Archives mensuelles : avril 2011

L’heure du crime

L’éditeur Macmillan vient de mettre en ligne un nouveau site, intitulé «  criminalelement.com«  , destiné aux amateurs de romans policiers. Le site publie des extraits de livres, des nouvelles originales, des critiques écrites pas une équipe de blogueurs, organise des concours. Le but, attirer des lecteurs, proposer un lieu qui sache fédérer une communauté de lecteurs, permettre de trouver de nouveaux auteurs, augmente la visibilité des titres qui paraissent, enrichir la base de contacts.

Macmillan avait déjà ouvert deux autres sites destinés à des «  niches  » : Tor.com et HeroesandHeartbreakers.com, respectivement dédiés aux amateurs  d’heroïc fantasye et de  livres sentimentaux («  romance  »).

Sur ces sites,  on ne parle pas seulement des livres publiés chez Macmillan. Pour accéder à la lecture complète des nouvelles, il est nécessaire de s’inscrire  – c’est gratuit -  en fournissant quelques données personnelles (zipcode, tranche d’âge, et un choix de cases à cocher précisant ses genres préférés).

Le site criminalelement.com est bien fait, truffé de boutons permettant de publier facilement les liens vers les contenus sur toutes sortes de réseaux sociaux. Voilà un exemple d’éditeur qui se donne réellement les moyens de mettre en pratique tout ce qui se dit et se répète dans les conférences : «  le lecteur est au centre  », «  animez des communautés de lecteurs  », «  on ne peut pas utiliser les réseaux sociaux sans contribuer, donner du contenu, offrir des services  ». Un compte Twitter, une page Facebook ne suffisent pas.

Bien sûr, Macmillan va promouvoir aussi des livres publiés par ses concurrents. Mais ce que ses concurrents n’auront pas, ce sont les précieuses adresses mail d’un public ciblé, passionné, qu’il pourra informer en priorité des livres (et cette fois seulement des siens) susceptibles de l’intéresser. Ce que ses concurrents n’auront pas, c’est ce contact direct avec les lecteurs. Et aujourd’hui, on sait que la question n’est plus  pour les lecteurs de trouver des livres, mais bien celle de trouver des lecteurs pour les livres.

Accord Amazon/OverDrive pour le prêt de livres numériques en bibliothèque

OverDrive n’a pas attendu Amazon pour proposer à des bibliothèques une offre de prêt de livres numériques. Cet e-distributeur américain, créé en 1986, a suivi pas à pas toutes les innovations liées au numérique, commençant par la distribution physique, avec les disquettes et les CD-Roms, pour passer dès 2000 à la distribution 100% numérique.

Alors, qu’apporte cet accord avec Amazon ? Il va permettre aux clients d’Amazon, possesseurs de Kindle ou utilisateurs d’applications Kindle sur différents terminaux, qui fréquentent des bibliothèques, d’emprunter des livres numériques compatibles avec leur terminal de lecture. Amazon et OverDrive indiquent également que les annotations, qui sont proscrites sur les exemplaires imprimés empruntés en bibliothèque, seront autorisées sur les livres numériques en version Kindle, ces annotations n’étant pas visibles pour l’emprunteur suivant, mais demeurant sauvegardées pour leur auteur, qui les retrouvera s’il réemprunte le même titre ou s’il décide de l’acheter. D’autres fonctionnalités autorisées par la technologie Whispernet, comme la mémorisation de la dernière page lue, qui permet de continuer facilement sa lecture en changeant de terminal, ou le surlignage de passages seront également disponibles pour ceux qui emprunteront ces livres numériques.

Selon les informations fournies par OverDrive, la conséquence de l’accord est que les livres numériques achetés par les bibliothèques seront disponibles dans le format AZW (format propriétaire utilisé par Amazon), sans que la bibliothèque soit obligée de payer à nouveau pour disposer de ce nouveau format. Aucune précision n’est apportée : est-ce que les fichiers seront convertis à la volée ? Il semble que ce soit le cas avec Overdrive pour les audiobooks, disponibles en WMA et convertis à la volée en AAC pour les emprunteurs équipés d’iPod. En ce cas, le point le plus important de l’accord est la possibilité d’accès pour Overdrive  à la technologie Whispernet.

