon, tu le sais aussi bien que moi et… pour longtemps…

  14. JM Salaun dit :

    @Hubert

    Je maintiens que l’activité première d’Amazon et son image de marque est bien la vente de livre. Sans doute il a élargi son commerce de librairie à bien d’autres objets par la suite et le livre n’est plus qu’un pourcentage sans doute minoritaire du chiffre d’affaires. Mais la vente de Kindle n’a pas grand chose à voir avec cet élargissement. Il est peu probable qu’il s’agisse d’une diversification de la firme vers la soustraitance de fabrication de matériel. Amazon ne sera jamais Apple. Il s’agit, au contraire, de l’envers de la stratégie de ce dernier. Hervé a raison, je crois, de penser que dès que la concurrence sera effective les prix du Kindle vont chuter et nous retrouverons la stratégie du minitel.

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  16. Ping : Les modèles de plateformes du livre numérique - La Feuille - Blog LeMonde.fr

  17. Dominique Hasselmann dit :

    Riche panorama… Je vous ai entendu l’autre soir, dans « Le téléphone sonne » (titre bien désuet) à France Inter.

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