Adrian Hon est britannique. Il travaille pour une société qui développe un jeu massivement multijoueurs dit « ARG » (alternative reality game). Il tient un blog où il parle de tout. Quelques semaines après avoir acheté un lecteur d’eBook, il a rédigé cet article intitulé « la mort des éditeurs« . Bigre ! L’article est suivi d’une quarantaine de commentaires, et la lecture de l’ensemble est assez vivifiante. Je me suis livré à mon petit jeu habituel de la traduction pour vous livrer ce texte provocateur, une charge contre les éditeurs qui attendraient sans bouger que leur métier disparaisse…
Ce texte est intéressant parce qu’il vient du « dehors », de quelqu’un d’extérieur à l’édition, mais qui connaît parfaitement les réalités du web. Il ignore certaines réalités de l’édition (les commentaires les lui rappellent), mais témoigne d’une vision d’internet partagée par toute une génération.
En voici la version française :
Il y a quelques semaines, en visitant mobileread.com j’ai découvert une offre incroyable . Tiger Direct proposait à la vente aux USA des eReaders Sony à 100$, soit une ristourne de 250$. Grâce au change favorable à la livre sterling, cela fait moins de 50£. J’ai toujours eu envie de posséder un lecteur d’eBook, aussi c’était l’opportunité d’en essayer un pour pas cher.
Quelques messages à des amis américains, et j’ai passé commande. Pas mal de gens à Mobileread étaient convaincus que ce prix était une erreur, mais nous avons découvert plus tard que c’était une expérience menée par Sony, probablement pour voir à quelle vitesse se vendraient 1000 unités. Réponse : en moins d’une demi-journée, et c’est seulement parce que cela a commencé pendant que les américains dormaient… Amusant, beaucoup de pièces ont par conséquent été achetées par des Européens.
L’arrivée de mon eReader m’a fait réfléchir une fois de plus sur l’avenir de l’industrie du livre. Comme la plupart des “early adopters” (utilisateurs précoces), j’aurais pu commencer par charger mon eBook avec une bonne centaine de classiques, libres de droit issus du Projet Gutenberg. Tout Dickens, Austen, Brontë, Conan Doyle, Shakespeare et d’autres auraient été un bon point départ (et c’en est fini du marché des classiques…)
Et les livres récents, encore sous copyright ?
Bon, vous pouvez acheter des romans et des nouvelles sur des sites comme le Sony Connect Store ou plus modestes comme Fictionwise.
Sans surprise, ces livres possèdent une DRM, (comme la plupart des chansons sur iTunes Music Store) et cela peut poser des problèmes aux utilisateurs précoces, avec des lecteurs d’eBooks incompatibles. Et aussi, les prix de ces eBooks sont non compétitifs avec ceux des revendeurs traditionnels ; il est presque toujours possible d’en commander une version papier moins cher chez Amazon ou chez ses revendeurs affiliés.
Et si… et si vous pouviez vous procurez gratuitement des livres sous copyright ? Voilà qui changerait les choses. Déjà, il y a un petit nombre, mais toujours croissant, de livres “rippés” qui se promènent sur le web et dans les réseaux P2P. On y trouve des livres scolaires chers ou des bestsellers ; tout Harry Potter est en ligne, naturellement (c’est comme ça que j’ai lu les deux premiers), et chacun sait que le dernier tome a été rippé avant sa mise en vente. Tant que les gens lisent des copies piratées des livres sur leur ordinateur, ce qui est inconfortable, il n’est guère surprenant qu’il n’existe qu’un nombre limité de livres rippés. Lire la suite