Certains éditeurs comme Simon & Schuster et Macmillan refusent encore d’intégrer leurs catalogues dans des offres destinées aux bibliothèques : interrogé au moment du Digital Book World, Brian Napack, Président de Macmillan, avait justifié son refus de mettre ses titres en circulation en bibliothèque par le fait qu’il n’avait pas encore trouvé le «  bon business model  » pour ce faire. La décision récente d’Harper Collins de limiter à 26 le nombre de prêts d’un même titre a suscité un tollé dans le monde des bibliothèques, et si Harper Collins est revenu un peu sur son annonce en indiquant que ce nombre de 26 n’était pas gravé dans le marbre, on voit qu’il existe de nombreuses interrogations du côté des éditeurs sur le prêt numérique en bibliothèque. On sait aussi que le modèle proposé par OverDrive, qui transpose le plus fidèlement possible le monde physique (achat d’un certain nombre d’exemplaires virtuels d’un titre, c’est à dire d’un nombre de prêts simultanés possible, et obligation d’attendre qu’un utilisateur ait «  rendu  » son livre numérique pour le prêter à nouveau), est critiqué par de nombreux bibliothécaires.

Répondant aux premières questions qui lui sont immédiatement parvenues de la part des bibliothécaires suite à l’annonce de l’accord, OverDrive a publié les informations suivantes sur son blog :

Votre actuelle collection de livres numériques téléchargeables sera disponible pour les clients Kindle. A chaque fois que vous ajouterez un nouveau livre à cette collection, celui ci sera disponible au format Kindle et pour les applications de lecture Kindle. Votre bibliothèque n’aura pas à acquérir de nouveaux exemplaires pour bénéficier de la compatibilité Kindle.  (…)

Un utilisateur sera en mesure de rechercher des titres sur n’importe quel ordinateur ou terminal mobile, muni de n’importe quel OS, de réserver un titre avec sa carte de bibliothèque, et de sélectionner ensuite le Kindle comme terminal de destination. Le titre emprunté pourra ensuite être lu sur n’importe quel terminal Kindle et avec toutes les applications de lecture Kindle.

Les livres numériques Kindle empruntés en bibliothèque seront soumis aux mêmes règles que tous les autres livres numériques.

Le programme de prêt Kindle en bibliothèque se conformera aux modèles de prêts des éditeurs.

Les informations de vos utilisateurs seront protégées.

- Quelques unes des  questions que cet accord suscite chez les bibliothécaires :
Questions we should be asking about Kindle Library Lending
Kindle Library Lending (Jason Griffey)
Amazon to Launch Library Lending for Kindle Books (Stephen Abram)

- Un point de vue d’éditeur (Joseph Esposito) sur la question du prêt de livres numériques en bibliothèque :
The Vexed Problem of Libraries, Publishers, and E-books

« Les meilleurs esprits de ma génération… »

Dernière innovation Chez Amazon (US),  la  : possibilité de connecter son compte Amazon et son compte Facebook. A noter, le livre n’est pas explicitement mentionné dans l’annonce  qui dit «  Discover Amazon recommendations for movies, music, and more based on your Facebook profile.  »
Pour avoir une idée des coulisses de ces incroyables «  marketing machines  », la lecture de cet article de Bloomberg Businessweek est édifiante. Extrait :

En tant que  génie des maths de 23 ans, un an après sa sortie d’Harvard, Jeff Hammerbacher est arrivé chez Facebook lorsque la société en était encore à ses tout débuts. C’était en avril 2006, et Mark Zuckerberg donna à Hammerbacher, qui faisait partie des 100 premiers salariés de Facebook, le titre ronflant de chercheur, et lui demanda de travailler sur l’analyse de la manière dont les gens utilisaient le service de réseau social. Spécifiquement, il avait pour tâche de découvrir pourquoi Facebook prenait rapidement dans certaines universités et échouait à décoller dans d’autres. La société voulait également tracer les différences de comportement entre les jeunes du secondaire et ceux du premier cycle universitaire. «  J’étais là pour répondre à ces questions de haute volée, et ils n’avaient vraiment aucun outil pour le faire  », dit-il.

Durant les trois années qui suivirent, Hammerbacher composa une équipe pour construire un nouveau genre de technologie analytique. Cette équipe rassembla d’énormes volumes de données, les étudia de très près, et apprit beaucoup au sujet des relations entre les gens, des tendances, des désirs. Facebook, depuis, a utilisé ce travail pour développer la publicité ciblée, qui constitue la base de son modèle d’affaires. Cela permet aux sociétés d’avoir accès à des groupes captifs de personnes qui se sont effectivement portées volontaires pour que leurs agissements en ligne soient monitorés, comme s’ils étaient des rats de laboratoire. L’espoir – qui s’est concrétisé avec une valeur de 65 milliards de dollars accordée à Facebook – est que les données en très grand nombre se transforment en publicité, qui se transforment en meilleures ventes.

Après quelques années chez Facebook, Hammerbacher commença à s’inquiéter. Il réalisa que l’essentiel de ce qui était révolutionnaire en termes de développement informatique avait été fait. Quelque chose d’autre le rongeait. Hammerbacher regarda autour de lui, dans la Silicon Valley, vers des sociétés comme la sienne, vers Google et vers Twitter, et il vit ses pairs perdre leur temps et leur talent. «  Les meilleurs esprits de ma génération passent leur temps à réfléchir à la manière de faire en sorte que les gens cliquent sur des publicités  », dit-il. «  Ça craint !  »

Je pensais que les codeurs étaient les rois de la Silicon Valley. Cet article laisse entendre que ce sont les mathématiciens qui, en réalité, y sont les plus recherchés. Les meilleurs d’entre eux.

Merci à Hubert Guillaud qui a signalé l’info sur twitter, et détaille le fonctionnement de «  Connect Amazon with  Facebook  » dans un billet qui vient de paraître sur La Feuille.

Qu’avez-vous laissé faire ?

Ce qu’annonçait Jeremy Rifkin dans son livre «  l’âge de l’accès  » est en train de se réaliser, bien plus vite que je ne l’imaginais lorsque je l’ai lu il y a cinq ans. De plus en plus, le souhait d’être en mesure d’accéder à l’usage des biens culturels est en train de se substituer à celui de posséder les supports et même les fichiers qui les contiennent. Un responsable d’EMI France me le confirmait récemment en ce qui concerne la musique : l’accès est ce qui compte désormais, et la tendance à entreposer sur son disque dur des milliers de titres fait place à la volonté d’être en mesure d’accéder immédiatement, en tout lieu, à une offre illimitée, sans nécessité de stocker, de posséder des albums ou des morceaux. Des services comme Spotify (qui vient de modifier ses règles de fonctionnement)  ou Deezer ( qui a signé l’été dernier un accord avec Orange)  rencontrent un succès très important. L’annonce par Amazon d’un service d’écoute de musique en ligne, Amazon Cloud Drive,  confirme la tendance, et fâche les maisons de disques , qui considèrent que les accords conclus avec Amazon pour la vente en ligne de titres et d’albums en téléchargement n’autorisent pas la firme à offir l’accès en streaming à ces titres.

Le livre n’échappe pas à cette tendance : à partir du moment où il est numérique, que nous importe qu’il réside sur notre disque dur, ou bien sur un serveur distant, du moment que nous  sommes en mesure d’y accéder à chaque fois que nous le souhaitons ? Mieux, s’il est stocké en ligne, il peut nous suivre dans nos usages, nous le retrouvons à la page où nous l’avions abandonné, pour en lire quelques pages sur téléphone portable, et nous en reprendrons plus tard la lecture, sur tablette ou sur liseuse.

Des offres en accès existent déjà pour le livre, mais aucune offre de ce type n’agrège aujourd’hui la totalité des catalogues numériques français. Utilisé depuis des années par les éditeurs scientifiques en direction des bibliothèques universitaires, ce modèle n’est pas encore très développé en direction du public, à l’exception des tentatives de Cyberlibris, de l’offre de publie.net, ou de  celle d‘Izneo pour la bande dessinée. C’est le principe adopté et défendu par Google pour son offre Google Ebooks qui a ouvert aux USA début décembre 2010, mais pas encore en France. Une société espagnole annonce pour juin prochain l’ouverture du site 24symbols.com, qui se présente comme le «  Spotify du livre  » et propose un modèle freemium similaire, mais nul ne sait quel succès ce projet va rencontrer auprès des éditeurs. Les modèles économiques pour ces offres varient : paiement à l’acte pour Izneo et pour Google Ebooks, paiement d’un abonnement annuel chez publie.net permettant un accès illimité au catalogue, accès gratuit accueillant de la publicité ou payant sur abonnement pour le projet 24symbols. Certains libraires espèrent que  la mise en place de la vente de livres numériques en téléchargement se double bientôt d’un accès en streaming aux ouvrages achetés, sachant que cette offre ne peut être organisée par les libraires eux-mêmes, car ils ne disposent pas des fichiers.

La lecture en accès sera considérée par certains comme une insupportable dépossession, mais d’autres la vivront comme un allègement, et comme l’occasion d’accéder à de nouvelles fonctionnalités,  avec des possibilités d’échange et de partage, qu’il s’agisse de commentaires ou de citations.  Téléchargement et streaming coexisteront un long moment.

On peut imaginer que le pendant de cet accès global rendu possible aux livres, aux films, aux morceaux de musique, n’ira pas sans un développement parallèle de pratiques locales ; que cet accès formera probablement d’ici quelques années un substrat considéré comme minimum – accès facilité à l’ensemble des biens culturels sous forme numérisée -  mais qu’il conduira au développement complémentaire et indispensable de pratiques locales, impliquant de «  réelles présences  »,  dans les salles de concert et de cinéma, les librairies et les bibliothèques ; que le livre imprimé ne disparaîtra pas plus que les lieux où on peut l’acheter, l’emprunter ou le consulter, mais qu’il aura acquis une valeur nouvelle,  qu’il s’agira d’un objet plus précieux et plus durable. Il est probable aussi que se multiplieront les échanges entre global et local, l’accès au réseau se banalisant dans des objets toujours plus intégrés dans la vie quotidienne, et les possibilités de re-matérialisation comme l’impression à la demande reliant les lieux réels et les entrepôts virtuels.

L’infrastructure nécessitée par le développement de notre vie en ligne, qu’il s’agisse de nos échanges privés ou semi-privés, de nos partages de textes et d’images fixes et animées, de notre désir d’accéder à l’information, aux savoirs, au cinéma, à la musique, à la littérature depuis n’importe quel terminal relié au web est gigantesque. Le Cloud, malgré son nom qui évoque le lointain, l’impalpable, le vaporeux, n’a rien d’immatériel. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder ces photos, prises la semaine dernière lors d’une visite organisée par Facebook dans son tout nouveau  datacenter à Prineville dans l’Oregon. Les datacenters sont d’énormes consommateurs d’électricité. Un rapport de Greenpeace fait le point sur cette question, Greenpeace qui a vivement dénoncé le choix par Facebook comme fournisseur d’une compagnie qui produit l’électricité via des centrales à charbon, notamment en publiant cette vidéo trouvée sur le blog Presse-Citron :

Facebook : Greenpeace vous invite à abandonner… par gpfrance

Le mouvement de numérisation nous fascine aujourd’hui par sa nouveauté et les possibilités qu’il offre. Mais  lorsque tout ce qui est possible de l’être aura été numérisé et que la plupart des biens culturels susceptibles de l’être seront produits directement en numérique et accessibles sur le web, ce même mouvement tendra probablement à rendre plus précieux tout ce qui lui résiste, tout ce qui ne peut en aucun cas se numériser, tout ce qui s’acharne à demeurer analogique, se refuse à la duplication, à la reproduction parfaite. Les mêmes qui exigent l’accès illimité à toute la musique demandent déjà à leurs parents de rebrancher leurs vieilles platines pour écouter les disques qu’ils achètent en vinyle. Peut-être que nos petits-enfants  supplieront les leurs d’installer dans leur chambre les vieilles étagères Billy entreposées dans la cave, pour épater leurs copains avec des livres imprimés… qui sait ?

Qu’avez-vous gardé ? Qu’avez-vous perdu ? A quoi avez-vous été vigilant ? Qu’avez-vous laissé faire ? Ce sont quelques unes des questions que chaque génération pose à la précédente. Il est à craindre que la question de notre  vigilance concernant les dépenses énergétiques, évoquées plus haut, sera de très loin la plus dérangeante.

Du spam sur les étagères d’Amazon

Vous détestez le spam. Vous avez appris, lorsque vous cherchez une information sur Google à détecter d’un coup d’œil dans la liste de résultats les «  faux sites  » des vrais. Vous vous êtes fait prendre une fois ou deux, puis vous avez mémorisé les URL à bannir, et les signes qui annoncent un site sans véritable contenu. Vous avez compris depuis longtemps qu’il existe quantité de sites sans auteurs, qui se contentent d’agréger sans objectif de service du texte aspiré ici et là, uniquement en fonction des requêtes les plus fréquentes, afin d’attirer l’internaute, peu importe s’il ne trouve pas de réponse sur le faux site, il a cliqué, il est venu, le compteur tourne, le nombre de visiteurs uniques augmente, le page rank grimpe, et voilà, le tour est joué.

Google vous donne un coup de main, modifiant son algorithme deux fois coup sur coup, une fois pour pénaliser dans ses résultats les sites produits par des fermes de contenu, réalisés par des volontaires sous-payés recrutés pour écrire le plus vite possible sur n’importe quel sujet, une autre pour pénaliser les «  scraper websites », qui ne contiennent aucun contenu original.

Vous avez en tête les déclarations maintes fois entendues, qui diabolisent le web et ce qui s’y écrit, les dangers d’un lieu non régulé, où tout un chacun peut publier.  Alors que les livres, disent souvent les mêmes personnes, sont infiniment plus dignes de confiance  : les auteurs sont sélectionnés, leurs textes sont relus, l’éditeur veille sur la qualité du fond et de la forme.

Mais, alors que vous avez appris à trier vous même les résultats de votre moteur de recherche, et à trouver les pépites parmi les cailloux sans intérêt, alors que Google vous aide désormais en veillant à reléguer loin dans son classement les sites sans intérêt, voici que les spammeurs ont trouvé une autre cible  : les ebooks.


Vous vous souvenez de Jack Nicholson dans Shining, tapant sans fin sur sa machine à écrire la phrase «  All work and no play makes Jack a dull boy  »  ?  Le personnage du film pourrait aujourd’hui sans problème (pour peu qu’il y ait du réseau dans son hôtel perdu dans la montagne) publier un livre composé uniquement de cette phrase répétée sur 500 pages. Il aurait facilement transformé le fichier en EPUB, puis mis en vente ce fichier dans la section ebooks d’Amazon. Je ne dis pas qu’il aurait pu l’y laisser très longtemps, ni qu’il en aurait vendu des quantités, mais l’essai a été tenté par Mike Essex, un spécialiste de la recherche en ligne de l’agence britannique de marketing numérique Impact Media. Il a copié puis collé des centaines de fois les paroles d’une chanson, en a fait un fichier numérique qu’il a publié sur Amazon, et a attendu. Rien. Rien n’est mis en place pour détecter un faux livre de ce type. Bien sûr, personne d’autre ne s’amuse à publier exactement ce type de faux livres, mais il en existe bien d’autres, fabriqués à partir de texte aspiré sur le web, ou bien reprenant sans aucun effort éditorial particulier des ouvrages du domaine public. Faites l’expérience  : tapez   »Manuel Ortiz Braschi  » dans le moteur de recherche d’Amazon US. Cet «  auteur  » a 3090 ebooks à son actif  à l’heure où j’écris , vendus le plus souvent 3,44 $…

Les quelques commentaires montrent le désarroi des acheteurs qui se font piéger, mais hésitent à se mobiliser pour une dépense de 3,44 $, et il est probable que la personne qui se cache derrière ce nom et perçoit 70% du prix de vente doit tirer un revenu régulier de ces centaines de titres.

Essex plaide pour la mise en place d’un minimum de contrôle de la part des plateformes de livres numériques, afin de détecter les «  faux livres  ». Amazon, très attaché à l’expérience utilisateur, devra apporter une réponse, avant que les spammeurs du livre numérique ne se multiplient, et encombrent les étagères virtuelles, noyant des livres de valeur parmi une masse de pseudo livres.